Chapitre 25 (suite)

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Lundi 12 octobre

Pour la première fois, le Docteur Silber paraissait moins tendu. Leï ne lui avait jamais connu plus grand un sourire.

— Alors ! Qu'est-ce que ça dit ici ? Aujourd'hui tu n'es là que pour un peu plus d'une heure. Comment ça va ?

Leï jeta un œil à la machine qui ronronnait à ses côtés. Il rit un peu, se souvenant l'avoir appelée Wall-E au premier abord.

— Ça va.

— Des effets quelconques ?

Il secoua la tête.

— Nan. J'ai pas de douleurs. Pas de réactions cutanées. Pas de toux...

— C'est parfait. Parfait ! On va donc continuer sur ce dosage. Reste bien vigilant sur les signes...

— Okay...

Leeroy tapotait quelques transmissions sur le clavier de l'ordinateur dans un silence inhabituel. Sentant le regard de Leï peser sur sa nuque, il finit par se retourner. Ses lunettes à la main, il entreprit d'essuyer les verres sur le bord de sa blouse.

— Dis-moi. Je réfléchissais à quelque chose. Et j'aimerais..., tu es libre bien sûr d'accepter ou non... te proposer de...

Leï haussa un sourcil, jouant du pouce avec sa bague de fiançailles, son nouveau passe-temps.

— ... venir dîner à la maison.

Il fallut quelques secondes à Leï pour percuter l'information.

— À la maison ?

Leeroy replaça les lunettes sur son nez et affecta un air affable.

— Eh bien... oui. Toi, moi, ma femme et ma fille. Elle est un peu plus jeune que toi, et toujours en études. Elle rentre les week-ends. J'aimerais beaucoup que tu les rencontres... Un jour, bien sûr. Rien ne presse.

— Mais... elles sont... elles savent ? Pour moi ?

Leeroy s'attendrit de cette réaction ; quoiqu'elle l'attristât en partie. Depuis quelques semaines, il apprenait à connaître l'homme qu'était son fils et le fort caractère qui l'habitait. Pourtant la moindre mention de gentillesse à son égard l'étonnait encore.

— Eh bien... oui. Ça fait même un moment... J'en ai longuement discuté avec elles. Tu fais partie de la famille alors ça me semblait plutôt bien. Tu es... mon fils, après tout. Donc...

Incapable d'argumenter davantage face à l'expression mutique de son fils, il attendit. Jouant avec son bracelet, Leï tentait d'imaginer des visages, fait impossible puisqu'il ne possédait aucune information sur ces femmes. Mais savoir que son propre sang coulait dans les veines d'au moins deux autres personnes sur cette Terre lui paraissait encore inconcevable.

— Mais comme je le disais, il n'y a aucune obligation. C'est toi qui vois. Je comprendrais que tu ne veuilles pas v...

— Comment elles s'appellent ?

Cloué au fauteuil, Leï ne pouvait approcher, alors Leeroy le fit, les roulettes de son tabouret glissant jusqu'à ce qu'il fût assez près pour désigner l'écran de son téléphone.

Une femme aux longs cheveux blonds posait sur un promontoire, tenant son large chapeau de soleil de sa main. Ses lèvres rouges formaient un cocon pourpre de joie éclatante, en ce jour d'été où le cliché avait été tiré. À ses côtés, une jeune femme se tenait dans une attitude presque parallèle. Ses cheveux – blonds également – quoique bien plus courts, dépassaient de sous un béret bleu. Leur joie contamina aussitôt Leï. Il aimait la chaleur qui se dégageait de cette photographie, les sourires amicaux, et la complicité entre la mère et la fille.

Ultraviolet - (L&V) T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant