Chapitre 6

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Et si c’était mon père…

Il est grand, mince et à peine plus jeune que ma mère. Ils ont un an d’écart environ. C’est probable mais je ne peux pas me baser sur des informations aussi maigres. Si c’est le cas, pourquoi il n’aurait pas cherché à évoquer le sujet avec moi, ou bien reprendre contact depuis la soirée, car je n’ai aucune nouvelle? 

Je me sens ridicule d’échafauder que cet homme puisse être mon géniteur alors que jusqu’àprésent je le considérais comme un pote de soirée. Je divague trop pour pouvoir raisonner de façon cartésienne et rationnelle.

Et le boulanger alors? 

Je l’avais oublié celui là aussi… Pourquoi ma mère était elle couverte de farine lorsqu’elle est revenue des courses? Elle a de bons rapports avec M.Monnier mais de là à faire des accolades avec lui ou se retrouver dans l’arrière boutique je ne pense pas…De plus, il est bien trop vieux pour être mon créateur. Rien n’est impossible chuchote ma conscience. Et elle a raison. Je me rappelle du test ADN que je souhaite établir et les questions tambourinant dans mon esprit  me confortent dans cet objectif. Il s’avère urgent que je le fasse pour enfin pouvoir réussir à trouver la paix. Sur ces quelques pensées, je remonte me coucher en ayant hâte d’être le lendemain pour éclaircir ce mystère qui pèse de plus en plus sur mon état d’esprit.

Le réveil retentit me faisant sursauter, sans comprendre ce qu’il m’advient. Je suis exténué car j’ai eu grand mal à me rendormir après mon excursion nocturne dans la cuisine. 

Je me prépare rapidement pour aller en cours en oubliant de pratiquer mon sport quotidien, chose que je vais regretter plus tard, mais sur le moment, je n’y prête pas d’attention. Je m’infère à croire que ce n’est pas bien grave au final et que ça n’aura aucune incidence sur mon corps, tout en sachant pertinemment que si, même si les conséquences ne sont pas si dramatiques après tout. 

Pour combler de retard que j’ai accumulé avec cette fatigue passagère, je décide de prendre le bus. Il vient de me passer devant et l’arrêt est juste à quelques mètres. Mes jambes me supplient de monter et je les écoute. 

En découvrant la foule de gens entassée à l’intérieur, je déglutis. Il n’y a aucune place assise et je me retrouve donc debout, agrippé àune barre pour éviter de tomber lorsque le bus reprend sa route, de façon assez brutale. 

Le chauffeur n’a pas l’air très conscient de rouler au dessus de la vitesse autorisée et ne se gène pas pour prendre les virages à toute allure. Je suis persuadé qu’il le fait exprès pour déstabiliser les passagers et essayer d’en faire tomber quelques uns. C’est très malsain comme pensée. 

J’espère au fond de moi que j’ai tord car je ne vois vraiment pas ce qu’il le pousse à faire ce métier en cas contraire. Une femme vient de me donner un coup de coude à cause de la vitesse et du virage mal négocié. Elle ne cherche même pas à s’excuser et je la reluque d’un regard froid voire hautain pour qu’elle admette que je suis surpris par son manque de savoir-vivre. Elle essaye de ne pas regarder dans ma direction, l’air de rien. Ce genre de personne m’insupporte et je réalise qu’elle a réussi à m’énerver. Je vais commencer la journée de mauvaise humeur et tout ça à cause d’elle. Je ne peux m’empêcher de la foudroyer du regard pendant quelques minutes, même si au final elle n’a pas fait grand chose de mal. 

Je contemple le paysage défilédevant la vitre du bus et je me laisse conduire. Les commerçants entament l’ouverture de leurs boutiques, les rues commencent à se remplir et la plupart des personnes que je vois déambuler ont pratiquement toutes la même expression sur leur visage. Ils ont l’air triste ou de mauvaise humeur. Je les comprends, moi aussi je n’ai pas envie d’aller au lycée. 

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant