Chapitre 8

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L'après-midi s'étirait lentement. Vicky s'était réfugié dans un café en attendant Gabriel qui avait gracieusement accepté de le rejoindre pendant une heure de battement, entre deux clients. Il lui en était reconnaissant, peu désireux d'occuper son après-midi seul après cette journée mouvementée.

Le thé glacé à la pêche abandonnait un goût fruité sur sa langue quand Gabriel passa la porte, dégingandé, couvert d'un gilet dont le col embrassait sa mâchoire. Vicky ne le reconnut que lorsque Gabriel dégagea sa capuche. Il se laissa tomber sur la banquette à ses côtés. Vicky rit.

— Pourquoi tu ne t'assois pas en face de moi, comme la plupart des gens civilisés le font pour parler ?

— Je n'ai pas été civilisé. Bon alors ?

— Ça, c'est sûr parce que si tu l'étais tu aurais pris une douche avant de venir.

Gabriel tourna lentement ses yeux cuivrés vers lui.

— Je ne suis pas ici pour te plaire, je suis entre deux entraînements.

Une expression de surprise sur le visage, Vicky se tortilla sur la banquette, le regard en direction de la porte d'entrée.

— Tu attends quelqu'un ? s'enquit Gabriel, les mains enfoncées dans les poches de son gilet.

— Oui. Il ne devrait plus tarder. Toi couvert de transpiration et dégoulinant de testostérone, un Marius sauvage devrait apparaître.

Vicky reçut un coup de poing qui le fit grimacer, mais ne l'empêcha pas moins de rire.

— Arrête avec ça. Tu m'énerves. Et puis, de nous deux, c'est toi qui vis d'amour et d'eau fraiche.

Vicky perdit son entrain. Il se rejeta contre le dossier, son verre à la main.

— Surtout d'eau fraiche, visiblement, marmonna-t-il.

Il observait les gouttes de condensation refroidir ses paumes. Mais la froidure ne le dérangeait guère, comme s'il attendait une quelconque anesthésie.

— Alors ça y est ? Tu as rejoint le clan des célibataires ?

Vicky haussa les épaules. La réponse lui échappait. Son absence laissait un étrange sentiment. Pas de douleur, simplement de doute.

— Je ne sais pas. Oui et non. Nous n'avons pas rompu, mais... Je crois qu'il est clair pour nous deux que notre relation est sur le déclin. Il a embrassé son ex.

Vicky prit la paille entre ses lèvres. La brûlure du froid inhiba l'aigreur de se savoir remplacé.

— Tu veux que je lui brise la mâchoire ?

Vicky lâcha la paille dans son verre, effaré.

— Non !

— Juste le nez alors ?

Vicky ne prit même pas la peine de répondre. Il sirota de nouveau sa boisson, amusé par le caractère bourru de son ami. Parfois, il se demandait si Gabriel plaisantait vraiment ou s'il était prêt à agir. Le souvenir de sa version adolescente en train de tabasser un autre garçon jusqu'au sang lui passa l'envie de lui poser la question.

— Amuse-toi, Vicky.

Il releva la tête, surpris d'entendre ces paroles de la bouche de quelqu'un d'aussi austère que Gabriel.

— Je m'amuse...

— Faire hospitaliser ta mère en psychiatrie, gérer ton petit ami qui te trompe à moitié, être en stage en CEF. Dis donc, c'est la grande éclate...

Oui, bon... Il n'a pas tort...

— Ma mère est sortie. Je suis allé la chercher en fin de matinée.

Ultraviolet - (L&V) T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant