Comme chaque fois qu'il foulait le sol de la maison, Gatien bazarda son sac d'école et se précipita vers Leï. Son empressement à se coller à lui provoquait quelques douleurs à Leï, mais il ne le repoussait jamais.
- Papame ! Coucou papame ! est-ce que c'était bien à ton école de l'hôpital ? Moi j'ai fait un dessin. Et on a lu des livres. Et aussi, fait du vélo. Le grand avec des petites roues. Et...
Vicky rit. Il l'invita à se laver les mains pour prendre son goûter et laisser Leï se reposer.
- Nan, c'est cool. Va te laver les mains et viens goûter avec moi. Tu vas me raconter tout ça.
- Je vais raconter tout ça !
Gatien sauta du canapé et s'engouffra dans la petite salle de bain du rez-de-chaussée.
- Tu es sûr que ça va aller ? Je prends le relais, si tu veux.
- Vicky... tu fais que ça de prendre le relais. Et j'ai envie de passer du temps avec lui. T'es pratiquement plus un père pour lui que moi alors que c'est moi qui ai l'agrément...
Vicky s'éloigna en cuisine. Il déposa un verre d'eau et une bouteille sur la petite table basse.
- Les enfants se fichent des agréments. Il se sent chez lui et aimé, et avec toi il peut être lui-même. Tu es un père pour lui.
Leï entendit une portière claquer dans l'allée. Il dissimula le sourire fripon qui lui grimpait au visage.
- Ça change rien au fait que j'ai envie de passer du temps avec lui. Seuls.
- Ça veut dire quoi ça ? Je vous dérange ? Tu veux que je grimpe à l'étage pour vous...
- Nan je veux que tu sortes.
La culpabilité de lire la stupéfaction sur le visage de Vicky ne l'emporta pas sur le plaisir.
- Tu veux que je m'en aille ? Mais pourquoi f...
Quand deux profonds coups retentirent contre la porte, Leï cria « c'est ouvert », ne laissant que le temps à Vicky de se retourner.
- Mais qu'est-ce que tu fais là ? s'enquit ce dernier.
- C'est toi qui m'as dit de venir sauver ton cul. D'ailleurs, c'est quoi cette expression ?
Gabriel les jaugea tour à tour.
- Je n'ai rien...
Vicky s'humecta les lèvres puis avisa son petit ami. Un sournois sourire illuminait son visage pâle.
- Tu as appelé Gabriel ? Mais pourquoi ?
- Pour vivre, Vickyboy.
- C'est de ça qu'il faut te sauver ? La honte sur toi et tes ancêtres si tu flanches face à un adversaire pareil.
Bras croisés, Gabriel rehaussa un sourire quand il écopa d'un majeur tendu.
- Ferme cette porte. T'es en train d'engeler toute ma baraque !
L'expression de Gabriel vacilla un instant. Il allait parler quand Gatien surgit. Ses yeux s'arrêtèrent sur lui. Ils se jaugèrent, l'un le nez en l'air, l'autre le visage baissé, jusqu'à ce que l'enfant s'approche et tende la main.
- Bonjour monsieur. Je m'appelle Gatien avec un T.
Gabriel interrogea les deux hommes du regard avant de s'intéresser de nouveau à l'humain miniature devant lui. Il ne manquait pas d'audace, la main tendue, déterminé à attendre. Gabriel aima cela.
- Salut. Je m'appelle Gatien sans le tien.
- Tu t'appelles Ga ???
- Briel. Gabriel.
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Ultraviolet - (L&V) T.3
Romance[MxM] L&V Tome 3 (suite et fin de L'esprit du temps- La lumière noire + La lumière blanche) Le temps file et Vicky semble profiter de stabilité dans sa vie. Sans doute le bonheur a-t-il un goût moins passionné que celui narré dans les contes de fé...