Chapitre 25

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Après avoir mangé avec mes parents dans une ambiance assez tendue dans la cuisine, le salon étant momentanément occupé, je retourne dans ma chambre pour attendre que ma mère veuille bien monter afin qu’on s’explique. 

Je commence à stresser et je me demande si elle va m’avouer toute la vérité ou bien continuer à me mentir. Elle a eu toute la nuit pour réfléchir à un mensonge, c’est largement suffisant pour en pondre un de crédible… 

Mon chat ronronne sur le lit sans que je ne le caresse et son humeur semble être radicalement à l’opposé de la mienne. Qu’est-ce que je t’envie toi, tu n’as aucun souci dans ta petite vie bien sage. 

La porte s’ouvre lentement et je discerne que l’état de ma mère est semblable au mien. L’inquiétude nous ronge de devoir nous parler et de faire face à nos actes. Elle vient s’installer à mes côtés et accorde une légère attention à mon chat pour essayer de se donner du courage. Elle sait que je suis un fan inconditionnel de celui ci et doit penser pouvoir m’émouvoir en lui allouant ce geste. Mais je suis bien trop préoccupé pour m’attarder sur cette attitude. J’attends qu’elle écourte ce silence au plus vite qui se transforme en véritable torture. 

-  On est pas doué pour se parler tous les deux hein ! 

Elle se repositionne une mèche de cheveux derrière l’oreille et fixe mon bureau, le regard vide. Je ne lui réponds pas, ce qu’elle me dit ne me touche pas et ne donne pas le sentiment de devoir faire un effort pour l’aider à nouer un dialogue entre nous. Je remarque du coin de l’oeil qu’elle me zieute et attend que je prenne la parole, en vain. 

Elle dirige alors ses mains vers sa poche arrière gauche et en sort un papier qui est plié en plusieurs morceaux. A mesure qu’elle le déplit, je comprends de quoi il s’agit et je ne peux m’empêcher de réagir. 

-  Tu as fouillé dans mes affaires? Pourquoi t’as fait ça? 

Elle ne cherche pas à me répondre dans l’immédiat et attend de l’ouvrir entièrement et de la poser sur ses genoux pour réagir.

-  C’est à cause de ça que tu es perturbé depuis une semaine? 

-  Je n’ai sûrement aucune raison de l’être peut-être? Surtout vu ton comportement ces derniers temps qui me pousse à croire de plus en plus ce qui est écrit sur cette lettre. 

Elle inspire profondément et bruyamment, comme pour me montrer qu’elle ne sait pas par où commencer. 

-  Je dois avouer que je suis un peu chamboulée par ce qu’il se passe en ce moment, mais tu ne dois en aucun cas me parler de cette façon…J’ai passé une bonne partie de la nuit à pleurer, tu me fais du mal quand tu t’emportes de cette façon là. On dirait que tu as du mépris pour moi, est-ce le cas? 

Mes mains deviennent moites et mon regard fuit ses yeux qui me regardent avec une lourde insistance. 

-  Ca dépendra de ce que tu vas m’annoncer…Je préfère savoir la vérité tout de suite que de l’apprendre par une autre personne ou par mes propres moyens. 

-  Mais quelle vérité Jean? A propos de ton père? 

-  Tu déconnes?…Est-ce que papa est mon vrai père? 

Elle semble exténuée à l’idée de devoir répondre à cette question. Ce n’est pas souvent qu’un enfant se retrouve à poser ce genre d’énigme à sa mère et elle doit très mal vivre ce moment. Mais je suis sûr à quatre vingt dix pour-cent qu’il ne l’est pas, ses réactions en disent trop long sur ce qu’elle tente de dissimuler pour qu’il ne se cache rien derrière.

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant