Harcelés

Chapitre 18

J’ai envie de tout annuler brusquement mais je me retiens car je me sens capable d’assumer le fait que je ne l’ai jamais fait. Je suis jeune après tout, et il faut bien commencer un jour. 

Je file une nouvelle fois dans la salle de bain pour me raser sous les aisselles dans la douche et j’essaye de rendre mon corps un peu plus attrayant. Je rase également le contour de mon début de barbe afin qu’elle soit plus belle à regarder. Mon séjour sous l’eau ne dure qu’un bref moment et je ne prends pas le temps d’en profiter. Je m’essuie et m’enroule la serviette autour de la taille en regardant mon Iphone. 

Il n’est que quatorze heures cinq?…Il faut vraiment que je me calme et que je pense à autre chose, sinon je vais exploser et finir par faire une bêtise. 

La pluie se met à raisonner sur le Velux de la salle de bain et je me laisse bercer par ce petit bruit entêtant un long moment. Ne trouvant aucune autre alternative pour me distraire, je pars me faufiler sous ma couette et j’allume mon Ipad pour regarder l’épisode de ma série que j’ai loupé hier soir. Les vingt cinq minutes passent en un éclair et me laissent choqué.

La dernière scène montre le suicide de deux adolescents et je suis surpris qu’ils puissent montrer cela à la télévision de manière aussi précise.Cela me rappelle un mauvais souvenir qui me plonge instantanément dans un état second.J’avais moi-même essayé d’en finir avec la vie il y a quelques années et je comprends sincèrement ce qu’ils ont ressentis au moment de passer à l’action. On ne pense plus à rien, tout nous échappe et on se concentre uniquement sur cet acte qui nous semble être la meilleure des alternatives pour fuir nos problèmes. Mais je me rends compte aujourd’hui que la vie a bien fait les choses et qu’elle a eu raison de me garder car je réalise que depuis ce jour là, j’ai vécu des choses extraordinaires et que malgré la présence de tracas quotidien et des insultes qui me pèsent, j’arrive à vivre des moments agréables qui priment sur ceux qui ne le sont pas. Cette tentative échouée m’a également permit de comprendre que j’aurai fait l’erreur de laisser gagner ces imbéciles en terminant ma vie de cette manière là, j’aurai entaché mon image au passage et chaque personne n’aurait retenu que ce dernier acte comme souvenir de moi.

Je sèche quelques larmes en pensant à ce souvenir douloureux qui me ramène des années en arrière, mais qui, au final, me rappelle que j’ai fais un bon bout de chemin depuis ce jour là, et j’en suis fier. Je suis fier d’être passé au dessus et d’avoir affrontéce que la vie m’a mis entre les roues et je remercie la vie de m’avoir laissé une autre chance de pouvoir vivre et évoluer dans le meilleur des sens possibles. 

Mes mains sont légèrement moites et je les frotte contre ma couverture pour pouvoir faire défiler mes doigts sur l’écran plus facilement. Je sélectionne brièvement un épisode de Docteur Who pour me changer les idées et ne plus penser à cette période sombre de mon existence, en tirant sur la couette pour qu’elle me recouvre jusqu’au épaules. 

L’après-midi défile assez rapidement et je ne prête plus attention àmon téléphone pour y regarder les minutes qui défilent. Un bruit du claquement de porte se fait brusquement entendre et me fait sursauter. Je ne sais pas de qui il s’agit mais je penche du côtéde mon père. Vu qu’il pleut des cordes et sans relâche, ce n’est pas évident pour lui de travailler dehors. Sa société de construction fonctionne à plein régime et ne peut pas se permettre de prendre compte la météo. Mais je comprends qu’avec un temps pareil, il décide de tout laisser tomber pour remettre son travail à plus tard. 

Je termine de visionner mon épisode et je descends pour aller à son encontre. Je parcours toutes les pièces dans les moindres recoins mais il y n’y aucun signe de vie et personne ne se trouve dans l’appartement à part moi. C’est étrange, j’ai pourtant entendu la porte claquer tout  à l’heure…