J'étais plongée dans mes manuels, assise seule à l'une des tables d'étude de la bibliothèque. Les cours étaient terminés mais j'avais prévenu ma mère que je voulais m'avancer dans les fiches de révision pour mes épreuves de fin d'année. Mais c'était surtout que je ne voulais pas me retrouver seule dans ma chambre, j'aurais trop peur du noir, je le savais. Je préférais rester là où les humains étaient encore des humains.
- Je savais que je te trouverais là.
Je levais les yeux au ciel en reconnaissant la voix si parfaite d'Alexander. Je le fixais et il me fit un large sourire, que je ne lui rendis pas du tout.
- Évidemment, c'est là qu'on trouve ça, répondis-je froidement.
- Ça quoi ?
- Les gens comme moi. Les ringards, les naïfs et les pauvres.Il avait compris que je l'avais entendu. Je me replongeais dans mes révisions, croyant que ça lui suffirait et qu'il partirait. Mais non. Il s'assit en face de moi et poussa mes livres pour que j'arrête de l'ignorer.
- C'est pas du tout ce que je voulais dire, mais avec les gars je...
- Tu ne dois pas perdre la face, le coupais-je. Tu ne dois pas t'associer à des gens qui ne sont pas de ton niveau.
- Non c'est pas ça.
- Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille pour de bon ? Comme tu l'avais fait pendant toutes ces années. Moi je ne veux plus souffrir.
- Je ne peux pas te laisser tranquille.
- Ah ouais et pourquoi ?! Vociférais-je.Il se leva et tapa de ses deux poings sur la table, face à moi. Tous les gens se retournèrent vers nous.
- Parce que je t'aime Xena ! Hurla-t-il.
J'écarquillais les yeux et restais abasourdie par sa déclaration. Les gens commencèrent à parler parce que tout le monde le connaissait et que moi j'étais une petite inconnue. Je pris mes livres et les fourrais dans mon sac, puis allais signer le registre de sortie. J'en avais marre de tous ses trucs pour me faire mal un peu plus tous les jours. Je n'en pouvais plus. Il me courut après, sur le parking, alors que je partais prendre mon bus. Il m'attrapa la main et m'arrêta. Je lui fis face, le visage dur.
- C'est quoi ton problème sérieux Alexander ? Tu ne peux pas aller faire mumuse à martyriser une pauvre fille autre que moi ?
- Mais pourquoi tu me prêtes de mauvais mobiles à chaque fois ?
- Parce que à chaque fois que je ne le fais pas, tu finis par me décevoir.Je lui tournais le dos et recommençais à marcher. Je ne tomberais pas une nouvelle fois dans son panneau. Il me dépassa et se posta devant moi, m'obligeant à m'arrêter face à lui. Il saisit chacun de mes bras avec ses mains dans une profonde douceur et je vis ses yeux pétiller dès qu'il les plongea dans les miens. C'était si dur de lui résister... Je détournais les yeux pour essayer de me ressaisir.
- Xena je... Les mots que je t'ai dit, je ne les utiliserais jamais pour te faire du mal, ils sont trop puissants pour ça. Je sais que parfois je suis un vrai crétin avec toi mais c'est juste parce que je ne sais pas quoi faire. Parce que ce que je ressens pour toi, je ne l'ai jamais ressenti pour quelqu'un. Tu dois me croire.
- Souvent, dis-je en souriant.
- Pardon ?
- Tu es souvent un parfait crétin Alexander.Il me rendit mon sourire et approcha son visage du mien. Je reçu une véritable décharge électrique quand sa bouche se déposa sur la mienne et je posais mes bas autour de son cou. Je ne voulais jamais arrêter ce moment magique à mes yeux. J'avais enfin l'être que j'aimais pour moi. Il me prit dans ses bras et me serra fermement contre lui. Je ne pouvais pas mieux me sentir. Je lui souris et fixais l'horizon. Je pris un air grave quand je vis mon bus démarrer. J'enlevais en vitesse mes talons et entraînait Alexander dans une course folle pour que je ne rate pas mon arrêt. Nous rigolions et je finis par taper contre le carreau avant qu'il ne soit trop tard. Je l'invitais à monter avec moi, de toute façon le chauffeur ne contrôlait jamais les titres de transport.
Nous arrivâmes à la maison et j'ouvris la porte. Mon chat qui habituellement venait directement me câliner, sauta tout en fureur sur la jambe d'Alexander en fêlant. Le garçon fit un geste de recul et fit gronder la bête en lui. Mon chat le lâcha directement et parti miauler sous le canapé.
- Tu dois être la première personne que Moustache déteste !
- C'est un peu compréhensible non ? Dit-il sur le ton de la bonne humeur.Je lui souris pour toute réponse et vis ma mère surgir du couloir. Elle se stoppa quand elle vit que je n'étais pas seule, et paru même gênée. Elle regarda Alexander de haut en bas et il s'approcha d'elle, lui tendant une main pour la saluer. Elle la saisit et me regarda d'un air interrogateur.
- C'est mon binôme pour l'exposé de fin d'année, on voulait bosser un peu au calme.
- A part ça c'est moi qui n'assume pas hein, me chuchota-t-il une fois que ma mère nous avait quitté.Puis nous entrâmes dans ma chambre. Il s'assit sur un pouf que j'adorais particulièrement. Je regardais ma chambre et éprouvais une énorme honte. C'était le bazar total.
- Alors comme ça tu es bordélique ? Demanda-t-il en se moquant.
- Non, c'est de l'art conceptuel, nuance !Nous rigolâmes et je me mis à farfouiller dans mes notes pour l'exposé. Mais je ne pouvais m'empêcher de regarder ce garçon qui me hantait toujours autant et qui se trouvait juste sous mes yeux.
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VULNERABILITE
WerewolfLe lycée est une institution qui favorise la dictature. Les "populaires" dominent tous les autres. Et méprisent les gens qui ne rentrent pas dans leurs critères. Les gens comme moi. Je fais partie de la mauvaise élite : les geek (les ringards quoi...