CHAPITRE 24

6.2K 494 12
                                    

Sköll.
Répulsion.
Peut-être finalement qu'il n'y avait aucun espoir pour eux.
Peut-être qu'ils étaient sanguinaires.
Peut-être même que ce sont eux qui ont attaqué ma mère.
Mais peut-être qu'ils n'y sont pour rien.
Sûrement même.
Quand je regardais Alexander, je n'y voyais qu'un jeune garçon qui se défendait comme il pouvait. L'agressivité était parfois son seul moyen, mais je savais que ce n'était que de la défense. Quand j'étais près de lui, je pouvais ressentir tous ses sentiments, comme si nous étions liés.

Maximilian dégaina deux pistolets silencieux de sa ceinture et les pointa sur le visage de Jack. Par pur instinct, ce dernier se transforma. Puis toute sa famille suivi. Même Alexander. Il était si animal, si leste, si... attirant... Tous les Hunt se mirent à gronder et à aboyer et sans réfléchir je bandais mon arc, visant des points indécis. Je ne voulais pas que ça tourne mal... Je voulais que l'on parle avec calme. Pas de nouveau massacre. Pas question.
Sean se concentra sur sa respiration à côté de moi et avec prestance il lança son arc à quelques mètres derrière lui. Il renonçait. Alexander lui fit un signe de remerciement et redevint humain. Je posais mon arc sur le sol et il s'approcha de nous, remerciant de vive voix Sean d'essayer de calmer la situation.

- Je ne fais pas ça pour toi, cracha Sean. Je ne veux pas que Xena te voit mourir c'est tout.

Puis il tourna les talons et remonta dans le 4x4 en attrapant son arme sur le sol au passage. Les vitres étaient tellement teintées que je ne pouvais pas l'apercevoir à travers. Alexander plongea son regard dans le mien et je me sentis fondre. Ma main se posa délicatement sur sa joue et il colla son front contre le mien. Nos souffles se mêlèrent en un seul, nos yeux se fermèrent. Chacun se concentrait sur l'autre. Mon coeur s'accélérait et plus rien n'existait autour de nous. Je sentis ses mains se poser au niveau de mon bassin. Je savourais les moindres contacts que nous avions. C'était si bon de le retrouver.

Une violente secousse me parcouru et ma tête se fracassa brutalement sur le sol humide. J'entendis au loin Alexander aboyer comme un chien enragé et Tate le menacer de son arc. Non non non non... pas ça par pitié... pas Alexander... Les deux familles se mêlèrent à un combat au corps à corps sans répit. Personne n'allait survivre si je faisais ça. Tate et Alexander roulèrent sur me sol pendant plusieurs mètres et je les perdis de vue au moment où je me redressais. Tous les bruits résonnaient dans ma tête. Sean accouru vers moi et m'aida à me lever. Puis je me lovais au creux de ses bras, dans l'espoir qu'il me protège comme il l'avait toujours fait. Un de ses bras entourait mes épaules alors que l'autre parcourait mon crâne dans un mouvement apaisant. Il me chuchotait des choses que je ne comprenais pas, mais le ton de sa voix me calma.
Mon regard se posa sur mon arc plus loin et je courus vers lui. Une balle perdue vint me frôler la nuque et je plongeais sur le sol. Quelqu'un courait vers moi, et les pas étaient bien trop rapides pour être humains. J'entendis Sean hurler à plein poumon mon nom. Au moment où je saisis mon arc, Scott me plaqua le ventre sur le sol et j'avalais de la terre. Je me mis à tousser, ma main toujours sur mon arme. J'étais incapable de bouger à cause du poids qu'il exerçait sur moi. Ma respiration devint plus rapide et saccadée. Mais Sean sauta dans le dos de Scott et ils tombèrent sur le sol juste à côté de moi. Un humain n'avait aucune chance contre un lycanthrope s'il n'était pas armé. Scott était assis sur Sean et ce dernier retenait des cris alors qu'il se faisait entailler le torse. Il donna quelques coups de poings qui eurent le mérite de ralentir un peu son agresseur.

Je me relevais, mon arc à la main. C'était le moment de mettre en pratique tout ce que Sean m'avait enseigné. Je marchais d'un pas souple vers les garçons, bandant mon arc et visant. Tout en continuant de m'approcher, j'ajustais mon tir. Je prenais de longues respirations pour m'éviter de trembler. Puis la flèche se décocha et je l'entendis fendre l'air, jusqu'à ce qu'elle atteigne sa cible. Scott porta sa main à l'épaule, alors qu'une tache rouge et noire apparaissait sur son polo blanc maculé de terre. Il tomba sur le côté et poussa un cri étouffé pour évacuer la douleur. Mon porte-flèche dans le dos, je m'approchais de lui et tirais une autre flèche dans l'épaule. Je ne voulais pas le tuer, juste anéantir la menace. Alors qu'il respirait difficilement, je vins relever Sean et l'accompagnais dans le GMC. Puis je retournais sur le champ de bataille.
Je marchais à travers les combats tirant dans les épaules de tous les loups garous, ce qui permis de sonner la fin de la guerre. Ne restait plus qu'un binôme : Alexander et Tate. Le chasseur pointait son pistolet sur Alexander. Il avait le T-shirt lacéré par les griffes du loup et Alexander avait carrément perdu le sien. Voyant qu'il utilisait une arme à feu, je rangeais mon arc dans mon dos et dégaina l'arme à ma ceinture. Je visais Tate dans la jambe et tirais sans ménagement. Il s'écroula sur le sol et je m'approchais du loup qui me toisait avec incompréhension.

- J'avais besoin de lui faire quelque chose, il est insupportable, lançais-je à voix basse en esquissant un faible sourire.

Alexander redevint humain et m'approcha de lui. Sans que je ne comprenne comment, il m'embrassa avec manque. Je sentais encore ses crocs qui n'avaient pas totalement disparus. Ses yeux jaunes retrouvèrent leur clarté humaine et je me laissais porter par lui. Je voulais ressentir toutes les émotions dont j'étais la victime quand il était près de moi.
Tate posa lourdement sa tête contre le sol, me tirant de mon euphorie. J'eus à peine le temps de me décrocher d'Alexander que Maximilian vint nous chercher pour que nous partions. Il aida son fils à marcher, alors que je restais près d'eux. Je finis par monter dans le 4x4 et nous prîmes la direction de la maison. Sean était allongé sur la banquette arrière, sa tête posée sur mes cuisses. Il n'arrêtait pas de me regarder et fini par lâcher un faible "merci". Je lui souris et passais ma main dans ses cheveux. Je savais que ce geste l'apaiserait et il ferma les yeux. Son torse se soulevait difficilement et du sang coulait toujours en abondance. Qu'allait-il lui arriver ? J'avais peur de le savoir...

VULNERABILITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant