CHAPITRE 3

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Mon chat dormait en boule sur mes genoux. Il ronronnait et je le caressais avant de partir pour une nouvelle journée au lycée. Je regardais ma montre et me levais précipitamment en éjectant mon chat au passage. Il miaula avec force et j'attrapais mon sac avant de sortir en courant. J'étais en retard. Je n'avais pas vu le temps passer. Je courrais jusqu'à mon arrêt de car mais le car disparu à l'angle de la rue. Je soupirais et commençais à marcher le long de la route. J'allais être bonne pour une heure de colle à cause de mon retard. Les minutes s'écoulaient vite et les mètres parcourus beaucoup moins vite. Les voitures passaient à côté de moi et je me disais que ça ne valait même pas le coup d'aller en cours. J'entendis une voiture ralentir et rouler à mon allure. Il faisait encore à moitié nuit et ça ne me rassurait pas vraiment. La vitre se baissa et je regardais à travers.

- Je t'emmène ?

Je levais les yeux au ciel sans répondre et continuais de marcher en ignorant cette voix que je connaissais par coeur. La voiture redémarra et ne me lâchait pas.

- Tu vas te comporter en ado immature combien de temps ?
- Ça ne te dit pas de me lâcher juste deux secondes Alexander ?!
- Aller monte !
- Jamais ! Je ne veux rien avoir à faire avec toi.
- Tu préfères te prendre une heure de colle ? Demanda-t-il malicieusement.

Sans me poser de question je m'engouffrais dans la décapotable. Alexander accéléra et je me perdis dans l'horizon, son parfum embaumait l'habitacle, m'enivrant. Je priais pour qu'il ne me parle pas et qu'il oublie mon existence à partir de maintenant.

- Je suis désolé pour hier soir.
- Laisse moi tranquille.
- J'ai eu un imprévu tu sais, j'avais prévu de venir...
- Tu aurais pu me prévenir, lançais-je froidement.
- Tu ne m'as pas donné ton numéro, répondit-il avec sarcasme.

Je ne trouvais rien à redire. Il m'avait tué. Alexander passa une vitesse avec brutalité, sûrement excédé par mon comportement. Moi je voulais juste qu'il m'oublie. Pour toujours. Le moteur vrombit et la voiture accéléra sur le grand axe. L'adrénaline montait dans mes veines, bientôt suivie par de la peur. Il tourna sur la droite, changeant de route. Puis il pila sur un parking. Je repris ma respiration et me tournais vers lui. Il me fixait avec profondeur et je détournais mon regard. Il ferma à clef la voiture et j'enlevais ma ceinture, me collant contre la portière. Il me faisait vraiment peur, je n'aurais jamais dû entrer dans cette voiture. Mes yeux s'embuèrent de larmes et elles coulèrent le long de mes joues.

- Pourquoi tu pleures ? S'enquit-il.
- Tu me fais peur, sanglottais-je.
- Je voulais juste qu'on parle au calme c'est tout.

Je restais muette et regardais à travers la vitre. Je ne voulais pas croiser son regard, celui qui me faisait autant fondre de bonheur. Je n'arrivais même pas à croire que j'étais dans sa voiture. Il n'y avait eu que les gens de "l'élite" qui avaient l'honneur de poser leurs magnifiques fessiers sur ces sièges.

- Roule, dis-je simplement.

Alexander tourna la clef et le cabriolet démarra. Il bascula sa tête de droite à gauche plusieurs fois en pouffant de façon sarcastique.

- Pourquoi tu m'emmènes ce matin ?
- Parce que tu allais être en retard.
- Arrêtes sérieux, t'en as rien à faire de moi d'habitude alors pourquoi ce matin ? T'as mauvaise conscience pour hier soir.
- Non pas du tout, j'avais de bonnes raisons pour ne pas venir et je ne vais pas passer ma vie à m'excuser. Je t'ai pris parce que si tu te prends une heure de colle ce soir tu ne peux pas bosser et si tu ne bosses pas, tu vas me faire rater mes épreuves de fin d'année.

Toujours aussi détestable. Toujours ! Fidèle à lui-même. Je restais silencieuse. Le soleil avait enfin percé et le ciel devint rose et bleu. Il était magnifique.

- Je descends là, déclarais-je d'un coup.
- Mais on est encore loin du lycée...
- Je descends !
- Pourquoi ? Commençait-il à s'énerver.
- Parce que si je peux te permettre de repiquer une année dans ce bahut je ne vais pas m'en priver !
- Mais tu repiqueras avec moi.
- Je ne suis plus à ça près, ça fait déjà trois ans que je te supporte dans ma classe toi et tes grands airs, alors un an de plus je survivrais.
- Trois ans...
- Avoue tu ne savais même pas que j'existais avant hier !

Cette fois-ci c'est lui qui resta sans rien dire. Il arrêta la voiture et je pus descendre sur le bord de la route. La voiture disparue plus loin et je me mis à hurler et à l'insulter. Puis j'explosais en pleurs. Les automobilistes devaient me prendre pour une folle ou pour une hystérique. Voir les deux.

*

Je rentrais en trombe dans la salle de classe, ce qui m'attira tous les regards, sauf celui d'Alexander. Et j'en étais heureuse, sur le trajet final, j'avais décidé que je ne serais plus amoureuse de lui et que je ne craquerais plus pour un garçon comme lui. C'était fini. Je pris place sans un mot à côté de mon amie.

- Xena, vous serez collée ce soir.
- Avec plaisir Monsieur ! Lançais-je.

Alexandre posa sa tête dans sa main avec dépit. Il soupira et me fusilla du regard.

- Et pour votre insolence, je vous colle aussi demain soir.
- Encore mieux, dis-je à voix basse en souriant.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Me lança ma voisine.
- Monsieur vous ne pouvez pas faire ça !
- Vous serez collé avec elle ce soir Alexander, on va voir si je ne peux pas le faire.

Mon sourire s'effaça alors que celui du garçon fit place. Il avait réussi son coup, on allait devoir travailler sur notre exposé.
Le cours se termina et je fus l'une des premières à sortir, n'attendant personne. Je sortis dehors et m'assis sur les marches en béton, face à la cour pleine de roses. Alexander me passa devant avec ses amis et me lança un regard noir tout en discrétion. La guerre était déclarée.

VULNERABILITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant