Ultraviolet - (L&V) T.3

Chapitre 3

Alors que la nuit s'était étendue, Vicky fixait le plafond. Il devinait le mur recouvert de post-it et de notes colorées au-dessus de sa tête. Contre lui, calé sur son épaule, Travis traçait de petits ronds sur sa peau nue.

— Un délinquant... murmura-t-il.

Vicky tourna la tête, la joue collée au front de son petit ami.

— Pardon ?

— Je repensais au jour où j'ai appris les rumeurs sur toi au lycée. On m'avait sorti les pires horreurs sur ton compte.

— Ah oui. Tu parles du jour où tu m'as royalement fait faux bond sans explication et où tu me fuyais comme la peste ? se moqua Vicky.

Travis abandonna une tape sur son ventre.

— Mets-toi à ma place. Je me fais un ami, et on m'annonce qu'il agresse des gens, déclenche des incendies volontairement.

— Ce n'est arrivé qu'une fois.

Travis éclata de rire. Le son de sa voix roula sur la peau de Vicky.

— Vicky Alminno, tu n'es pas en droit d'user de cet argument !

— Mon dossier est blanchi, je suis innocent.

Vicky glissa un bras derrière sa nuque, le sourire aux lèvres. Il avait tant rêvé de prononcer ce mot.

— Toi, innocent ?

Dans la pénombre, il devina les yeux verts de Travis braqués sur lui.

— Je suis très innocent.

— Laisse-moi rire. Je suis le plus innocent des deux.

Vicky pouffa, emportant Travis avec lui. Les doigts de ce dernier se recroquevillèrent sur son torse.

— Tu n'as rien d'innocent, Webbs, et tu le sais très bien. Tes petits airs d'angelot ne marchent pas sur moi.

Travis parcourut le ventre de Vicky de sa paume. Il se redressa sur un coude et approcha de l'oreille de son petit ami.

— Vraiment ?

— C'est de la triche.

— Et qui m'a tout appris au juste ?

Un sourire gourmand traversa les joues de Vicky.

— Ma foi, il n'a pas fallu te prier bien longtemps.

Travis étouffa un rire, le visage dans le creux du cou de Vicky. Bientôt, il sentit ses puissants bras l'entourer. Il glissa de côté pour surmonter Vicky, songeant à ces années adolescentes où il avait rêvé de parcourir le joli corps d'un homme, à l'abri des murs de sa chambre.

— Ça te dirait de ne pas faire de bruit ? murmura Travis.

Le sourire espiègle de Vicky traversa la noirceur de la nuit.

— Encore ?

— D'ici quelques jours, j'aurais mon logement. Et tout mon temps...

— Et aussi des voisins.

Travis ignora l'argument et se perdit dans le cou de Vicky. Il goûtait son odeur du bout des lèvres, enhardi par le parfum que leurs précédents ébats avaient abandonné sur sa peau moite de chaleur.

— Tu ne veux pas me laisser dormir ? murmura Vicky.

Travis se contenta de répondre un « non », si près de son oreille que la peau de Vicky se couvrit de frissons. Ce dernier l'agrippa par les épaules et le bascula sur le matelas.