Chapitre 3

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C'est quoi cette connerie? Qui est venu me mettre ça sous la porte? Pourquoi?

Un frisson parcourt mon échine avant de s'abattre sur mon buste tout entier, violemment. Je me crois dans un film, un film de mauvais goût. Le genre où la vie de la personne bascule en un claquement de doigts, sans qu'elle ne puisse s'accrocher à quelque chose pour y faire face. Relisant plusieurs fois la lettre en cherchant dans les moindres recoins si un détail pouvait me mettre sur la piste d'une plaisanterie, je me lève pour tenter de reprendre mes esprits. L'air que j'avale reste tassé au fond de ma gorge. Mes jambes se fléchissent légèrement et apparaissent inaptes de tout mouvement. C'est comme si je venais de prendre un gros coup de massue derrière la tête et que j'avais du mal à rester debout alors que mes jambes prient pour s'écrouler par terre.

Mes sentiments sont confus et quelques larmes me montent aux yeux et coulent le long de mon visage. Je jette un coup d'oeil à travers les fenêtres car je ressens soudainement le sentiment d'être épié, regardé, surveillé.

Ne voyant rien, j'essaye de faire abstraction à ce que je viens de recevoir. Mon corps semble s'être vidé de toute son énergie. C'est certainement une blague de mauvais goût, même c'est sûr! Pourquoi mon père ne serait-il pas mon vrai père? J'ai toujours vécu avec lui depuis ma naissance. Oui c'est sûr, c'est une connerie... Je suis même prêt à parier que cette même personne a déposé ce genre de courrier sous plusieurs autres portes pour essayer de rendre son existence un peu plus palpitante. Mais je ne rentrerai pas son jeu, c'est clair et net.

Des bruits de talons martèlent rudement le sol et se font entendre de plus en plus bruyamment en direction de la porte d'entrée, dont à son encontre, les fait stopper un instant pour rentrer une clef à l'intérieur de la serrure. Ce doit être ma mère. Est ce que je lui en parle ou pas? J'hésite un instant en levant les yeux en direction du plafonnier recouvert de poussière. Non, elle va encore s'inquiéter pour rien... Elle va penser qu'un serial killer nous veut du mal... Ou pire encore.

Je ne veux pas l'inquiéter plus qu'elle ne l'ai déjà pour moi et me presse de mettre la lettre dans la poche arrière de mon jeans. Je m'assoie en vitesse à table et je fais semblant de finir de déjeuner. La porte claque et en me voyant dans le salon, en train de manger, elle vient à ma rencontre.

Je penche ma tête légèrement en arrière pour qu'elle dépose son bisou sur mon front. Elle me zieute tout en enlevant son manteau. Je me retourne pour la regarder et je comprends immédiatement où elle était durant tout ce temps.

- Tu es allée chez le coiffeur ? dis-je, en me doutant de la réponse.

- Oui, tu aimes bien? J'ai voulu changer, et je suis plutôt contente du résultat.

Je hoche vivement la tête pour lui montrer que j'approuve cette nouvelle coupe et cette couleur caramel qu'elle a choisi. Elle a rajeunit d'un coup.

Elle se regarde quelques instants dans le miroir, comme pour essayer de se trouver belle et désirable. Et sans trop vouloir me vanter, je peux avouer que j'ai une maman assez canon.

Je perçois le bruit que font les croquettes lorsque le chat les mangent et provoque en moi un manque d'affection. Je ressens la pressante envie d'aller le caresser et je me dirige prestement dans la cuisine en prenant la peine de débarrasser mon bol. Ses poils se dressent et son postérieur monte vers le haut lorsque je le caresse. Il ronronne. Mais il ne cesse pas de manger pour autant, tentant de me faire croire qu'il est insensible. Je me rends compte à cet instant précis que je suis heureux et qu'aucunement, je ne laisserai personne me gâcher la vie, faisant illusion à la mystérieuse lettre que je viens de recevoir.

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant