VULNERABILITE

CHAPITRE 8

La lumière filtra à travers les trous du volet. Je gémis légèrement en ouvrant les yeux, et passais les bras par-dessus le drap blanc. Je vis une ombre s'activer au fond de la pièce et me rendis compte que je n'étais pas dans ma chambre, et encore moins dans mon lit. Je me redressais d'un mouvement souple et soupirais. Ma tête tourna et je me rebasculais en arrière sur le dos. L'oreiller était particulièrement moelleux, ce qui ne donnait pas du tout envie de se lever. Je me tournais sur le côté et vis Alexander me tourner le dos. Il était en boxer et cherchait des vêtements dans son armoire. Sa chemise de la veille était roulée en boule par terre et toute la soirée me revint en mémoire. J'ouvris la fenêtre pour pouvoir respirer et je me mis à trembler. L'extérieur du manoir était dévasté, comme si une tornade était passée pendant la nuit. Alexander avait enfilé un pantalon et se tournait vers moi en boutonnant une nouvelle chemise blanche. Il me sourit et ferma son armoire.

- Je te dois quelques explications Xena.
- Oui je suis d'accord, mais... t'as dormi où cette nuit ?
- Bah dans mon lit, dit-il en me montrant l'emplacement à côté de moi.

J'écarquillais les yeux et il pouffa de rire. Il noua une cravate et enfila une veste de costume.

- Non j'ai dormi sur la banquette, ne t'inquiète pas.
- Tu vas où ?
- Dire bonjour à ma famille.
- La mienne doit s'inquiéter, dis-je fermement en me levant du lit.
- J'ai envoyé un message à ta mère avec ton téléphone pour lui dire que tu dormais chez une amie après la soirée.

Il marqua une pause et me regarda intensément de haut en bas. Je tirais sur le bas du polo, parce qu'il ne descendait pas assez à mon goût. Je retroussais mes manches et paru sûrement gênée parce qu'il me sourit. Il sorti et me laissa en plan dans la pièce. Toujours aussi attentionné... Je soupirais et me laissais tomber sur le lit. Il débarqua avec une jolie robe à fleurs dans les mains et je me redressais en vitesse. Il me la tendit en souriant légèrement.

- Elle est à ma soeur, je pense que vous faites la même taille.
- Merci, dis-je simplement.

Il me fixa un instant et compris enfin qu'il fallait qu'il s'éloigne pour que je puisse me changer. Le vent soufflait avec brutalité dehors et tapait contre la fenêtre, me faisant sursauter.

- Je t'attends derrière la porte...

Une fois qu'il fut parti je me changeais en vitesse et essayais de m'arrangeais un peu les cheveux. Je les attachais en chignon avec un vieil élastique que j'avais trouvé dans un recoin de sa commode. Puis je sortis de la chambre. Alexander m'attendait devant la porte. Nous descendions les escaliers et nous nous dirigeâmes vers la salle à manger. Cinq personnes étaient assises à table et leurs regards se posèrent sur moi à l'instant où j'arrivais au bras d'Alexander.

- Ouah mais t'es encore vivante Xena ! Rigola Matthew.
- Pas grâce à papa en tout cas, se renfrogna Alexander.

Un homme d'une quarantaine d'années me toisa alors qu'Alexander me tirait une chaise à côté d'une jeune femme magnifique. Puis il s'assit en face de moi, près d'un garçon qui était forcément son grand frère. Personne ne parlait. La jeune fille se tenait les poignets avec douleur. Je vis des marques de strangulations, comme si on lui avait mis des menottes et qu'elle avait tiré dessus. Alexander me présenta chaque membre de sa famille. Le grand blond à côté de lui était Scott et la jeune fille s'appelait Kristen, c'était également sa soeur. Évidemment je connaissais déjà Matthew, le petit dernier de la famille. Mais je remarquais qu'il ne m'avait pas présenté la femme qui je pensais être sa mère.

- Et puis tu connais mon père, qui a voulu te tuer hier soir, c'est Jack.

Je baissais la tête et mes yeux s'embuèrent de larmes. Je sentais encore ses griffes contre ma peau. Je passais mes mains délicatement dans mon cou et regardais toujours mon bol vide. Alexander fusilla son père du regard et se leva. Il posa ses mains sur mes épaules et je me mis à trembler de tout mon corps. Mon rythme cardiaque s'accéléra et je me levais également.

- On va au lycée, à ce soir.

Personne ne répondit et nous quittâmes la maison. Je montais en voiture sans parler et essuyais les quelques larmes qui coulaient le long de mon visage. Alexander démarra la voiture en silence et me regarda.

- Je suis vraiment désolé tu sais Xena, mais je ne pouvais vraiment pas te ramener chez toi... On a eut de gros problèmes à la maison hier soir...
- Ne te justifie pas Alexander.
- Non mais je sais que ce n'est pas facile à croire...
- Tu rigoles, m'exclamais-je, c'est incroyable ! Tu te rends compte que j'attendais ça depuis toujours ?
- Mais... pourquoi tu pleures ?

Je positionnais mes mains autour de mon cou sans répondre. Je crois qu'il comprit avec un regard. Puis nous arrivions sur le parking du lycée. Tout le monde me regarda de la tête au pieds. Je plongeais mon regard dans celui d'Alexander et il enlaça un de ses bras autour de ma taille. Il rigolait légèrement et moi j'étais assez gênée de m'afficher en public avec lui. Surtout quand il me collait comme ça contre lui.

- Qu'est-ce que tu regardes minable ? Lança-t-il à un garçon à lunette de façon hautaine.

Une fois dans le hall, je me détachais instinctivement de lui. C'était fou comme il pouvait attirer tous les regards, chose que moi je ne supportais pas.

- Je te laisse.
- On se retrouve en cours, dit-il en souriant.
- Tu sais... Je préfère qu'on ne se parle pas trop... J'ai pas envie de devenir une de ces filles populaires et orgueilleuses...
- Oh, fit-il un peu déçu, donc on ne se parle plus ?
- Si, enfin... Pas trop non plus... Pour l'exposé quoi...

Puis je partis, complètement mal à l'aise. J'entendis ses potes arriver près de lui en rigolant.

- C'est moi ou tu viens de te prendre un râteau mon gars ? Lança Max moqueur.
- Un râteau par ça ?! Nan pas du tout, ça ne va pas la tête ou quoi ?

Alexander ne savait pas que je l'avais entendu. C'était incroyable comme je n'arrivais pas à le cerner. Il pouvait être totalement attentionné et la minute d'après complètement détestable.