Ultraviolet - (L&V) T.3

Chapitre 13

Vendredi 20 novembre

— Allez ! S'il te plait, Landry !

Leï se retourna vivement. Les mains jointes sous son menton, Charlotte papillonnait presque des yeux.

— J'peux pas.

— Mais si ! Ça aurait lieu au printemps !

La peau encore moite de transpiration, il attrapa le sweat abandonné sur un banc et l'enfila. Les élèves se chamaillaient dans les vestiaires dans un joyeux tohu-bohu afférent au début du week-end. Leï aimait cette cohue, ce bruit, l'écho des dernières notes de musique. Quoiqu'il advienne, il était arrivé jusqu'ici.

— J' sais pas comment j'serai au printemps. Et j'ai déjà le projet ASE tu te souviens ?

Charlotte repoussa une mèche blonde sur le haut de sa tête. Bras croisés, ses ongles tapotaient sur sa peau.

— Oh, le lycéen que tu étais n'avait aucun mal à gérer plusieurs plans à la fois. L'homme que tu es devenu ne sait plus faire ?

Leï lui adressa un regard peu amène, conscient de ce à quoi elle faisait référence.

Et pourtant, j'étais pas plus heureux. Si j'avais su combien de temps il me restait, est-c'que j'en aurais davantage profité ?

La réponse flotta dans ses pensées. Comme une bulle, elle éclata sans même revenir à la surface tandis qu'un petit garçon poussait la porte des vestiaires et se précipitait en courant vers eux.

— Leïïïïï !

Un sourire se figea dans les joues de Leï à mesure que les baskets frappaient le parquet de la salle, jusqu'à se stopper devant lui.

— Hey ! Salut p'tit gars !

— Je suis pas petit ! rétorqua Gatien en collant son poing contre le sien.

Charlotte haussa un sourcil, l'air suffisant et taquin.

— Vous avez tant de points communs, s'amusa-t-elle.

— Ferme là, Dhenin.

— Anh ! Il dit des gros mots !

Une main sur la hanche, Charlotte donna la permission au petit de punir son collègue comme il se devait pour avoir fait montre d'autant d'impolitesse. En guise de réponse, Gatien se précipita dans les jambes de Leï et les entoura, scotché à lui, le visage relevé à la recherche d'un soutien. Leï lui sourit, ébouriffant délicatement ses fins cheveux châtains.

— Nous n'avons pas exactement la même définition de punition, déclara Charlotte, le goulot d'une bouteille bientôt pendu aux lèvres.

— Je veux pas punir, Leï. Il est gentil !

Gatien tendit les bras. Leï n'était pas certain de supporter son poids, mais il ne sut résister aux yeux sombres qui le suppliaient en silence. Il avait été ce petit garçon perdu et en demande. Ainsi, il se pencha, et le souleva. Gatien enroula ses bras autour de son cou et y cala sa tête, un sourire béat et les joues roses.

— Woh ! Tu commences à peser, Gass'. Tu fais de la muscu ou quoi ?

— Oui.

Gatien hocha la tête très sérieusement, déclenchant les rires de ses professeurs.

— Je vais suivre ton exemple alors. J'ai besoin de me fortifier.

— Je te trouve parfait comme tu es, moi.

Ils se tournèrent tous trois de concert vers le visiteur.

— Mais toi, t'es aveugle, Alminno.

Vicky avisa le garçonnet dans ses bras. Il ne put s'empêcher de trouver l'image craquante.