CHAPITRE 20

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Quand j'ai appris cette nouvelle, j'étais en cours. Toujours assise à la même place... Seule contre mon mur. Alexander m'avait regardé avec pitié quand les policiers étaient venus me chercher. Comme s'il savait quelque chose. Je revoyais encore les fonctionnaires de police me tenir les épaules alors qu'ils m'annonçaient la terrible nouvelle. Des larmes coulèrent le long de mon visage et je me mis à pleurer.

- Comment s'est arrivé ? Sanglottais-je.
- On a retrouvé son corps dans la forêt, on ne sait pas encore petite. Sa voiture était toujours garée sur le bord de la route. On pense à une bête sauvage.
- Laquelle ? Déclarais-je regard mauvais.
- Un ours ou un loup...
- Un loup n'attaque jamais seul. Ils se déplacent par meute.
- Il y en a une du côté du manoir des Hunt. Mais nous n'en sommes pas sur, ça peut aussi être un malade...
- Je peux la voir ? Demandais-je la voix frêle.

Ils m'emmenèrent dans leur voiture jusqu'au commissariat. Mon coeur palpitait à mesure que je m'en rapprochais, comme si je comprenais avec les kilomètres que tout était réel. Je reniflais pour évacuer ma douleur.

*

Maman.
Maman...
Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Je sais très bien qu'il n'y a qu'une meute de loups pour faire autant de dommages sur de la chair...
Maman...
Comment vais-je faire sans toi ? Je t'aime tellement, tu étais tant pour moi. Je te promets que je te vengerais, quoi qu'il puisse m'arriver, je peux te le promettre, ceux qui t'ont fait ça seront bientôt morts. Mais pour ça, je dois me montrer forte. Forte pour nous deux. C'est si difficile alors qu'ils viennent de t'arracher à moi. Quand je passe ma main sur tes pommettes je ne peux m'empêcher de te revoir sourire, je te sens encore me prendre dans tes bras, me souffler que tout ira bien. Je touche encore tes cheveux bruns dont j'étais jalouse, mais je ne vois plus tes yeux qui me guidaient. Ma seule lumière vient de s'éteindre et maintenant je dois marcher seule dans la pénombre.
Maman... Je t'aime.

Une fois dehors, je fixais l'horizon les yeux embués de larmes. La lune montait haut dans le ciel et semblait me regarder et compatir à ma douleur. Que pouvais-je faire maintenant ? J'essuyais mes yeux d'un mouvement furtif et reniflais légèrement pour faire disparaître toute trace de peine. Mais au fond de moi, j'étais écroulée, dévastée, ruinée. Tout simplement perdue. Mon coeur criait tout ce que ma bouche n'avait pas dit. Je voulais ma vengeance.
Je me mis à marcher sur le trottoir pour rentrer à la maison. Une maison vide de toute vie. Elle n'était qu'à quelques pâtés de maison du centre ville et j'y serais dans une dizaine de minutes. Le froid me saisit et c'est à ce moment là que je me rendis compte que mon sac état resté en salle de cours. Je soupirais et regardais droit devant moi. Mais un visage attira mon regard de l'autre côté de la rue. Alexander. Nous nous fixâmes quelques instants et il déguerpi quand je me mis à traverser la route pour venir à son encontre. Je couru derrière lui pendant un bon kilomètre et me stoppais à la lisière de la forêt...

Là se tenait un majestueux loup noir qui me fixait de ses yeux clairs et jaunes. Je restais immobile face à la beauté de l'animal. Il était beaucoup plus grand qu'un loup commun, sa tête devait arriver au niveau de mon épaule. Il fit un pas en avant et moi un en arrière. Son regard était doux et ferme à la fois. Alexander. Je savais que c'était lui. Mes yeux se révulsèrent quand la vision de ma mère lacérée me revint à l'esprit. C'étaient des bêtes comme lui qui l'avaient assassiné. Ces bêtes à qui j'avais voué un intérêt sincère, que j'avais toujours voulu protéger alors que personne ne me croyait par rapport à leur existence. Ces bêtes si parfaites à mes yeux qui avaient mis fin à la vie de ma mère. Des bêtes que je commençais petit à petit à détester et à maudire.

Je regardais attentivement le loup, prête à réagir au moindre mouvement. Mais quand il me vit reculer, il ne bougea plus pendant les minutes suivantes. Des poils blancs parsemaient sont pelage au niveau du poitrail et du ventre. Il imposait le respect. Je mis mes genoux au sol et serrais des amas de terre dans mes paumes pour m'empêcher de lui sauter dessus. Je réclamais vengeance, mais je ne pouvais pas faire de mal à Alexander. Jamais. Alors je me mis à lui hurler dessus, parce que je ne pouvais le blesser que de cette façon là. J'étais incapable de lui faire autre chose. J'éclatais en sanglots sur le sol sans qu'il ne vienne vers moi, son animalité lui en empêchait tout geste.

- Pourquoi Alexander ?! Pourquoi vous avez fait ça ?! Tu voulais te venger ?!
- Nous n'avons rien fait Xena.

Sa voix me fit trembler et arrêta mes sanglots quelques instants. Juste le temps que je reprenne mes esprits. Si caverneuse, si animale, si ténébreuse... J'en étais vulnérable. J'étais une nouvelle fois vulnérable face à Alexander. Mais même s'il me disait qu'ils n'y étaient pour rien, je savais que c'était l'oeuvre des loups, je savais que c'était son espèce qui m'avait enlevé ma mère. Et rien que pour ça, ils devaient le payer au prix fort. Ils devaient me donner leurs vies. Ils allaient me donner leurs vies. Ils avaient chassé ma mère et maintenant c'était à moi de les chasser.

VULNERABILITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant