CHAPITRE 7

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Alexander démarra en trombe et fit demi-tour sans regarder si des voitures arrivaient sur l'axe principal. Je mis ma main sur son bras et enfonçais mes ongles profondément dans sa peau. Il n'eut même pas une grimace de douleur, mais il me regarda perplexe.

- Tu devrais me ramener chez moi...
- J'ai pas le temps, on a une crise familiale sur le dos là.
- Ouais en plus y'a la meute voisine qui est entrée sur notre territoire et c'est la première pleine lune de Kristen ! Dit Matthew.

Je voulus ouvrir la portière mais Alexander m'en empêcha d'un mouvement de bras. Je commençais à sérieusement paniquer à bord de cette voiture.

- Tu vas te tuer si tu saute, déclara Alexander calmement.
- T'es un vrai crétin, vociférais-je, je pensais que tu changerais un peu, mais c'est impossible. Tu te ficheras toujours de moi !
- Pardon ? Demanda-t-il en se tournant vers moi.
- Ouuuuuh, murmura Matthew en mettant sa main sur sa bouche. Scène de ménage.
- On n'est pas en couple ! Déclarions-nous en choeur.

Matthew pouffa en nous regardant. Encore un gamin complètement immature ! Je soupirais et regardais à travers la vitre. Le toit était remonté et la pluie avait commencé à tomber avec fracas.

- Je ne penserais pas que tu mettrais tout ça en oeuvre juste pour te moquer de moi... Je suis vraiment déçue.
- Mettre quoi en oeuvre ?
- Regarde la route fréro ! Lança Matthew en se redressant.
- Reste à ta place Matt, hurla Alexander.
- Tu sais que je voues une passion pour les lycanthropes et il faut que tu te moques de moi... Je ne sais pas comment tu as fait, mais bravo, t'es vraiment fort, continuais-je indistinctement.

Alexander ne trouva pas la force de répondre. Le trajet se finit dans un silence de mort, parsemé de hurlements dès que nous étions entrés sur les chemins poussiéreux de la forêt. J'en avais marre qu'il se fiche H24 de moi, marre d'être prise pour la première des imbéciles juste parce que j'avais pu rentrer dans ce lycée grâce à une bourse.

Un manoir apparu, implanté dans une vaste clairière. La voiture dérapa sur l'herbe humide et Alexander sorti de la voiture et ouvrit ma portièe en me tirant en dehors par le bras. La pluie s'abattait sur nous. J'étais frigorifiée. Alexander se tourna vers son frère et lui demanda de me faire passer par derrière pour que personne ne me remarque. Matthew me fit escalader un petit muret et entrer par une fenêtre, chose vraiment invraisemblable en talons. Puis nous montâmes les escaliers en vitesse, comme si nous étions poursuivi... Matthew clencha une poignée de porte tellement vite que je croyais qu'elle lui était restée dans les mains. Puis il me poussa à l'intérieur de la pièce. Il farfouilla dans un placard et en sorti un T-shirt qu'il me jeta.

- C'est la chambre d'Alexander, personne ne rentre ici sauf lui. Si tu es trop mouillée tu enfiles son polo, puis tu te caches sous le lit et tu ne bouges sous aucun prétexte tu m'entends ? Sous aucun prétexte, si quelqu'un te trouve, t'es morte.

Puis il s'évada et j'entendis des cris surhumains déchirer l'air. Mais où-est-ce que j'avais atterri ?! Je me changeais en vitesse et retroussais les manches du polo. Puis sans savoir vraiment pourquoi, je fis comme Matthew me l'avait ordonné, je m'allongeais sous le lit.

Ne plus bouger, ne plus respirer, ne plus faire de bruit...
Ne plus bouger, ne plus respirer, ne plus faire de bruit...

Le silence de la pièce contrastait avec le vacarme venant du reste du manoir. Les hurlements continuaient et j'entendis des bruits de vaisselle cassée. J'entendais des bruits de pas dans les couloirs. Je ne savais pas ce qui se passait, mais ça ressemblait à un massacre. Je posais mes mains sur mes oreilles pour ne plus rien entendre, sans succès. La porte de la chambre grinça et je vis des pas bouger autour du lit dans un mouvement lent et régulier. Mon coeur s'accéléra sous la pression et je dûs mettre ma main devant ma bouche pour ne pas pousser de cri. Ce n'était ni Matthew, ni Alexander, les pas étaient plus lourds, prouvant qu'il s'agissait d'un homme plus vieux. Puis il disparu de mon champ de vision. Je repris mon souffle. J'avais eu chaud.

Je sentis deux mains me saisirent les chevilles et quelqu'un me tira par l'arrière. J'hurlais à pleins poumons en essayant de m'accrocher quelque part, pour ne pas me faire enlever. Je fus traînée sur plusieurs mètres, sans que je me tue. L'adrénaline montait dans mes veines et je me retournais pour voir mon agresseur. Je fus pris de panique en le voyant. Il n'était pas humain du tout. Ses yeux rouges me traversèrent et je fus tétanisée par la peur. Ses oreilles étaient allongées et il avait le nez large. Je sentis ses griffes animales quand il me saisit par la gorge et me souleva de plusieurs dizaines de centimètres. Je n'arrivais plus à respirer. Il grondait comme une bête sauvage et approcha sa tête de mon visage en dévoilant ses canines, digne d'un redoutable canidé. Il possédait même une queue de loup. Mais malgré ça, il possédait un corps humain. C'était comme un hybride, une créature mi-homme mi-loup. Finalement peut-être que Alexander ne s'était pas autant moqué de moi. Un autre hybride arriva derrière mon agresseur et lui sauta dessus en aboyant. Il le griffait avec violence dans le dos et mon agresseur me laissa tomber par terre pour lui faire face. Ils se sautèrent mutuellement dessus et roulèrent sur le sol en grondant. Je me réfugiais sous le lit et explosais en pleurs, je pétais littéralement les plombs. Le nouveau venu semblait plus jeune que l'autre. Le jeune attrapa la batte de base-ball à proximité et fracas sans se poser de question son ennemi. Puis il se releva et gronda en respirant puis s'approcha du lit. J'allais quand même mourir. Mes larmes coulèrent de plus bel. Quelle ironie ! J'allais me faire assassiner par des créatures que j'avais rêvé de rencontrer. Il se mit à genoux et se pencha vers le sol pour pouvoir me voir. Quand sa main me toucha je frissonnais et me collais un peu plus contre le mur. Sa main animale se transforma en une main humaine et jeune. Sa tête apparue sous le lit et il me fit un petit sourire pour me rassurer. Il était redevenu humain.

- Alexander ? Demandais-je entre deux sanglots.
- Tu ne crains plus rien, viens avec moi Xena...

Il me tendit ses bras mais je restais là où j'étais. J'avais trop peur pour ma vie même si je savais qu'il ne me ferait pas de mal. Il s'assit contre le mur en face de moi et je pus apercevoir du sang sur sa chemise blanche complètement déchirée. Je savais qu'il attendrait le temps qu'il faudrait. Mais moi j'avais trop peur, je ne savais même pas s'il avait tué l'autre lycanthrope. Je tremblais toujours autant.

Le temps passa, et il respirait toujours de façon saccadée. Il avait dû fournir un effort incroyable pour être autant à bout de souffle. Je me glissais tout en souplesse hors du lit et lui fis face, croisant mes bras devant moi. Mes cheveux formaient des gros noeuds et mon maquillage avait sûrement coulé tellement j'avais pleuré. Il plongea son regard dans les miens et esquissa un sourire quelque peu forcé, puis me tendit à nouveau ses bras. Je ne réfléchis pas très longtemps et me blottis contre lui. Il m'entoura de ses bras protecteurs et je fermais les yeux, me concentrant sur ma respiration et sur les battements de son coeur.

- Je suis désolé, me chuchota-t-il en passant sa main sur ma tête. Tellement désolé Xena...

Puis je m'assoupis contre lui. Le sol était froid et le polo qui me servait de robe n'arrangeait pas une potentielle sensation de chaleur. Mais Alexander me réchauffait et me calmait. J'étais en sécurité. Enfin.

VULNERABILITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant