CHAPITRE 5

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Je me regardais dans le miroir. Je crois que je n'avais jamais rien porté de pareil durant toute ma vie. Ma jupe en tartan vert ne m'arrivait qu'à la moitié de mes cuisses et ma chemise blanche dépassait. J'étais en train de nouer une cravate de façon lâche autour de mon cou. Je souriais. J'avais décidé que je passerais une bonne journée.

*

Je marchais à travers le parking une fois que le bus nous avait déposé et j'entendais les gens parler dès que je passais devant eux. Comme quoi il ne fallait pas grand chose pour faire parler de soi dans ce lycée. Je ne portais pas de sac, vu que j'avais tout laissé en plan hier soir dans la salle pour suivre Alexander. Je passais la grille pour me diriger vers le bâtiment principal. Une main m'attrapa le bras et me tira dans un recoin sombre. Je poussais un petit cri étouffé. Je fus plaquée contre le mur et l'ombre me lâcha.

- Tu ne dis rien à propos d'hier soir ok ?
- Alexander ? Dis-je étonnée.
- Ca doit resté secret tu m'entends. J'ai une copine.
- T'es sérieux là ? Déclarais-je surprise.
- Oui très !
- Pourquoi tu m'as embrassé alors ?!
- Je devais te remonter le moral, tu pleurais. N'y vois là que l'aide d'un ami.
- Je n'ai pas besoin d'ami ! Vociférais-je.

Je me dégageais de son emprise et parti sans un mot. Si je disais quelque chose de plus, j'éclaterais en pleurs. Il n'avait pas changé. Il était toujours aussi mauvais et manipulateur. Un jour je lui ferais la misère.
Je rentrais dans le bâtiment principal, suivie de près par Alexander. Nos chemins se séparèrent quand il tourna sur la gauche pour rejoindre sa bande de potes dans des check interminables. Ses copains avaient les yeux rivés sur moi et j'entendis des brides de conversation.

- Elle envoie du lourd.
- Ouais, elle est super bien fichue !
- Tu la connais Alexander ?
- C'est Xena je crois, répondit le garçon sans un regard.

Je partis vite de là et me dirigeais vers mon casier. Je l'ouvris avec ma combinaison alors que les paroles d'Alexander me hantaient. Je crois, comment pouvait-il dire ces mots avec ce qu'il s'était passé la veille ?

- Alexander ! Xena ! Dans mon bureau tout de suite ! Hurla le directeur à travers le couloir.

Tout le monde se retourna vers nous quand Alexander me rejoignit en courant pour marcher à mes côtés. Je savais pourquoi j'étais convoquée et j'allais me faire coller jusqu'à la fin de ma vie.

- Tu es magnifique, me souffla Alexander à l'oreille.
- Regarde autre part, lançais-je froidement.
- Tu m'en veux autant que ça ? Demanda-t-il avec un sourire sarcastique à la commissure des lèvres.

Je m'arrêtais et le poussais un peu, un doigt sur son torse comme signe de menace. Je voulais que tout le monde entende qu'il n'était pas aussi parfait que ça. Qu'il était hautain, détestable, vaniteux, orgueilleux, égoïste, arrogant, charismatique et beau... Je soupirais.

- Ne m'approche pas, dis-je de façon à ce que tout le monde entende.

Puis je continuais mon chemin vers le bureau du proviseur. Comme prévu, je fus collée le reste de la semaine pour désertion. Quand il avait dit ça, j'avais cru être un soldat lâche qui avait abandonné ses camarades sur le champ de bataille.

Je portais mon sac sur une seule épaule, comme à mon habitude et retournais à mon casier. C'était l'endroit où je devais être le plus après les cours. Je fis la combinaison : la première apparition d'Alexander dans ma vie, il y a trois ans. Pathétique je sais. Mais il m'avait tellement illuminé que je n'avais pas pu faire autrement. Au moment où j'ouvris la porte du casier, je fus aspergée par un liquide violacé. De la peinture. J'avais des tâches sur le visage et sur ma chemise blanche ainsi que ma cravate. Tout le monde paru choqué alors qu'un groupe de garçons étaient pris d'un fou-rire. Je reconnaîtrais ce rire entre tous. Je fermais la porte avec sang-froid et fusilla la bande du regard, puis je partie me rincer dans les toilettes. J'avais réussi à enlever toute la peinture de mon visage, mais mes vêtements resteraient tâchés jusqu'au soir.

Le petit groupe m'entoura alors que je marchais vers ma salle de cours. Alexander n'était pas avec eux. Ils me firent reculer jusqu'à ce que mon dos touche le mur froid. J'avais devant moi la parfaite bande des fils à papa. Alexander arriva d'un pas souple et les poussa pour se frayer un chemin vers moi.

- Laissez la tranquille sérieux les gars.

Ses potes sifflèrent dans tous les sens et partirent. J'espérais qu'il les suive, mais il resta devant moi. Mon visage se durcit. Le sien non, il ne semblait pas en avoir grand chose à faire.

- Je suis désolé pour la peinture, je ne savais pas que les gars avaient prévu de te faire un coup pareil...
- Pourtant tu as bien rigolé.
- Avoue que c'était plutôt marrant, me lança-t-il en pouffant.
- Ah ouais ? C'est bizarre j'ai pas encore trouvé le moment où je devais rire.

Puis je le laissais en plan et remis ma cravate en place alors que je m'éloignais. Je l'entendis pousser un soupir. Je reprenais ma respiration à mesure que mes pas m'éloignaient de cet être sans coeur. Mes pas étaient assurés et il n'était pas question que je lui reparle, que ce soit une seule fois dans ma misérable vie. Le reste de la journée se passa sans que je le croise, à mon plus grand bonheur. Je pouvais potasser mes vieux livres et travailler sur mon exposé. Seule.

VULNERABILITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant