Chapitre 4

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(helloooo rare message de début de chapitre pour vous rappeler de vérifier que vous avez bien lu la partie d'avant. Wattpad avait bugué.)

Lundi 28 septembre.

La grille produisit un son étouffé lorsqu'il la poussa. Leï s'était attendu à ce qu'elle grince, mais ses gonds tenaient. Il ne put s'empêcher de passer le doigt sur un bout de peinture écaillée. Un copeau de vert tomba.

Le cimetière semblait vide, à l'exception d'un homme occupé à remplir un bidon d'eau. Leï inspira un bon coup, la poitrine étreinte par le stress, le regret aussi. L'humidité de la bruine s'infiltra en lui. Il ne tarderait pas à pleuvoir.

J'sais pas pourquoi parce que Bon Dieu, c'est pas comme si quelqu'un m'attendait pour me reprocher d'être parti pas vrai.

Il essaya de se visualiser la tombe et s'obligea à avancer. Depuis son retour, il cogitait, repoussant à plus tard ce moment. Autrefois, il y passait plusieurs fois par semaine. Maddie représentait alors sa seule oreille attentive. À présent, il s'était détaché de cette sinistre habitude pour apprendre à vivre là-bas, à des centaines de kilomètres.

Et si la danse formait son exutoire le plus sûr, il sentit en son cœur une émotion trouer le rideau de stress intérieur. Comme une lueur, une saveur recherchée. L'impression pour lui de retrouver un bout de chez soi.

Alors qu'il foulait les allées de gravillons rouges, ses yeux traînaient d'un nom à l'autre. Il ne pouvait s'empêcher d'observer les dates sur les stèles, de calculer le temps de vie de chacun. Un pincement au cœur le taraudait à chacun, le ramenant à sa propre condition, aux secondes qui, sans cesse, s'égrenaient au-dessus de sa tête, invisible menace.

Quand la tombe de Maddie apparut, Leï s'arrêta, interdit. Quelques gouttes de pluie commencèrent à s'échouer alentour, mais il ne cilla pas. Le granit brillait presque. Il s'était attendu à retrouver une faune sauvage, une pierre poussiéreuse. Pourtant, les lettres dorées scintillaient toujours. Et sur la stèle reposait un épais bouquet de fleurs rouges en forme de cœur. Leï avala les quelques mètres qui le séparaient encore de sa grand-mère, abasourdi. Au centre du vase, une seule fleur trônait, violette.

Il se pencha, fouilla parmi les luxuriantes feuilles de la plante, à la recherche d'une étiquette. Rien.

Les sourcils froncés, il s'accroupit et laissa courir ses doigts sur les pétales. Les fleurs épaisses tanguaient sous ses doigts, il apprécia la douceur des larges feuilles sur lesquelles une fine pellicule brillait. Incertain, incapable de prononcer un mot, ni oralement ni en pensée, il profita de cette présence colorée, les yeux rivés sur les lettres dorées.

— Tu aimes ?

Leï sursauta. Il manqua de tomber à la renverse, mais se rattrapa de justesse au bord de la tombe. Étonné, il avisa le jeune homme qui lui souriait, un bidon d'eau à la main.

— Je me suis dit qu'elles te plairaient. Ce sont des anthuriums.

— Sammy... Bordel.

— Ah non, je m'appelle toujours Rojacz, mais au bout de... quoi ? Bientôt huit ans ? la mémoire te joue peut-être des tours...

Leï finit par se relever, trop surpris pour articuler quoi que ce soit. Son regard voguait de la tombe, aux fleurs puis à son ancien camarade de lycée.

— C'est toi qui t'es occupé de Maddie ?

Sammy haussa les épaules. Ses yeux bruns caressèrent le granit puis les spathes. Il posa le bidon et les effleura, s'arrêtant sur les rouges puis sur la violette.

— J'ai juste pris le relais en attendant que tu reviennes. On savait que tu reviendrais.

Sammy lui décocha un sourire et Leï sentit son stress s'évaporer, laisser place au soulagement.

Ultraviolet - (L&V) T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant