Chapitre 36

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Je claque la porte en posant les clefs sur le buffet de l’entrée et je monte immédiatement pour me faire couler un bain pour profiter du fait que la maison soit inhabitée. 

Je vide ma petite valise et j’en sors les produits que j’ai piqués dans la chambre d’hôtel pour les mettre dans le placard de la salle de bain, sous l’évier. On n’appelle pas ça piquépuisqu’ils sont compris dans le prix de la chambre. 

Je souris bêtement en pensant à ce que j’ai fais ce matin en croyant réellement que mon acte aura des conséquences positives sur notre budget courses. J’étais persuadé qu’en prenant ces petites savonnettes emballées, j’allais pouvoir réussir à me laver avec pendant un moment et éviter à ma mère, par conséquent, d’acheter des gels douches. Le principal, c’est que j’ai pensé à faire une bonne action pour nous économiser de l’argent, qu’elle soit utile ou non. 

Le robinet est positionné à température chaude et l’eau coule lentement dans la baignoire. Je jette un mini savon que je viens de déballer et j’y ajoute un peu de gel douche à l’endroit au l’eau se déverse pour faire de la mousse. Je file vite fait dans ma chambre pour prendre mes fiches de révisons d’histoire ainsi que mon portable et je saute dans la baignoire sans réfléchir un instant au fait que j’avais mis le bouton de l’eau chaude au maximum pour en ressortir aussi vite . J’ai l’habitude de fonctionner de cette manière là, c’est à dire de faire couler l’eau chaude en premier pour ensuite la refroidir petit à petit pour trouver la température parfaite. Je sais que c’est inutile et qu’il me suffirait de trouver le bon positionnement dès le début mais je suis fabriqué d’incohérences et je ne cherche ni à me soigner ni à me changer. 

Après avoir attendu quelques instants en dehors que l’eau se refroidisse, je m’installe en position allongé dans la baignoire en prenant soin de ne pas mouiller mes mains. Je réponds rapidement à un message d’un copain de classe et je me mets à lire mes fiches pour me faire croire que je révise. Mais cette technique ne fonctionne pas et je n’arrive pas à me concentrer. Pendant près d’une demi heure, je garde les yeux rivés sur mes notes sans vraiment leur accorder de l’importance ni même chercher à comprendre le sens des phrases qui paradent les unes après les autres devant mes yeux. Je finis par les déposer soigneusement sur le tapis pour en finir avec cette comédie. J’ai un problème de concentration qui grandit d’années en années et qui m’empêche de me mettre sérieusement au travail. Je sais que je suis capable de fournir un travail beaucoup plus élaboré et sérieux à mes professeurs mais je continue de rester sur mes acquis et voir défiler mes années scolaires en ayant toujours la même appréciation sur mon bulletin: peut mieux faire. 

Mes mains trempent enfin dans l’eau et cette vague de chaleur sur cette partie de mon corps me coupe le souffle un court instant. Je plonge entièrement ma tête pour rester en apnée et voir si je suis toujours capable d’y rester plus d’une minute, comme quand j’étais plus jeune. Ma tentative échoue et je ressors bredouille. Quarante deux secondes, la honte. 

Je réessaye plusieurs fois, en vain, avant de sortir car je commence à avoir froid et à saturer de rester là sans rien faire

Ma mère a préparé une quiche et une salade composée pour ce midi et nous parlons de tout et de rien lors de notre tête àtête. J’ai envie de lui poser plein de questions concernant son éventuelle tromperie mais j’estime que cela ne me regarde pas et qu’il faut que je les laisse régler le problème tous les deux. 

Je reste un moment dans ma chambre à attendre qu’elle parte travailler et je décide de fouiller la maison de fond en comble pour réussir à trouver quelque chose qui me mettrait sur une piste. Ils auraient vécu à Nice avant, il doit bien y avoir une preuve de tout ça. 

Je me dirige alors en direction de leur chambre pour entamer mes recherches. Je pousse lentement la porte avant de me rendre compte que je suis seul et que personne n’est en mesure de m’y débusquer. 

Les armoires, les commodes et les tables de chevets sont passées au peigne fin et sont retournées dans tous les sens de façon raisonnable. Je prends soin de ne pas tout déranger pour qu’on ne puisse pas remarquer que je suis venu fouiller dans leurs affaires. 

Je regarde d’un oeil attentif entre les livres de la bibliothèque de mon père pour tenter d’apercevoir un quelconque indice. Je les secoue dans le vide pour essayer d’en faire tomber un papier. Je regarde entre chaque cintres, dans chaque tiroir du bureau, chaque compartiment de l’étagère mais je ne trouve strictement rien.

Sous le lit, je dégote un carton rempli d’anciens vêtements et je constate qu’ils m’appartenaient autrefois, quand j’étais en primaire. Elle doit sans doute vouloir les donner à quelqu’un. 

Je les déballe un à un en regardant si rien n’y est dissimulé et je tombe sur une lettre blanche déjà ouverte. Je me pose en tailleur sur le parquet et mes sourcils se haussent lorsque j’extrais le contenu de son enveloppe. Le nom et l’adresse de ma mère y sont inscrits sur le devant en couleur noire et l’expéditeur semble avoir prit goût à les écrire car les formes d’écritures sont généreuses et soigneuses. 

Je lis le petit mot qui accompagne une photo:

Ta progéniture est un type bien, apparemment.

Qu’est-ce que cela peut bien vouloir signifier? Et puis pourquoi ce petit mot parle de moi? 

 

HarcelésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant