Chapitre 23

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Je lui fais comprendre mon intention d’aller me coucher et il n’insiste pas pour que je boive un dernier verre avec lui. Je le laisse vadrouiller à ses occupations et me prépare à dormir sur son canapé. Je perçois qu’il avale brièvement une dernière grande gorgée de son verre et m’interrompt dans ma lancée. 

-  Tu ne vas pas dormir sur cette merde, va dormir dans mon lit, dit-il en débarrassant nos verres. 

Ah c’est cool de me laisser ton lit, merci. Je passe vite fait par la salle de bain pour essayer de me laver les dents comme je peux en les rinçant avec de l’eau. Mais je rends vite compte que ma tentative ne sert à rien et je vais dans sa chambre d’un pas gêné pour lui laisser la place. Je me déshabille en vitesse et je garde mon boxer pour dormir. Je ne vais pas dormir nu chez des gens… 

La porte que je venais de fermer se rouvre et je le vois qui la referme derrière lui. Il se met du côté opposé où je viens de m’assoir et enlève ses vêtements. Je pense un instant qu’il vient chercher son pyjama mais je comprends rapidement ce qu’il est en train de faire. Il enlève carrément son caleçon et se couche dans le lit, à poil sans le moindre complexe. 

Ah mais tu voulais dire que je dorme avec toi ?Euh…Après tout, ce n’est pas chez moi, ce n’est pas à moi de décider…

Je suis très surpris. Malgré ma volonté à vouloir passer pour un bonhomme qui n’est pas choqué par ce genre de comportement, je le suis un peu car j’ai seize ans et je pense que ce détail lui échappe. Et que même si ça ne me gêne pas de le voir nu, dormir dans le même lit en le sachant dévêtu de la sorte me déplait fortement. On ne se connait pas tellement et je suis quelque peu mal à l’aise. Même avec mon père je suis embarrassé quand il me voit dévêtu alors ce n’est pas avec un inconnu que ça va changer… 

J’essaye de passer outre ce détail et je précipite ma tête dans l’oreiller sans trop m’aventurer à l’intérieur car la propreténe semble pas être le mot d’ordre de cette pièce, pour changer.

Je l’entends rire tout seul dans son coin sans la moindre raison et je prends peine pour lui. L’alcool ne semble pas lui réussir et ne le montre pas sous son meilleur jour.

-  Bonne nuit gamin. 

-  Ouais…Bonne nuit. 

Je n’arrive pas à trouver le sommeil et je m’asticote dans tout les sens pour tenter de me trouver une bonne position. Entre la chambre qui empeste l’humidité et les odeurs de chaussettes usagées, les draps qui collent et le ronflement de Philippe je commence à bouillonner intérieurement et perdre patience. 

Dès que je me concentre sur un détail, je peux être sûr que ma nuit est foutue et que je vais devoir lutter pour m’endormir. Je m’agace tout seul et il n’est pas rare en temps normal que je me mette à crier dans mon coussin pour passer mes nerfs. Je sais, je suis très bizarre…Mais là, je ne peux le faire car je risquerai de le réveiller, même si cela ne me dérangerai pas afin qu’il cesse ces bruits indescriptibles qui sortent de sa bouche. 

Pourquoi a t’l voulu que je dorme avec lui? Alors qu’il y a un canapé dans son salon…Il a peur que je fasse des cauchemars ou quoi? Ou alors il me surveille! 

Je me sens abruptement ridicule à cogiter ainsi. Pourquoi voudrait-il veiller sur moi? Il n’a rien à cacher 

Quoi que…Et cette porte soit disant condamnée, l’est-elle vraiment? Il y aurait il quelque chose derrière?

Je n’arrête pas de penser à cette pièce fermée et j’ai envie d’aller vérifier ce qui s’y trouve à l’intérieur…Je me contrôle pendant de longues minutes mais l’envie de savoir  l’emporte sur la raison…Je suis sûr qu’il m’a menti. Mais comment vais-je l’ouvrir? Je me rappelle qu’il a posé son trousseau de clefs sur la table en rentrant et je doute qu’elle soit attachée avec les autres, mais j’ai besoin d’en avoir le cœur net. Ma curiosité n’a vraiment aucune limite… 

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant