CHAPITRE 4

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Je m'impatientais, assise sur une chaise alors que j'attendais que le proviseur daigne me recevoir. Il m'avait convoqué parce que c'étaient les premières heures de retenues que j'avais depuis le début de ma scolarité. Quand il me demanda d'entrer je m'attendais à un speech du genre c'est pas bien faut pas faire ça mais ce ne fut pas du tout le cas. Il passa sa demi-heure à me hurler dessus comme jamais personne ne l'avait fait. J'écarquillais les yeux, essayant de respirer pour lui tellement il déblatérait tout à une vitesse folle. Il était plus rouge qu'une tomate et fini par me faire sortir de son bureau presque à coup de pied. Il avait fait son travail.

Je marchais maintenant dans le couloir comme je le faisais chaque jour. J'avais le nez plongé dans mes bouquins et je ne regardais pas où j'allais. Je sentis un obstacle sur le sol et m'écrasa de tout mon long sur le sol. Mes livres atterrirent quelques mètres plus loin dans l'hilarité générale. Je vis deux jambes s'avancer vers moi et s'arrêter au niveau de ma tête. Je levais la tête et compris que je n'étais pas tombée accidentellement. Alexander s'accroupie alors que je m'asseyais pour récupérer mes livres et surtout pour ne pas le regarder. Son pote était debout sur le dernier livre que j'allais saisir et il l'écrasait et pliait les pages contre le sol. Je devins rouge de rage.

- Un imbécile comme toi sait combien coûte ce livre ?!

Il se déplaça en pouffant. Je devais être ridicule.

- Crétin.

Puis je me tournais vers ma pile de livres pour le positionner dessus et tomba nez à nez sur Alexander. Je l'avais oublié lui. Nous restâmes longtemps à nous observer puis il se leva et me toisa de sa hauteur. Moi je ne vis que son charisme. Il représentait tellement bien la haute société avec cette chemise noire rentrée dans le pantalon de la même couleur, avec cette Rolex qu'il portait au poignet et avec ces cheveux en pagaille qui lui donnait une prestance fabuleuse. Bien loin de tout ce que j'étais. Je faisais tâche dans le décors dès qu'il apparaissait.
Je pris une grande inspiration et me levais, les livres collés contre moi. Je passais devant lui sans un regard, appuyant bien sur son pied au passage. Je savais que je ne lui avais pas fait mal, mais ça m'avait fait du bien.

*

J'étais assise à une table et j'attendais que mon heure de colle commence. Évidemment, Alexander ne s'était pas présenté, comme à son habitude. Le pion me regardait, je crois qu'il ne savait pas non plus qui j'étais.
Ca faisait une demi-heure que je potassais quand quelqu'un entra en trombe.

- Bastian tu peux venir on a besoin de toi ! Quelqu'un a tagué un mur.
- Tu ne bouges pas Xena.
- Comme si j'avais autre chose à faire, répondis-je avec sarcasme.

Puis je fus seule dans la pièce. J'étais la seule collée ce soir. La loose totale. Je posais mon stylo pour tourner une page du manuel quand quelqu'un frappa avec force contre la vitre. Je regardais et vis Alexander me faire signe de venir et d'ouvrir la fenêtre. Je m'exécutais sans grande envie.

- Viens avec moi !
- Où ça ?
- Aucune idée, mais on va sortir de ce bahut.
- Pourquoi je te suivrais Alexander ? Dis-je froidement.
- Parce que je sais que tu préfères me supporter plutôt que de rester ici, non ?

Je soupirais et lui pris la main quand il la proposa. Je montais sur le rebord de la fenêtre. Je n'arrivais pas à croire ce que j'étais en train de faire. Surtout avec lui. Il me saisit par la taille pour me faire descendre et je coupais ma respiration. Il me faisait de plus en plus d'effet et je ne pouvais pas lutter contre ça. Une fois que j'étais debout sur le sol, il me regarda et prit ma main. Je me dégageais d'un mouvement brusque et il me reprit la main et me tira quand il commença à courir. Je le suivi et je ne pouvais m'empêcher de sourire, j'étais aux anges, même si je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça. Il me lâcha la main quand on arrivait au niveau de sa voiture. Le toit était décapoté et il sauta par dessus la portière et se glissa derrière son volant. Il se pencha pour m'ouvrir la portière et au moment où je me posais sur le siège il démarra en trombe. Mes cheveux volèrent au vent et je continuais de rire.

- C'est toi qui as fait le tag ?
- Oui, dit-il en me regardant.
- T'es fou, répondis-je de bonne humeur. On va avoir des ennuis. En plus j'ai tout laissé là-bas on ne peut pas travailler sur l'exposé.
- Eh bien on ne travaille pas tant pis !

Il arrêta la voiture dans un chemin peu fréquenté. Je n'avais plus peur. Au fond il n'était peut-être pas si détestable que ça. Je ne m'étais pas encore fait d'avis sur lui.

- Tu pourrais me ramener chez moi ?
- Déjà ? Je pensais qu'on pouvait...

Il marqua une pause et sorti de la voiture pour farfouiller dans son coffre. Je passais ma main dans mes cheveux en l'attendant. Il revint avec deux énormes livres et me les déposa sur les genoux. Je regardais les livres, puis Alexander, et encore les livres.

- C'est quoi ?
- Des livres, lança-t-il malicieusement.

J'ouvris le premier livre et vis des images de loups-garous et des annotations partout dans les marges. Le livre avait été étudié. Je regardais Alexander perplexe et il se justifia instantanément.

- J'ai trouvé ça dans la bibliothèque familiale, j'espère que ça pourra t'aider.
- Ils sont fabuleux, lançais-je plongée dans les pages.
- Tu es une passionnée ?
- En quelque sorte. Croire en ce genre de choses me permet de m'évader de la réalité.
- Qu'est-ce qu'il y a de mal à vivre parmi nous Xena ? Le monde n'est-il pas assez beau comme il est pour que tu inventes des choses qui ne l'embellissent sûrement pas ?

Je fermais le livre et plongeais mon regard dans le sien. Il avait raison, même si je ne lui avouerais jamais. Je me sentais bien, avec lui à mes côtés. J'avais l'impression d'être protégée de n'importe quoi. Des larmes coulèrent et s'écrasèrent sur la couverture du vieux livre. Je reniflais un coup et regardais à travers le pare-brise alors que je sentais encore le regard d'Alexander sur moi. Je respirais de façon saccadée sous son effet. Il m'avait enfin remarqué au bout de trois ans. Il approcha sa main de ma joue et me murmura des mots rassurants. Il était si attentionné qu'il en était encore plus craquant. Je n'arrivais pas à le détester dans de pareils moments. Il posa les livres sur la banquette arrière alors que je regardais toujours loin devant moi. Puis il prit ma tête entre ses grandes mains et la fit pivoter vers lui. J'en avais le souffle coupé. Il s'approcha de moi doucement. Mes larmes cessèrent de couler dès que ses lèvres touchèrent les miennes avec délicatesse. Quand il s'éloigna, je ne demandais qu'à en ravoir. Je le voulais lui. J'avais été assez patiente. Il me sourit et je l'embrassais plus passionnément. Il me porta et je me retrouvais sur ses genoux, avec le volant dans le dos. Il continuait de m'embrasser et je ne respirais toujours pas, ayant peur que ça me réveille d'un trop bon rêve. Il passa ses mains sur ma taille alors que les miennes lui tiraient légèrement les cheveux. Il parcouru tout mon corps jusqu'à remonter au niveau de mon dos. Je n'y croyais pas le moins du monde.

Des phares apparurent derrière la voiture et un policier sorti à notre rencontre. Il faisait pratiquement nuit maintenant. Je me rassis sur mon fauteuil, la tête encore dans les nuages. Je fixais le policier alors qu'il parlait à Alexander.

- Alexander, tu sais très bien ce que pense ton père de tes sorties. Rentre chez toi, ça vaut mieux, ce n'est pas très sûr par ici en ce moment.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demandais-je pleine de curiosité.
- Rien d'important, affirma Alexander fermement.

Son ton me tut immédiatement. Il démarra la voiture e fit une marche-arrière une fois que le policier fut parti. La réaction d'Alexander était plutôt louche.... pourquoi avait-il réagit de la sorte ?
Une fois arrivée devant chez moi, il me dit au revoir avec distance et disparu aussi vite que nous étions arrivés. Ma mère m'attendait sur le perron, j'allais encore avoir le droit à l'éternel discours qu'elle me ressortait à chaque fois qu'elle me voyait avec un garçon et j'allais de nouveau l'éviter en lui disant que j'étais fatiguée. Ça ne manqua pas.

Une fois dans mon lit, je réalisais comment ma vie avait changé en l'espace de deux jours. Je voyais encore Alexander plonger son regard dans le mien, ses lèvres m'embrasser et ses mains parcourir mon corps. Je m'endormis avec cette vision. La journée du lendemain promettait d'être radieuse.

VULNERABILITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant