Dimanche 11 octobre
De : Travis
11/10. Aujourd'hui 10:18Tu sais... Tu es de loin le garçon le plus formidable que je connaisse. Sans exception. Je sais que ces mots doivent sonner faux à l'heure qu'il est, après tout ce qui s'est passé, mais je t'assure Vicky. Je le pense. À tel point que je sais que je ne te mérite pas. Pour être honnête, je ne sais pas qui tu mérites parce que tu es... exceptionnel. Et te connaissant, tu me dirais que non, mais moi je sais, pour avoir eu la chance de partager un bout de chemin avec toi, et celle infiniment précieuse de te côtoyer. Tu m'as apporté énormément, et s'il te plait, ne doute jamais de ce que tu es. Les gens te reprochent souvent de trop vouloir sauver le monde. Sache que tu as réussi, pour moi. Tu as été là dans les pires moments de ma vie. Et pour cela, je t'aimerais toujours. C'est sincère. Tu as une place particulière dans mon cœur. Pardonne-moi de ne savoir te le dire à l'oral, comme tu le sais, l'écrit est davantage mon domaine. Mais je tenais à ce que tu le saches. Je t'ai aimé et t'aime sincèrement. Et notre histoire ne sera jamais ponctuée de regrets dans mon cœur. Bien au contraire. J'ai tellement appris avec toi. J'espère que tu me pardonneras.
Turbo courrait dans le jardin, sniffant çà et là une botte d'herbe ou un buisson. La gueule ouverte, il traçait des lignes à travers la pelouse et finit par ramener une petite balle en mousse rouge à son nouvel ami.
— Merci, mon grand...
Vicky se saisit du jouet et le jeta à l'autre bout du terrain. Quand le chien partit en dérapant, il s'assit sur le seuil en carrelage de la porte vitrée. Il essuya ses yeux mouillés, espérant chasser par ce geste la brume qui étouffait son cœur. Puis il porta le téléphone à l'oreille. Et Travis répondit aussitôt.
— Allo ?
— Salut... Je t'appelle parce que j'ai bien reçu ton message. Je trouvais plus simple et plus honnête de t'appeler. Même si je sais que tu n'aimes pas trop ça... Je suis désolé...
— Moi aussi...
Vicky aurait juré l'entendre pleurer. Il se demandait où se trouvait Travis, si Steeve se tenait non loin. Mais sa réalité ne lui appartenait plus. Il ne poserait pas de question. Lui-même avait passé la nuit dans le canapé de Leï. N'importe qui de l'extérieur aurait pu juger.
C'est si simple de juger...
Ce texte écrit – le plus long qu'il ait reçu de Travis – marquait la fin. Tous deux en avaient conscience. Même si aucun des mots fatals n'avait été prononcé.
— Je ne suis pas un super-héros, tu sais ? reprit Vicky. J'aimerais bien, mais je ne suis pas aussi fort que tu me dépeins. Je n'ai pas la sagesse incarnée et je ne crois même pas encore être un adulte même si je suis plus vieux que toi. J'ai encore des tas de choses à apprendre, crois-moi... Mais tes mots m'ont touché...
— Tant mieux... Tant mieux... souffla Travis.
Vicky entendait sa peine, même s'il ne le voyait pas. Et quelque part, cette sensation apaisa la douleur de leur séparation, car il savait que Travis ne mentait pas. Il l'avait aimé, l'aimait peut-être sans doute encore. Pas comme il aimait Steeve. Mais de l'amour tout de même. Et cela comptait pour lui. Il s'obligea à prononcer les prochains mots, conscient que ce seraient sûrement les derniers qu'ils échangeraient avant un bon moment.
— Alors... C'est terminé ?
La violence du silence à l'autre bout de l'appareil le fit sourire. Il ferma les yeux. La douleur du moment s'effaça sous les épaisses feuilles du marronnier planté dans le jardin de Leï. Turbo aboyait après quelques samares rougies par l'automne, qui s'envolaient et virevoltaient au gré du vent.
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Ultraviolet - (L&V) T.3
Romance[MxM] L&V Tome 3 (suite et fin de L'esprit du temps- La lumière noire + La lumière blanche) Le temps file et Vicky semble profiter de stabilité dans sa vie. Sans doute le bonheur a-t-il un goût moins passionné que celui narré dans les contes de fé...