~ Chapitre 3 : Quand on est une Miller ~

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~ Chapitre 3 : Quand on est une Miller ~

— Isabella, prends note ! Je t'ai obtenu un rendez-vous chez Roberto, demain à treize heures.

— Maman, je tente d'objecter d'emblai car je n'ai nul envie de me faire couper les cheveux, ni chez son coiffeur attitré, ni chez aucun autre d'ailleurs. Les pointes à la rigueur, mais pas de coupe drastique. Je les aime tels qu'ils sont, longs et au naturel.

— Isabella, m'interrompt-elle avant que je n'ai pu exprimer mon opinion. Il prend exceptionnellement sur son déjeuner pour s'occuper de toi, alors ne me fait pas regretter d'avoir intercédé en ta faveur, tu m'entends ! Insiste ma mère sur le ton de la réprimande. A croire que j'ai toujours 14 ans, pas 24.

— Pourquoi demain ? Il n'y a pas d'urgence. Je viens à peine de rentrer et..., je persiste malgré tout, alors que je sais pertinemment que c'est inutile. La preuve, ma chère mère me coupe à nouveau la parole.

J'inspire profondément pour continuer à prendre sur moi. Au train ou ça va, pas sûre qu'elle me laisse l'occasion d'aborder la question des vacances que j'ai envie de prendre.

— Comment peux-tu dire une telle énormité ? Bien sur qu'il y urgence ! Tu as besoin d'une coiffure plus sophistiqué. Il est grand temps pour toi d'arrêter de te contenter de ce sempiternel chignon serré semblable à celui d'une gamine qui sort de son cours de ballet. Tu as passé l'âge des tresses et des vulgaires queues de cheval Isabella. Il te faut une coupe à la mode, qui te fasse avoir l'air moins d'une éternelle adolescente et, si possible, un peu plus d'une vraie femme.

Et une autre pique, une. La quatrième depuis le début de cet appel. Je me demande pourquoi je les compte encore.

Mon air d'éternelle gamine, en partie lié au fait que ma taille définitive s'est arrêté à 1m57, reste un sujet de discorde entre nous. Comme si j'y pouvais quelques chose. D'autant qu'elle ne me dépasse que de 3 centimètres, mais apparemment ça compte. Puis ce n'est pas du côté de mon père que j'aurais pu espérer hériter d'une superbe hormone de croissance, il atteint tout juste les 1m78. Mon cher frère semble être le seul à avoir bénéficié d'une bonne dose d'engrais dans son biberon avec ces 1m83.

Ma mère a toujours eu le chic pour me dénigrer tout en me donnant l'impression que c'est de ma faute. Au moins mon « amourette » avec Benson le conard a eu le mérite de me redonner un peu confiance en ma féminité et mon sex-appeal.

J'en veux beaucoup à ma mère de m'avoir privée d'une bonne dose de confiance en soi. Elle a poussé le bouchon jusqu'à m'offrir un bon cadeau à valoir chez son chirurgien préféré, pour une augmentation mammaire. Mon 85B ne devait pas être assez vendeur à son goût. En attendant, c'est un des premiers sujets sur lequel je lui ai vraiment tenu tête. Hors de question que je lui ressemble sur ce point. Il suffit de courir un peu pour savoir que les fortes poitrines ne sont pas forcément enviables, mais au contraire un cadeau empoisonné.

Gloria Miller s'en moque pas mal, elle ne court pas. Elle a un taxi avec chauffeur qui l'amène chez son spécialiste en chirurgie esthétique pour toutes ses retouches. Elle n'en parait pas pour autant plus jeune, juste plus fausse avec son 95D siliconé.

Ma mère voudrait me voir en permanence en talons, maquillé jusqu'au bout des ongles et habillé comme une gravure de mode, alors que je me sens bien surtout en jean et en baskets. Qu'est que j'étais heureuse de découvrir que chez les Vancouver, le Dress-code était bien moins strict et contraignant que chez Miller & Co.

— Tu ne comptais tout de même pas venir au repas, que j'organise en ton honneur, coiffée comme une collégienne, s'indigne ma mère.

Heureusement que je ne me laisse plus autant affecter, quand elle essaie de me donner l'impression de ne jamais être à la hauteur.

Soie & Cuir (- T2 chez les Desert Devils -)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant