VULNERABILITE

CHAPITRE 61

Je n'eus pas le temps de réagir. Juren m'envoya un coup de poing dans la joue suivi de près par un coup de genou dans les côtes. Je reculais dans un mouvement de fuite, mais il me rattrapa quand j'arrivais au niveau des jumelles blondes. Juren s'immobilisa et fixa l'une d'elle.

- Mélissa... dit-il d'une petite voix perdue.

La haine à mon égard se répercuta dans ses pupilles et il aboya en me montrant ses crocs. J'entendis Alexander hurler une fois de plus à la mort et j'eus peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Les oreilles et la queue de Juren étaient d'un blanc immaculé, qui contrastait avec le métissage de sa peau et le noir profond de ses cheveux. Il me poussa violement et je vascillais avant de garder mon équilibre. Malgré mon effort, il m'attrapa une cheville et me traîna sur le sol rugeux à certains endroits où l'herbe avait disparu. L'adrénaline se mêla à la panique quand je le vis me passer une corde autour de la cheville et me hisser par cette cheville à une branche. J'avais la tête en bas et tout le poids de mon corps ne reposait que sur une jambe, j'avais d'affreuses crampes. Il y a quelques temps j'en aurais sûrement pleuré, mais plus maintenant, je savais retenir mes émotions. Je sentis ses griffes s'enfoncer au niveau de mon épaule alors qu'il me tenait la tête avec son autre main. Il m'entailla le bras de la clavicule jusqu'au poignet avant de m'attacher les mains dans le dos avec un reste de corde. Je me concentrais sur ma respiration pour contrôler la douleur et la panique qui me submergeaient. Je saisis son avant-bras à pleines dents quand il passa près de moi et il me giffla avec une violence sans précédent. Les os de mon cou craquèrent sous le choc et ma tête se mit à tourner dangereusement, comme si j'étais au bord du malaise. Mon sang s'égoutait sur le sol, comme quand on saignait les poulets dans les émissions que j'avais pu voir à la télé. J'étais réduite au même état que ces bêtes soumises.

Juren attrapa mon visage à la base de mon cou et s'approcha pour pouvoir m'égorger en beauté. Mais au moment où j'aurais dû fermer les yeux pour ne pas voir approcher la mort, je plongeais mon regard dans le sien et je le vis changer. Ses yeux devinrent livides, comme celui de la jumelle que j'avais réussi à blesser. Il regarda son ventre et posa ses mains dessus, il saignait abondemment. Puis il s'écroula sur le sol. Je n'avais rien vu venir, mais la silhouette d'un garçon sortit de l'ombre et je pus découvrir son visage.

- Matthew, chuchotais-je avec le peu de force qu'il me restait.

Le garçon fit un signe dans la pénombre et Scott apparu également. Il tua de sang-froid Juren qui commençait à s'éveiller. Au moment où la vie le quittait, j'entendis un hurlement de terreur provenir de l'autre bout du stade, puis le silence. Rien que le silence. Scott me prit dans ses bras alors que Matthew coupait la corde qui me retenait prisonnière. Il me posèrent contre le tronc de l'arbre pour que je reprennes mes esprits. C'est alors que je compris à quoi servaient les hurlements d'Alexander. Il avait appelé sa meute, sachant que nous ne ferions pas le poids. J'entendis des bruits de pas et une respiration courte et inquiète arriver vers moi. Alexander se précipita près de moi et me saisit le visage entre ses mains douces malgré la bataille. Je sentais en lui de l'anxiété et de la haine pour ceux qui m'avaient mis dans cet état. Je plongeais mon regard dans le sien et esquissais un vague sourire. Je finis par m'évanouir au moment où je sentis l'odeur de Sean dans les parages. Je ne pouvais plus supporter la douleur que mon corps m'infligeait.