Chapitre 11

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Samedi 17 octobre.

Quand Leï émergea, le soleil traversait le plaid rouge tendu au-dessus de lui. Chipie dormait en boule contre lui, et ses épais ronrons lui arrachèrent un sourire. Il se redressa, les muscles encore ensommeillés, alerté par le silence.

Le tissu écarté, il aperçut Vicky, assis sur un tabouret, probablement occupé à écrire. Leï se releva sans bruit, et foula le carrelage de ses pieds nus. Il avançait - Chipie étirait ses pattes blanches à l'entrée de la tente - et se pencha par-dessus l'épaule de Vicky, croyant le surprendre.

16 octobre : Aujourd'hui, Leï m'a souri. Leï m'a parlé. Et Leï m'a embrassé. Je n'ai pas d'autres raisons de chercher trois points positifs pour cette journée.

17 octobre : Bonjour, amour...

Leï sursauta quand Vicky tourna la tête vers lui, un sourire évident pendu aux lèvres.

— Tu m'espionnes ?

— T'es chez moi, le cul sur mon tabouret, à défaut d'accepter de l'asseoir ailleurs, donc sois poli.

Il contourna la table pour jeter un œil à ce qui bouillait doucement dans une casserole.

— Tu es de très loin le plus malpoli et vulgaire de nous deux.

— Faut croire que t'aimes ça puisque t'es là. C'est quoi ce machin ?

— Mon petit-déjeuner. J'étais d'ailleurs très surpris de trouver des flocons d'avoine ici.

Leï trempa un doigt dans le mélange chaud et le porta à sa bouche.

— Hm... C'est Charlie qui tentait de me faire avaler des trucs soi-disant sains. Eh, c'est bon !

Vicky posa son stylo sur le journal et se leva. Il touilla quelques secondes et coupa le feu sous la casserole.

— Évidemment que c'est bon. Pour qui tu me prends. Ai-je déjà cuisiné une seule chose que tu n'aies pas aimé ?

— Ouais.

Vicky lorgna sur Leï.

— Quoi ?

— Mon corps.

— Oh mais... Leï !

Vicky le poussa doucement pour s'emparer de deux cuillères, sans toutefois pouvoir s'empêcher de rire. Leï sortit deux bols et les déposa à côté de la casserole.

— Allez, nourris-moi, homme.

— Tu m'as pris pour quoi ?

— Ben pour Vicky Alminno.

Poings sur les hanches, Vicky plongea dans les yeux de Leï. Si bruts, d'une teinte plus sombre que les siens.

— Tout travail mérite salaire. Si tu veux que je te nourrisse, il faut me payer.

Leï croisa les bras, sans répondre, ne daignant pas perdre à ce jeu.

— En plus, j'ai nourri tes animaux, continua Vicky.

— J't'ai rien demandé.

— Tu dormais comme un bébé.

— C'est toi le bébé, t'as même pas vingt-quatre piges, asséna Leï en lui collant une pichenette.

Vicky attrapa son bras en plein mouvement et l'attira à lui. Leï fronçait les sourcils. Sa fausse colère n'effleura cependant pas la patience de Vicky. Il aimait pouvoir lire les lignes de son visage plissées par la contrariété, sentir son odeur et sa peau contre la sienne, entendre sa voix dont la chaleur contrastait tant avec les mots souvent trop crus qui sortaient.

Ultraviolet - (L&V) T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant