CHAPITRE 43

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L'adrénaline me prit le corps, et j'avais l'impression de ne réagir que par instinct. Mes griffes ne voulaient pas sortir de mes doigts alors que la panique m'envahit. Les jumeaux se trouvaient devant moi accompagnés par la jeune noire. Elle tenait un sabre qu'elle savait apparemment très bien manier. Je réussi à éviter toutes leurs attaques jusqu'à ce que Moses me plante ses griffes au niveau des reins et remonte tout le long de mon dos, me lacérant et provoquant de graves lésions. Je me mis à hurler sous la douleur. Lui semblait prendre plaisir à me voir souffrir. Aaron me sectionna les tendons des chevilles et je tombais sur le sol de la forêt. Je pleurais tellement j'avais mal. Ils me toisèrent avec mépris et je sentis une lame s'enfoncer loin dans mon âme. Puis revenir encore et encore, jusqu'à ce que je rende mon dernier soupir.

Je me réveillais en sursaut et essayais de reprendre ma respiration. Je me redressais en vitesse et alluma la petite lampe de chevet à côté de moi. Sean me regarda et me serra contre lui quand il comprit que j'avais fait un mauvais rêve. Il me déposa un baiser sur mon épaule et passa ses bras contre mon bassin.

- Recouche-toi chérie...

Je me collais à lui pour reprendre mes esprits. Mes yeux s'embuèrent de larmes, j'avais vraiment eu l'impression de mourir. Comme si mon rêve s'était vraiment passé, comme si j'avais vu ma propre mort. Je ne réussi à m'endormir que beaucoup plus tard. Sean s'était déjà rendormi. Depuis ma transformation, je pouvais sentir une nouvelle odeur provenant de lui. Il sentait le sucre, comme un mélange subtil de canne à sucre et d'une autre substance parfaitement masculine. Une odeur qui le rendait protecteur et qui me permettait de fermer les yeux tout en sachant qu'il ne m'arriverait rien. J'aimais coller mon oreille contre son coeur, comme je le faisais avant, même si mes sens ultra développés me rendaient compte de chaque pulsation qui parcourait ses veines, de chaque inspiration d'air de ses poumons et que je pouvais même savoir s'il avait mal à un endroit en particulier. Son rythme cardiaque est beaucoup plus rapide depuis qu'il est un loup garou, chose normale puisqu'il a le coeur d'un animal. Je finis par m'assoupir dans un sommeil étrange, entre deux univers, comme si j'hésitais entre dormir ou me réveiller mais que je n'arrivais à faire aucun des deux. Je soupirais longuement, ma tête contre ses pectoraux et finis par m'endormir pour de bon.

*

La musique se déclencha sans nous brusquer le lendemain matin. Je tapotais un peu partout sur la table basse avant de trouver enfin le réveil et de l'éteindre. Sean bougea et se colla dans mon dos, enfouissant sa tête dans mon cou. Je souris à ce doux réveil qui contrastait avec la nuit éprouvante que je venais de passer. Nous restâmes quelques instants collés l'un à l'autre et j'avais l'espoir que le temps arrête de s'écouler pour que je puisse profiter de ce moment pour toujours.
Le réveil sonna une seconde fois, me signalant qu'il était temps maintenant que je me lève.
Je me redressais et m'étirais, déclenchant le processus d'ouverture de mes griffes. Je fus surprise et les rétractais rapidement. J'étais vraiment sensible maintenant. Sean posa sa tête à même le matelas et positionna mon oreiller sur sa tête pour garder un semblant de nuit alors que je m'étais mise à ouvrir les volets. Chaque bruit de crissement du mécanisme de levée était assez audible pour parvenir à mes oreilles. J'entendais même Sean râler dans le lit alors que j'étais dans la salle de bain, à l'autre bout de la maison.

Une fois prête pour aller en cours je regardais Sean, encore allongé dans le lit. Il avait ressorti sa tête de sous l'oreiller mais avait tiré la couette pour qu'elle lui arrive jusque sous le nez. Je m'assis sur le bord du lit et enlevais un peu de couverture pour pouvoir apercevoir son beau visage. Il râla et remonta la couette. Je pense qu'il avait choisi de sécher les cours de la journée.

*

- Sean n'est pas là ?

Je me retournais dans le couloir et fixais Alexander. Il était encore et toujours charismatique dans ses affaires et dans sa façon de se tenir. Je haussais les épaules pour toute réponse et il me sourit.
Mais des flash de mon cauchemars vinrent bousculer la journée qui avait si bien commencé. Je me tins la tête au niveau des tempes et fermais les yeux, chaque image me revenait en tête et je ressentais à nouveau toute cette douleur. Je me mis à geindre et le grand blond me soutint par les épaules pour ne pas que je tombe. Je pris une grande inspiration et soufflais longuement. Ça me permettait de tout évacuer. Je répétais l'opération jusqu'à ce que je me sente mieux.

- J'ai parlé avec mon père des jumeaux, et apparemment il n'y a qu'un seul moyen de faire redevenir Oméga, commença Alexander.
- Lequel ? M'empressais-je de demander pleine de curiosité.
- Tu connais l'histoire des "Deux loups garous de Vienne" ?

Je fis non de la tête et Alexander m'emmena dans un recoin isolé. Puis il s'assit par terre et m'invita à en faire de même, avant de me conter l'histoire. Encore une histoire qui se déroule en France, le berceau de la culture lycanthrope.

- Un jeune Pamphyle avait réussi à faire sa vie parmi les humains, devenant un cultivateur apprécié dans le village. Pour améliorer son ordinaire, espérant bien attraper un lièvre ou un oiseau, ce jeune homme parti chasser dans les bois. Pour guetter son gibier, il monta au sommet d'un arbre, lorsque, soudain, il entendit les cris d'une femme provenir de la lisière de la forêt. Les hurlements se rapprochèrent et il se tapit bien à l'abri dans l'ombre du feuillage de l'arbre. Une jeune femme courait hors d'haleine, poursuivie par deux loups. Ils finirent par l'attraper et la blessèrent assez pour pouvoir jouer un peu avec avant que la mort ne l'emporte. Après ce petit intermède, ils s'installèrent au pied de l'arbre du Pamphyle. Il épaula son fusil pour tirer lorsque les loups se mirent à parler et à rire de la mort de cette pauvre femme. C'est à ce moment qu'il comprit qui étaient les assassins des différents meurtres dans le village depuis plusieurs mois. L'un des deux loups arracha la tabatière qu'il portait en collier et proposa une prise de tabac à son camarade. Après avoir bien discuté, les deux loups partirent, oubliant la tabatière au pied du sapin. Le jeune homme ramassa l'objet en descendant de l'arbre.

Alexander marqua une pause pour s'assurer que je suivais bien tout le fils de l'histoire. Moi, je buvais littéralement ses paroles parce j'aimais toujours autant que l'on me raconte les origines et les faits sur les loups garous.

- Le lendemain matin, il se rendit au bistrot pour mieux observer sa trouvaille devant un bon café, reprit Alexander. Il posa la tabatière sur la table quand des jumeaux d'environ le même âge que lui entrèrent à leur tour. L'un d'eux se précipita vers le Pamphyle et pointa l'objet de son index. Mais c'est ma tabatière ! Le jeune cultivateur la lui donna sans rechigner et il eu la certitude qu'ils s'agissaient des deux loups garous assassins de la veille. Il attendit que les jumeaux ressortent pour réveiller sa véritable nature. Maintenant, il allait faire ce pour quoi la nature l'avait doté, éliminer la vermine. S'en suivit un combat complexe et dur. Le Pamphyle réussi à mettre l'un des jumeaux au sol et lui planta ses griffes dans le coeur. Le corps se cambra, essayant de survivre. L'autre frère tomba sur le sol inerte alors que le jeune guerrier ne l'avait pas touché. Il comprit alors que des jumeaux étaient forcément liés et qui si on en touchait un, on touchait les deux. Le cultivateur relâcha sa prise sur le coeur du lycanthrope le croyant mort.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ? Dis-je avec rapidité.
- Comme on le sait déjà, les Alphas jumeaux illégitimes sont immortels tant qu'ils sont encore Alphas. C'est pour ça qu'ils se relevèrent tous les deux sans aucune blessure. Mais les avoir touché au coeur n'a pas été sans conséquence, ils étaient redevenu des Omégas, leur grade initial dans leur ancienne meute. Et une fois sous cette forme, ils redevenaient vulnérable. Le Pamphyle chargea alors son fusil de chasse avec des résidus d'argent et de plomb et bombarda l'un des jumeaux, le tuant sur le coup. Puis il parti et le village n'entendit plus jamais parlé du survivant et ne subi plus aucun meurtre.
- Donc tu penses qu'il faut les toucher au coeur pour les faire muter en Omégas et ensuite les tuer ? Demandais-je incertaine.
- Oui, mai il n'y a qu'un Pamphyle qui a le pouvoir de tuer des êtres comme ça...
- Mais je ne connais même pas encore toutes mes aptitudes et je ne maîtrise pas celles que j'ai !

Alexander me prit dans ses bras et je compris que ce geste voulait me faire comprendre que chaque chose viendrait en son temps. Je n'arrivais même pas encore à croire que je n'étais pas humaine, que je ne l'avais jamais été. Je soupirais un bon coup et me levais alors que la sonnerie retentissait pour nous annoncer le début d'une longue journée.

VULNERABILITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant