Chapitre 8 (suite 2)

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Leï ne lui laissa pas le temps de répondre et claqua la portière. Il remontait déjà l'allée, le saladier serré contre lui tandis qu'il fouillait ses poches à la recherche de ses clés de maison.

— Tu... veux que je rentre... ? Chez toi ?

— Oh tu peux tenter chez la voisine, mais j'suis pas sûr qu'elle trouve ça oufissime à cette heure.

Vicky se morigéna intérieurement. Il chercha à dissimuler la soudaine joie qui s'emparait de lui et verrouilla son véhicule avant de suivre Leï.

— J'me suis dit que ce serait plus sympa au chaud plutôt que discutailler dans une bagnole. Fais attention à Turbo.

Vicky fronça les sourcils. Les mains calées dans la poche centrale de son sweat, il s'amusa de constater la façon dont Leï se tenait, le saladier posé contre son flanc droit, de sorte à couvrir son tatouage.

— Turbo ? releva Vicky.

La clé tinta dans la serrure, et dans un sourire certain, Leï laissa entendre :

— Tu vas comprendre...

Il ouvrit la porte et ne s'écarta pas si tôt du seuil que Vicky perçut de petits gémissements, suivis de lourdes pattes sur le sol. Des griffes cliquetèrent et de suite, une tornade épaisse et blanche bondit dans la salle. Les flancs du chien claquèrent contre la double porte ouverte pendant qu'il dérapait, mais il ne s'en soucia guère. Bientôt, il fut sur Leï, jappa alors qu'il recevait des caresses, la queue fouettant les jambes de Vicky.

— Effectivement, il porte bien son nom... plaisanta Vicky.

Leï sourit, une main sur la tête de Turbo dont il embrassait le front, puis le chien fut sur Vicky ; heureux de se faire un nouvel ami, curieux de découvrir son odeur. Vicky le laissa lui tourner autour, lui abandonna quelques caresses tandis que la truffe coulait le long de son jean. Passé derrière le plan de travail, Leï attrapa un gilet délaissé sur une chaise et l'enfila, soulagé de ne plus avoir à cacher son corps. Il disposa bientôt délicatement les pâtisseries dans un plateau, pour ne pas risquer de les abimer. Vicky se retint de rire.

N'osant prendre aucune liberté, il se contenta de demeurer sur le seuil, agréablement surpris par l'intérieur. Il s'était attendu à une espèce de lieu sombre et empli de bazar, à l'effigie des noirceurs intérieures de Leï, mais malgré la nuit tombée, la lumière du salon auréolait l'ensemble d'un doux halo. Vicky aperçut un deuxième chat blanc s'étirer au centre du canapé, puis bondir au sol avec grâce et trottiner vers son maître en ignorant royalement l'invité.

— Oui, oui... La bouffe, j'ai compris... Y'a que ça dans votre vie, marmonna Leï en s'activant.

— Tels animaux, tels maîtres ?

Occupé à vider une demi-boîte de pâté dans une gamelle, Leï jeta un œil en direction de Vicky.

— Tu cherches à m'énerver, Alminno ? plaisanta-t-il.

— C'est le genre de chose qui nécessite peu de recherches, avouons-le...

Vicky se sentait gauche de rester sur place, aussi s'avança-t-il vers la petite troupe. Alors que Bagel attendait sagement, assis et lorgnant ses grands yeux calmes vers son maître, la petite chatte blanche finit par sauter sur le plan de travail et roucouler.

— Nan, mais... Chip's ! Descends de là ! Aucune éducation celle-là !

— Ce n'est pas toi qui l'as éduquée ?

Leï jeta un faux regard noir à Vicky tendit qu'il repoussait le plateau de gourmandises, loin des pattes.

— J'te permets pas de critiquer la manière dont j'élève mes bébés.

Ultraviolet - (L&V) T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant