Chapitre 7 (suite)

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Allongé sur le dos, en travers du lit, Leï fronça les sourcils quand une langue râpeuse s'attarda dans sa paume.

— Hm... Turbo... T'abuses !

Il se tourna sur le côté, désireux de plonger de nouveau dans un sommeil bienfaiteur. Cependant, de gros ronrons résonnèrent bientôt à son oreille, et une boule de poils se colla à sa joue. Il rit de sentir les moustaches frôler sa peau.

— J'suis pas réveillé, Chip's. Plus tard...

Mais comme chaque fois que sa voix s'élevait après plusieurs heures de silence, les animaux prenaient cela pour le signal du réveil. Sachant qu'il ne se rendormirait pas, Leï tâtonna la couverture à la recherche de son téléphone. Un message l'y attendait.

10/10
De : +33 6 25 08 26 **
09 :26
Salut. On ne se connait pas et tu n'as probablement jamais entendu parler de moi mais pour faire court, si tu tiens à Victorien, t'as tout intérêt à me rencontrer.

Leï se redressa. Toute trace de sommeil avait disparu. L'adrénaline accéléra son rythme cardiaque. Il perçut l'imminence d'un danger couler insidieusement dans ses veines. Sans réfléchir, il enfonça la touche appel et attendit. La voix de Vicky le soulagea instantanément, et il se sentit idiot.

— Leï ?

— Euh... ça va ?

Il lui semblait entendre la rue derrière, une légère brise dans le micro. Et le calme de la voix de Vicky acheva de le rassurer.

— Disons que j'ai connu mieux. Et... toi ? Je peux faire quelque chose ?

Leï ferma les yeux. Il s'assit au bord du lit, le front dans une main.

— Non, merci. Je... C'est idiot. Laisse tomber. Salut !

Il raccrocha avant que Vicky ne puisse protester et relut une deuxième fois le mystérieux message.

"C'est quoi cette connerie ? T'es qui ?"

10/10
De : +33 6 25 08 26 **
09 :29
Steeve. Mais peu importe.
On se rencontre et on s'explique ?
J'suis sur Lille. Je crois qu'on a plein de choses à se dire (:

Steeve... Ça m'dit quelque chose...

Il était certain d'avoir déjà entendu ce diminutif. Soit de Diego, soit d'Adélaïde.

C'est pas un type de la famille à une des potes d'Adé ?

Leï se força à se lever. Il tapota l'adresse d'un café à deux pas de chez lui, suivi d'un « j'ai pas tout mon temps », puis fila à la douche. Au moins était-il rassuré de ne pas faire face à un fou furieux anonyme. Sous l'eau chaude, ses mains effleurèrent les ombres gravées sur sa peau, contre ses côtes droites. Il ne sut qu'en penser, ressassant les mots de cet inconnu.

« Si tu tiens à Victorien »... Pourquoi c'grand emmerdeur redébarque comme ça dans ma vie ? Dire qu'il était censé être que de passage dans cette fichue famille d'accueil...

Il s'extirpa de la douche et, encore mouillé, emporté par une pulsion, décrocha un petit bracelet de son présentoir. Le cuir luisait sous la vapeur, et la lettre noire amovible tanguait doucement, irisée sous l'ampoule crue. Leï l'enfila à son poignet et acheva de s'habiller. Quand il sortit de la salle de bain – l'ensemble des opérations lui ayant pris à peine trois minutes – l'écran affichait une réponse :

10/10
De : +33 6 25 08 26 **
09 :30
J'arrive d'ici 30 min.

Il ne prit pas la peine de répondre et fourra le téléphone dans la poche de son blouson. Puisqu'il ne lui fallait qu'un quart d'heure pour se rendre au lieu du rendez-vous, il prit le temps de nourrir les deux chats et le chien qui glapissaient autour de lui, suite à quoi, une fois le calme revenu, il engloutit une barre de céréales. Son regard dévia vers le petit boitier translucide. Dans un soupir, il ouvrit l'avant-dernier compartiment -et en jeta le contenu dans sa bouche.

Ultraviolet - (L&V) T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant