Je rangeais mon casier sur l'heure de midi parce que je n'avais vraiment pas faim. Au delà de toute apparence, je supportais très bien que mon amie me lâche pour traîner avec les populaires. Après tout c'était son choix, elle faisait ce qu'elle voulait. Tout au fond de mon casier je trouvais un petit bout de papier chiffonné. Je tendis le bras comme je pus et le saisit. Parce que tu es celle que je veux. Je soupirais. C'était un ancien message de mon ex, que j'avais largué un an plus tôt. Je sentis UNE présence derrière moi. SA présence.
- Alexander ? Sursautais-je.
- Je peux avoir ton numéro ?J'écarquillais les yeux et il rigola de bon coeur. Puis son regard se fixa sur le papier que je tenais et il me l'arracha des mains pour le lire. J'allais protester mais il m'empêcha.
- T'as un copain toi ? Dit-il étonné.
- Ex.
- Oh, fit-il en basculant sa tête vers le haut par signe de compréhension.
- On croirait que tu es jaloux, soufflais-je.Il me regarda d'un regard plus profond que tout ce que j'avais pu voir de toute ma vie. Ses yeux pétillaient de malice. Puis il explosa de rire, un bon gros fou-rire. Ce garçon avait le don de toujours gâcher les bons moments que je pouvais passer avec lui.
- Non je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout jaloux, déclara-t-il froidement. Si je te demande ton numéro c'est parce que l'on a une épreuve en bînome et pour ton copain c'est juste que... (il marqua un temps d'arrêt) ça m'étonne qu'une fille comme toi en ait déjà eu un.
Ses yeux me transpercèrent au delà des simples mots. Mon regard s'embua de larmes alors qu'il se rapprocha de moi avec une proximité qui me rendait toute chose. Je ne le supportais plus. Détester quelqu'un autant qu'on l'aime ? Oui c'était possible, c'est ce que je ressentais à l'instant. Je repris avec violence le papier et le fourra au fond de mon casier ce qui me donna une bonne raison pour tourner le dos à Alexander.
- Sortir ensemble ça ne serait pas impossible, renchérit-il alors que je fermais les yeux. Il faudrait juste que tu t'habilles différemment et que tu te maquilles, et surtout que tu sois dans le groupe des populaires. Ouais donc finalement aucune chance.
Je pris une immense inspiration et lui fis face, lui décochant une gifle monumentale sur sa joue. Un rictus de satisfaction pouvait se lire sur mon visage alors qu'il se tenait la joue, choqué par ce que je venais de faire. Qu'est-ce que ça pouvait faire comme bien !
- 20h à la bibliothèque ça te va ? Lançais en refermant mon casier.
- Oui très bien...
- A ce soir alors.Puis je disparus dans la foule, le laissant en plan devant mon casier. Pas question que je lui montre tout ce qu'il avait dévasté en moi, j'étais plus forte que ça.
*
J'étais assise à une des tables du fond et je regardais ma montre. 20h05. Monsieur était encore en retard. Je soupirais en espérant qu'il vienne tout de même, malgré ce que je lui avais fait quelques heures plus tôt. Il viendrait, j'en étais sûre. Ayant marra d'attendre de façon immobile sur ma chaise, je me levais et parcourus les rayons en quête des livres dont nous aurions besoin pour notre exposé. Quand mes bras furent chargés au maximum je revins à la table que j'avais réservé et posais les livres. Puis je me rassis. Attendant, attendant, attendant. Les minutes s'égrenaient tellement lentement que je finis par travailler seule. À la fin de chaque paragraphe je jetais un coup d'oeil sur la porte d'entrée puis sur la grosse horloge. 20h25. Il allait venir, c'était un garçon de parole. Tout du moins c'est l'idée que je me faisais de lui. Mais peut-être que je me trompais, peut-être qu'il n'avait rien de formidable finalement.
20h45. C'était officiel, il ne viendrait plus. Je rangeais les livres un par un, espérant qu'il apparaisse au coin d'un rayon, même si je savais que ce serait impossible. Pourquoi étais-je tombée amoureuse de cet être hautain, sans aucune qualité, alors qu'il y avait mon âme-soeur qui m'attendait quelque part dans le monde ?! Je m'en voulais atrocement. Alexander me décevait de jour en jour, et je n'arrivais pas à lui en vouloir parce que (malgré tout ce qu'il me faisait) je l'aimais plus que tout. Mon esprit disait non alors que mon coeur affirmait tout l'inverse.
VOUS LISEZ
VULNERABILITE
WerewolfLe lycée est une institution qui favorise la dictature. Les "populaires" dominent tous les autres. Et méprisent les gens qui ne rentrent pas dans leurs critères. Les gens comme moi. Je fais partie de la mauvaise élite : les geek (les ringards quoi...