Chapitre 14

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-  Désolée, je suis bourrée et je ne sais plus ce que je dis. Je pense à voix haute, je ne veux pas te mettre mal à l’aise, excuse moi. 

La voir s’excuser me fait sourire et me redonne envie d’apprendre à la connaitre. On change radicalement de sujet et nous parlons de nos études et projets professionnels pendant un instant. A force de boire et de fumer, je commence à perdre la notion du temps, mon champ de vision est complètement réduit et je me sens tout léger. Mes problèmes sont loin et j’oublie tout. Tiphaine continue à me faire du rentre dedans mais de manière beaucoup plus élaborée et un jeu de séduction s’instaure entre nous. Philippe pousse la porte du bar et vient dans notre direction pour nous parler. Il demande au serveur qui passe en coup de vent devant lui de nous ramener la même chose et retourne à l’intérieur après. Il a dû comprendre qu’il était en trop. Je me rends compte que je le laisse de côté mais je n’éprouve aucun remord. Je profite du fait qu’il me paye la soirée pour commander d’autres verres sans aucune gêne. Après tout c’est lui qui l’a voulu, il n’avait pas qu’à m’inviter, rigole ma conscience.

Au fur et à mesure de la soirée l’alcool commence sérieusement àme monter à la tête et sur un air d’Ariana Grande je me lève de la chaise et j’entraine Tiphaine dans une danse improvisée. Elle n’a pas l’air gêné par ma proposition et s’empresse de mettre ses mains autour de ma taille. Il n’y a personne d’autres qui dansent à part nous mais je n’y prête pas attention, je suis bien et je me fiche du reste. Mais un détail m’interpelle vaguement et m’empêche de profiter de ce moment intime. Deux hommes d’une cinquantaine d’année regardent dans notre direction et je comprends qu’ils déblatèrent sur nous. Ils font des gestes obscènes avec leur doigt en cherchant à me faire passer un message. Qu’est-ce qu’il leur prend à ces pervers?  

Je replonge ma tête derrière son dos et nous continuons de danser un moment. Sans comprendre ce qu’il m’arrive, on s’échange notre premier baiser. J’entrouvre vaguement mes yeux pour la regarder, elle est si jolie. Qu’est ce qu’il lui plait chez moi? Elle est de trois ans mon ainé et elle s’intéresse à moi? Même si je ne fais pas mon âge, c’est étrange que cette différence ne la dérange pas? 

Ma conscience me rappelle àl’ordre et je réalise que je dois profiter de l’instant présent sans me poser de questions. Sa main cramponne la mienne et elle m’entraine dans une rue attenante pour que nous soyons plus tranquille et à l’abri des regards indiscrets. Je la plaque contre le mur et je l’enlace, comme font les types que je vois dans les séries. Elle pose ses mains dans mon dos et commence à les descendre pour les mettre dans mes poches arrière de mon jeans. Une vague de chaleur me transperce et enflamme mon corps. Je comprends où elle veut en arriver mais je n’ai pas envie de le faire ici, dans cette rue délabrée, à côté des poubelles. 

Je stoppe gentiment et lentement nos échanges pour mettre les choses aux claires. 

-  Humm, écoute. Tu me plais, tu es super sympa mais je ne peux pas le faire ici. 

-  Ah bon, mais pourquoi? C’est excitant pourtant. 

-  Oui certainement, mais tu dois savoir une chose, c’est que je ne l’ai jamais encore fait et je n’ai pas envie d’avoir ce lieu en tête toute ma vie lorsque j’y repenserais. 

Elle recule sa tête , surprise. Elle me fixe un moment et tarde à me répondre. Je ne pense plus à rien et j’attends qu’elle réagisse. 

-  Tu as raison, on n’est pas pressé. Tu viendras demain soir chez moi et on règlera le problème.

Le problème? C’est comme ça qu’elle voit le fait que je n’ai jamais fait l’amour? 

Ses paroles me refroidissent d’un coup. Elle remarque que ce qu’elle vient de dire n’est pas adapté et s’empresse de m’embrasser pour se faire pardonner. Je tombe dans le piège et je me laisse faire, je suis totalement sous son charme. 

Je l’emmène danser à l’intérieur pour profiter au maximum du son et je ne la quitte plus de yeux. Nos corps se collent et se décollent au rythme de la musique, je ne vois pas le temps passer. J’ai trop bu et je ressens la soudaine envie d’aller aux toilettes. J’attends que la musique se termine pour la laisser en plan et je me dirige vers les escaliers qui indiquent qu’ils se trouvent au rez-de-chaussée. 

En remontant, je m’essuie les mains contre mon jeans n’ayant pas trouvé de serviette propre et la musique me donne brusquement le tournis. Ne voyant plus Tiphaine, je me dirige vers Philippe qui se trouve accoudé au bar, seul. 

-  Alors mon grand, tu passes une bonne soirée? 

-  On peut dire ça comme ça. Tiphaine est vraiment cool, dis-je en souriant. 

-  J’ai bien fait d’insister pour que tu viennes alors.

-  Oui, tu as bien fait car je ne m’attendais pas à ce genre de fille quand tu m’as parlé de me présenter des copines à toi. 

-  C’était de la frime…Ravi de te faire plaisir mon garçon. Va la retrouver au lieu de bavarder avec moi. 

Il me tend un verre rempli de vodka et je le prends sans vraiment réfléchir. Je me dirige vers la sortie et l’air frais me fait un bien fou. Je la vois  discuter avec un des deux hommes qui nous épiés tout à l’heure et je les rejoins rapidement pour tenter de prendre la température de leur conversation. Elle remarque que j’arrive vers elle et j’ai l’impression qu’elle s’empresse de changer de sujet. L’homme se lève instantanément et me lance un regard malsain, voir pervers. On dirait qu’il m’envie. Le voir accoster une adolescente de cette manière là me donne un sentiment d’amertume et je suis en quelque sorte dégouté.  

-  Tu es encore plus beau que lorsque tu m’as quitté sur la piste, me dit-elle avec un large sourire.

Elle pose une main sur mon épaule et me caresse le long du bras. 

-  Merci, c’est un bon compliment. 

Elle me fait retrouver le sourire et je remarque que notre conversation est essentiellement basée sur le physique et qu’elle a l’air très excitée de pouvoir me toucher. 

Après avoir fumé une cigarette et discuter quelques instants avec un homme qui nous a accosté, pour nous en taxer une, je l’entraine dans la même rue que tout à l’heure. Je ne sais pas pourquoi mais je ressens l’envie de l’y emmener. Il fait plus sombre, plus frais et personne ne nous regarde dans cet endroit. 

Nous nous échangeons je ne sais combien de bisous, qui deviennent de plus en plus sophistiqués dans la durée. Elle a l’air de s’y connaitre et d’être doté d’une certaine expérience. 

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant