🩸Chapitre 16🩸

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Je me redresse sur la chaise, puis je tourne un peu mon visage pour observer sa cuisse désormais ensanglantée. Je ne l'ai pas raté, mais ça ne semble pas être si grave.

- Xin sait recoudre les plaies même profondes, je pense qu'il peut également cautériser ça. Fis-je en fixant sa blessure.

Du bout des doigts, il caresse ma chevelure qui est attachée en queue-de-cheval. Je ne bronche pas, je n'ai même pas de recul à son égard.

- Pour qui me prends-tu ?
- C'était seulement...
Son regard me trouble, j'ai l'impression qu'il me juge et je n'aime pas ça. Laisse tomber.

Hisoka reprend une allure dite normal. Il fait le tour de la table comme s'il n'était pas blessé puis il s'assied en face de moi.

Sa jambe mutilée passe au-dessus de son autre jambe. Ses mains se posent sur ses genoux. J'aperçois également un faible sourire se dessiner aux coins de ses lèvres, cette situation commence à me mettre mal à l'aise.

- Tu es née ainsi ? Fait-il en fronçant les sourcils. Tu es la première personne aux yeux lilas que je vois.
- Et toi ? Tu es né avec les yeux ambrés ?

Il ricane discrètement en plissant le regard.

- Répondre à une question par une autre question... Fait-il en tapotant sa main sur son genou. Simple mais efficace, ma mignonne.
- Ne m'appelle pas comme ça.

Il ne répond pas. Il a le don pour me mettre mal à l'aise ce type et il le sait. Je pense même qu'il s'amuse à me torturer l'esprit !

- Pourquoi voulais-tu me voir ?
- J'ai quelque chose à te proposer.
- Quoi donc ?

Son sourire s'agrandit davantage, j'ose à peine le regarder en face.

- J'aimerais annuler le combat.
- Celui que tu m'as imposé ?
Demandé-je doucement.
- Effectivement.
- Pourquoi veux-tu l'annuler ?

Il fronce alors les sourcils. Les traits de son fin visage se tendent rapidement, je ne comprends pas ce qui le tracasse.

- Tu es étrange. Dit-il dans un souffle à peine audible. Je te propose de sauver ta vie et tu as le culot de me demander pourquoi... Son regard se lève vers le ciel quelques secondes avant de se poser une nouvelle fois sur ma personne. Serait-ce de la stupidité ? Il ne me laisse pas le temps de répondre, il enchaîne presque aussitôt : non... Non, je ne crois pas... Serais-tu suicidaire par hasard ?

La bouche entrouverte, je n'ai même pas la force de lui répondre. Je suis tout bonnement écœurée par ses dires. Je ne suis pas suicidaire et encore moins idiote, mais je veux savoir ce qu'il a en tête. Pourquoi annuler un combat s'il est certain de gagner ?

- Masochiste ?
- J...
Un point me prend au cœur, j'ai comme l'impression qu'il touche une corde sensible. Non.
- Non ?
- J'ai dit "non".
Articulé-je froidement.

Il esquisse un bref sourire avant se mordiller sa lèvre inférieure. Ses yeux me détaillent minutieusement, il ne s'en cache même pas.

- La douleur t'excite ?
- Non.
Fis-je sèchement. Qui pourrait être excité par la douleur ? Ça ne va pas ? Mes mains frappent violemment la table en bois. Si la douleur t'excite, ce n'est pas mon cas.
- La douleur ne m'excite pas plus que ça à vrai dire.
- Je suis ravie de le savoir, vraiment.

Il arque un sourcil en expirant fortement. Les traits de son visage deviennent tout à coup plus lisses. Ça lui donnerait presque un air angélique.

- En revanche... Les personnes complexes m'excitent... Il ferme quelques secondes les yeux puis il reprend : la puissance d'un individu m'excite... Faire souffrir, m'excite... Un faible sourire se dépose sur son visage. Ton regard lilas... M'excite ah... Frémis ce dernier en me fixant.

Immédiatement, un large frisson à peine discret me parcourt le corps ce qui semble l'amuser davantage.

- C'est pour ça que tu veux clore mes yeux à jamais, n'est-ce pas ?
- J'aurais ce privilège, en effet.

J'hallucine, ce type est complètement barge ! Je dois changer de sujet avant qu'il ne décide de me buter maintenant.

- Pourquoi veux-tu annuler notre combat ?
- Je veux ta permission pour remplacer ta présence.
- Comment ça ?
- Celle de ton ami.
- Xin ?!
Crié-je contre toute attente. Tu veux que je sacrifie Xin ?!

Ma phrase semble l'amuser puisqu'il se met à rire d'un air supérieur. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle.

- Réponds-moi franchement ma mignonne... Souffle ce dernier en-avant un peu. Ses coudes se placent sur la table, il me soutient du regard puis il reprend : tu n'as pas confiance en lui ? C'est un... Disons... Quatre-vingts points... Il réfléchit quelques instants d'un air presque pervers. Quatre-vingt-cinq.
- Sur cette échelle, tu te places à cent, c'est ça ? Et tes chevilles elles vont bien ?

Au même moment, mon ami sort de la maison en furie. Ses yeux émeraude nous jugent avec beaucoup de mépris.

- Espèce de fils de pute. Grogne Xin.

Immédiatement, mon sang ne fait qu'un tour. Je pense donc au pire concernant Katarina... Hisoka l'aurait tuée ? Je suis confuse et terriblement mal à l'aise.

- Où est ta sœur ? Demandé-je paniquée.

Immédiatement, il tourne son visage pâli par l'énervement vers moi. La bouche légèrement entrouverte, il hésite un instant avant de répondre :

- Elle n'est pas ici Ivy... Ce n'était qu'une poupée de porcelaine rousse. Fait-il en faisant de grands gestes. Ce sale bâtard s'est foutu de moi !

Je ne peux pas me retenir, en une fraction de seconde, je pars dans un fou-rire incontrôlable. Le visage de Xin se décompose face à ma réaction inattendue.

- Excuse-moi... Rigolé-je. Mais c'est vrai, qu'il n'a jamais dit qu'il s'agissait de ta sœur...

Xin respire fort, son torse bouge fortement quand il inspire. Mon regard roule sur ses poings serrés, j'espère qu'il ne va pas faire de bêtise.

- J'ai évoqué une tignasse rousse. Ai-je parlé de la traînée que tu as pour sœur ?

Sa réplique me choque et visiblement, c'est aussi le cas pour Xin. Le brun attache sa chevelure en un éclair puis il avance vers Hisoka qui est toujours assis en face de moi.

Je sais avec certitude, que Xin n'aura pas le dessus sur Hisoka. S'il essaie vraiment de se frotter à lui, il y a de fortes chances pour qu'il le paye de sa vie. Il est hors de question que je reste ici à regarder mon ami se faire tuer.

- Arrête ça, s'il te plaît Xin. Dis-je en me relevant. La blessure de balle continue de me lancer, mais je ne laisse rien paraître. Ça n'en vaut pas la peine. Si Katarina n'est pas ici alors tout va bien.

C'est au tour d'Hisoka de se lever. Ce dernier avance d'un pas pour se planter devant mon ami. Il n'y a même pas un mètre d'écart entre eux.

- Tu sais Ivy... Fait Hisoka en me lançant un bref regard. Ton ami est actuellement énervé parce que j'ai insulté sa sœur. Il ricane doucement avant de reporter son attention sur le brun. La vérité ne devrait pas blesser. Sa main effleure la table en bois, puis c'est au tour de ses ongles de jouer une nouvelle fois dessus. Ta sœur est une traînée, il faut que tu essaies de l'assumer.

Douleur Sucrée  TERMINÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant