Chapitre 17

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Quand je pense à l’enterrement…Je n’ai aucune envie d’y aller…Je déteste ce genre de cérémonie, j’ai tout le temps mal au ventre et sensible comme je suis je vais finir par pleurer…

Ma mère vient me chercher pour que je vienne manger, elle m’a laissé quelque chose sur la table parce qu’elle doit partir. Elle me fait un bisou sur le front après avoir zieuté ce que je faisais et s’éclipse. Même si je me sens coupable d’attendre les résultats du test ADN que j’ai fait, mes pensées s’embrouillent et je ne sais quelle attitude adoptée avec elle. Un coup je souris, et l’instant d’après j’ai envie de m’énerver. Quand je la vois triste j’ai envie de la consoler et de lui apporter un peu de réconfort, mais au contraire, quand je la vois sourire je perds tout mes moyens et j’ai envie de lui déblatérer de la méchanceté voire de la haine. Oui, je ressens de la haine envers ma mère…Ses petits sourires mielleux me cachent quelque chose et j’aimerai bien savoir quoi…Elle est la seule personne à savoir qui est mon véritable père et ce n’est qu’a travers elle que je suis obligé de me baser pour découvrir son secret. 

Je me surprends à être nerveux et ma respiration est brusquement chamboulée. Mon coeur tape fort contre ma poitrine et je réalise immédiatement qu’il faut que je fasse abstraction à mes doutes un moment, le temps de recevoir ces fameux résultats pour pouvoir me forger une opinion. 

Je descends d’un pas lent dans la cuisine pour voir ce qu’elle ma préparé et je manque de tomber dans les escaliers. Je viens de recevoir un message et le bruit m’a surprit. J’attends d’être installé sur une chaise du plan de travail pour pouvoir le lire et découvrir qui est-ce qui pense à moi. J’espère que ce n’est pas un message de mon opérateur, ou encore une publicité…

Coucou Jean, j’espère que tu as passé une bonne nuit et que notre petite soirée de ce soir tient toujours. J’ai très envie de te voir et j’espère que toi aussi. Gros bisous. Tiphaine.  (PS: Philippe m’a passé ton numéro)

Je suis content de voir qu’elle pense toujours àmoi et je souris, bêtement. J’étais censé faire le premier pas car elle m’avait donné son numéro de téléphone mais je remarque qu’elle n’a pas résisté à m’envoyer un message avant que je le fasse. 

Bonjour Mademoiselle, j’ai passé une excellente nuit à faire de jolis rêves. Je suis toujours partant pour te revoir. On se donne rendez-vous où? 

Je m’étonne moi-même en lui envoyant un message avec ce genre de phrase. Je n’ai pas l’habitude d’écrire avec ce style de vocabulaire mais je dois avouer que ce petit jeu qui s’installe entre nous m’émoustille et me donne envie d’apprendre à mieux la connaitre. Je suis sûr qu’elle sera réceptive et cela me ravit d’avance. 

Au parc, à vingt-heure, ça te va? 

Est-ce que cette heure là est possible? On aura certainement fini de manger, donc oui. Mon dieu, je commence à stresser…

Oui, parfait. A ce soir alors. Je m’occupe de tout. Bise 

En évoquant ce sujet, je comprends qu’il va falloir que j’aille au supermarché pour acheter des préservatifs et cette idée me perturbe. La caissière va me prendre pour un pervers sexuel !

Cette pensée me fait rire intérieurement. Qu’est-ce que je suis bête des fois…Elle doit en voir passer tout les jours alors même si elle remarque que je suis jeune, elle ne va sûrement ne pas y prêter attention, ou du moins je l’espère. 

Pourquoi me donne-t-elle rendez-vous au parc? C’est étrange comme lieu, j’espère que c’est juste un point de départ et qu’on ne restera pas bien longtemps à cet endroit. 

Je finis de manger et je monte me changer brièvement pour pouvoir aller au supermarché. Je prends mon vélo et je m’élance dans ma course pour m’y rendre. 

Lorsque les portes vitrées s’ouvrent pour me laisse entrer, un air gêné me transperce et me colle au visage. J’essaye de faire abstraction aux personnes qui me regardent passer devant eux car j’ai la nette impression qu’elles sont en train de comprendre ce que je suis sur le point de faire. Vous n’avez rien d’autre de plus intéressant à faire plutôt que de me regarder?

Je me retrouve rapidement dans le rayon des produits pour le soin du corps et j’aperçois, aux fonds, les fameuses boites qui m’intéressent. Une vieille dame est déjà sur place  reluquant en direction des pansements et je ne sais comment m’y prendre pour ne pas me faire remarquer. 

Je fais semblant de m’intéresser aux gels douches qui se trouve en face et j’en prends un dans mes mains pour en lire vaguement la notice pour jouer mon rôle àfond. Elle se magne la vieille ou quoi? 

Je suis surpris de réagir de la sorte mais avec le stress qui me gagne, je ne suis pas en mesure de me comporter normalement, en tant que petit élève modèle que je suis habituellement. Je perçois un bruit de pas qui m’annonce son départ du rayon et j’en ai la confirmation lorsque je me retourne, l’air de rien. Je me précipite pour me diriger vers l’endroit où se trouvent les préservatifs et je choisis rapidement une boite bleue sans vraiment chercher à lire ce qui est écrit dessus. Mes mains deviennent moites et ce léger problème ne s’arrange pas àmesure que j’avance en direction des caisses. Est-ce que je m’achète autre chose? Ca craint si je ne prends que ça non?…Rahhh et puis on s’en fout, courage…Ca va le faire. 

Je zieute brièvement entre les rayons pour trouver la meilleure caisse avec le moins de monde possible et je presse le pas lorsque j’en aperçois une àma convenance. Plus vite, tu vas te faire piquer la place…Il serait temps qu’ils installent des caisses automatiques…

J’attends le dernier moment pour poser la fameuse boite sur le tapis roulant et je regarde dans toutes les directions lorsque je m’apprête à payer. La caissière me lance un léger sourire moqueur à la vue de mon attitude et tarde à m’encaisser. Elle le fait exprès ou quoi? Dépêchez-vous ou je fais une crise cardiaque… 

En sortant du supermarché, mes pas sont pressants et j’arrive à retrouver une respiration à peu près normale. Mon regard file dans tous les sens pour analyser ce que se trouve àma portée et mon souffle s’estompe à la vue d’une silhouette familière. Je reconnais Anaïs, ma voisine du dessous. Oh non…Mais c’est une blague? Je ne croise jamais personne et comme par hasard aujourd’hui, le moment où il ne faut pas, je tombe sur la terre entière…

Je me hâte d’arpenter le bitume en direction de mon vélo en fixant devant moi et je me retrouve à rouler en vitesse pour quitter cet endroit. 

De retour à la maison, je me pose cinq minutes sur un des fauteuils du salon car je suis essoufflé. Entre le vélo et les escaliers, mon souffle s’est accéléré et je n’arrive plus à respirer normalement. Je me rends compte que je ne suis pas très sportif et que je m’épuise rapidement. Je devrais peut-être faire une sieste si je veux être en forme. 

Je réfléchis beaucoup trop et commence à stresser vis à vis de ce soir. Tiphaine a l’air d’avoir de l’expérience, à l’inverse de moi. Je débute et je suis certain que je ne vais pas assurer. Dans quelle connerie je me suis embarqué sérieux? 

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant