🩸Chapitre 21🩸

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Je le regarde quelques instants comme si ses paroles ne me touchaient pas. J'attrape sa veste posée sur la table puis je me dépêche de mettre mes chaussures.

- Tu vas où ?
- Nous chercher à manger. Où sont tes clefs ? Je tâte les poches de sa veste puis je continue : elles sont là.

Je ne lui laisse pas le temps de rétorquer puisque je sors aussitôt de la chambre d'hôtel. Sans adresser ne serait-ce qu'un regard aux personnes que je croise, je pars de ce bâtiment qui pue la luxure.

La voiture de Xin est garée devant, sur une place payante. Je me dépêche de monter dans le véhicule pour partir d'ici.

Heureusement, le GPS m'aide à retrouver la route. Le trajet se passe sans encombre, à presque vingt-deux heures, j'arrive au  Flex. Il y a un monde de fou devant, j'avais oublié que les mardis restent les soirées de combats à mort.

Je gare la voiture de mon ami sur sa place habituelle, puis je fais le reste du trajet à pied.

Je sais que ce n'est pas très intelligent de ma part, Yone veut ma mort et ses gardes connaissent mon visage.

Je suis rapidement interpellée à l'entrée du Flex par une voix stridente et familière. Je me retourne vers Katarina, cette dernière a l'air totalement émerveillée.

- Ivy ! Tu vas bien ?

Non mais elle se fout de ma gueule ? Elle fait comme si de rien était pourtant hier, j'ai bien failli me faire tuer à cause de ses conneries.

- Ouais. Inspiré-je grossièrement. Où est Hisoka ?

Visiblement, ce n'était pas la chose à demander. En une fraction de seconde, son visage devient très tendu.  Elle avale péniblement sa salive en battant des cils pour essayer de garder son calme.

- Je n'en sais rien. Le regard qu'elle me lance est si meurtrier. Pourquoi ?
- Pour le baiser, tiens. Soufflé-je en fixant la rousse avec mépris.

Je ne sais pas ce qui m'a pris, c'est sorti tout seul. Désormais, elle aura une bonne raison pour m'en vouloir.

- Ivy petite pute. Marmonne Kata entre ses dents. Je ne connais pas plus salope que toi.
- Tu m'en vois ravie.

Je lève les yeux au ciel puis j'avance pour laisser la rousse derrière moi. Elle ne se gêne pas pour m'insulter de tous les noms. À cause des insultes, les gens se retournent sur mon passage, je les regarde avec un grand sourire fier. Je n'en ai strictement rien à faire de ce que les autres pensent de moi. Ils peuvent s'imaginer ce qu'ils veulent, ça ne peut pas m'atteindre.

Je passe les grandes portes du Flex sous les regards insistants des personnes qui m'entourent. Une fois dans le bâtiment, l'ambiance change du tout au tout, les personnes présentent dans le Flex ont les yeux rivés sur le combat.

Je n'en reviens pas, Hisoka se tient au centre du ring, ses vêtements sont maculés de sang. À ses pieds, son adversaire agonise, il le supplie de l'achever, mais le bourreau n'en fait rien.

J'avance un peu pour mieux observer cette scène. L'homme allongé aux pieds d'Hisoka semble réellement souffrir le martyre. Sa gorge est ouverte, il n'en a plus pour longtemps. Je scrute quelques instants cet homme en imaginant sa douleur. Un doux frisson glisse sur mon dos, je respire un bon coup pour revenir à moi. Je n'ai rien à envier à cet homme, il va succomber de ses blessures.

Au même moment, le visage d'Hisoka se tourne en ma direction. Ses yeux se posent immédiatement sur moi. Comment a-t-il su exactement où, j'étais ?

Le regard qu'Hisoka me lance me provoque une réaction étrange. Une perle de sueur roule sur ma tempe, je me sens tout à coup mal à l'aise. Je recule de sorte à me perdre dans la foule, mais je sais que ça ne l'arrêtera pas.

Je monte au second étage pour mieux l'observer, mais une fois en haut, je m'aperçois qu'il n'est plus  là.

Ils ne perdent pas de temps, en une fraction de seconde, la victime d'Hisoka se retrouve poussée en dehors du ring comme un vulgaire sac de viande froide. Un nouveau combat semble déjà commencer. Je ne suis pas en sécurité ici, mais je n'ai pas le choix, il faut que je parle à ce malade.

J'attends patiemment sans bouger, de toute manière, je sais qu'il viendra me trouver. Xin devait combattre contre lui et le fait qu'il ne soit pas là doit sûrement énerver Hisoka. Avec un peu de chance, la victime qu'il vient de faire a suffi à assouvir sa soif de sang. 

Finalement, je n'attends pas longtemps puisque Hisoka apparaît rapidement dans mon champ de vision. Avec une démarche assurée, ce dernier avance vers moi en me dévisageant comme s'il allait me tuer.  Je le soutiens du regard, je sais que cette attitude peut me coûter la vie.

Une fois devant moi, sa main, maculée de sang, empoigne ma gorge avec force. Personne ne fait attention à son action puisqu'ils ont tous le regard rivé sur le combat qui se passe en bas.

La pression qu'il exerce sur ma gorge m'empêche totalement de parler, je peine clairement à respirer.

- Où est-il ? Demande-t-il les mâchoires serrées.

Aucun son ne peut sortir de ma bouche, d'ailleurs, je n'essaie même pas de lui répondre.

Il serre davantage ses doigts autour de mon cou, ce qui m'empêche désormais de respirer. Par réflexe, je porte mes mains sur la sienne pour tenter de récupérer de l'oxygène par mes propres moyens.  Mon geste semble l'amuser puisqu'il affiche un large sourire méprisant. 

S'il veut jouer alors on va jouer. Je me détends totalement, me laissant ainsi aller dans cette suffocation qui commence à me donner le tournis. Un léger sourire signé "je t'emmerde" se pose aux coins de mes lèvres. Son regard plissé m'analyse quelques secondes puis il relâche enfin ma gorge.

J'ai très envie de tousser, mais j'essaie de rester naturelle. Je ne veux pas donner lui la satisfaction de m'avoir fait mal.

- Dis-moi... Fait-il en avançant son visage près de mon oreille. Est-ce que ça t'a excité ? ☘

Je le regarde la bouche entrouverte, je ne sais absolument pas quoi répondre. Sa question sonne si amusée, j'ai l'impression que cette situation malaisante lui plaît.

- Non. Je réponds en continuant de le soutenir du regard. Non, désolée de te décevoir.
- Moh... Sourit-il. Donc si je glisse ma main en bas, tu ne seras pas toute mouillée ? 

Mon cœur rate un battement, c'est la première fois qu'on me parle de cette façon. Ce n'est pas un sujet que je veux évoquer avec lui.

- Tu penses m'intimider avec tes questions de vieux pervers ? Fis-je en déposant ma main sur son torse. Je crois que tu t'es trompé de personne. J'exerce alors une forte pression pour le forcer à reculer.

Il acquiesce en me détaillant de la tête aux pieds. Je suis très mal à l'aise, mais je ne laisse rien paraître. Je croise les bras sur ma poitrine en continuant de le fixer durement.

- Je pourrais te briser ici même. Souris ce dernier en se léchant lentement les lèvres. Mais je crois que tu y prendrais trop de plaisir... Pas vrai ? 

Je grimace immédiatement en le voyant  me scruter avec ce regard malsain. J'ai comme l'impression qu'il s'imagine des scénarios pas très normaux, après tout ce malade n'a rien de normal.

- Où est le fils Yone ? Finit-il par souffler en prenant une grande inspiration pour reprendre ses esprits.
- Il viendra mardi prochain.
- Ah oui ? Il hausse les sourcils puis continue d'une voix plus aigue : pourquoi ?
- C'était convenu comme ça de base, non ?
- Non. Son visage devient tout à coup très crispé. Non, ma mignonne de base, c'est toi que je devais tuer. Sa langue passe une nouvelle fois sur ses lèvres, il réfléchit quelques secondes avant de continuer : je me demandais... La souffrance mentale doit être insupportable pour une personne comme toi...
- Quoi ?
- Les masochistes ont une fâcheuse tendance à ne pas supporter la douleur émotionnelle. Un faible sourire vient se poser son visage, comme s'il venait d'avoir une illumination. Quand le sang de Xin maculera mes mains... Tu souffriras, tu penses ? 

Douleur Sucrée  TERMINÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant