~ Chapitre 24 : Retour tendu à Shelter Town ~
— Qu'est-ce qu'il se passe ? Je marmonne en me redressant péniblement sur le fauteuil passager sur lequel je me suis clairement endormie dans une position pas très confortable, si j'en crois la manière dont mon corps manifeste son mécontentement.
J'ignore ce qui m'a tiré de ce sommeil pas franchement réparateur. Peut-être l'arrêt soudain de la musique country, que Tanner avait laissé en fond sonore et qui m'avait bercé jusqu'ici. Ou la cessation de tout mouvement du véhicule suivie de la coupure du moteur. A moins que ce soit les flashs bleus et rouges qui rendent plus compliquée ma tentative de repérage de notre environnement direct. Ils transperçaient déjà mes paupières clauses au moment où j'ai pris conscience qu'on s'était arrêté, mais là, ils incommodent en prime mes yeux ensommeillés dès qu'ils ont cherché à se focaliser sur ce qui se passe.
Je ne mets pas longtemps à comprendre qu'ils s'avèrent correspondre au gyrophare clignotant d'un véhicule de secours et de celui du Shérif du conté. Le premier quitte d'ailleurs les lieux en enclenchant sa sirène hurlante qui vrille mes tympans et achève de me sortir de la torpeur, dans laquelle la chaleur de l'habitacle, la monotonie du trajet nocturne et la fatigue accumulée de ces derniers jours m'avaient plongée.
Instinctivement, je suis du regard ce départ précipité avant de me remettre à scruter ce qui nous entoure avec une pointe d'angoisse. Non seulement on est arrivée à Shelter Town, mais on a visiblement fait un crochet par le parking du DDNC.
La raison de ce détour inattendu devient vite une évidence. Quelque chose de grave a dû survenir dans la boite de nuit des Desert Devils pour susciter un tel déploiement. Je soupçonne son barman en chef d'avoir perçu les gyrophares de loin et d'avoir aussitôt tourné vers ici, pour venir voir de quoi il en retourne, au lieu de rentrer direct.
Envisager que Devon ou un autre de ses frères du Club ait pu juger nécessaire d'avertir Tanner au milieu de la nuit, alors qu'on nous savait encore sur le chemin de retour, me fait envisager les pires scénarios et craindre pour chacun. On entend encore trop souvent parler de cas de fou furieux qui finissent par péter les plombs, prendre les armes et faire un carnage, pour ne pas y songer, surtout dans un lieu qui accueille autant de monde, comme une boite de nuit.
Est-ce un des leurs qui est partie dans l'ambulance ? S'interroge mon cerveau alarmé alors que mon visage se tourne d'un coup vers mon Biker soucieux dont le regard aiguisé scrute les environs avec minutie avant de se porter sur moi.
— Reste à l'intérieur le temps que j'aille aux nouvelles, est la réponse que j'obtiens finalement, alors que la main de mon amant presse ma cuisse un instant pour appuyer sa recommandation avant de la déserter, à mon grand regret, afin de défaire sa ceinture, ouvrir sa portière à la volée et sauter sur le sol à pieds joints, sans que je n'ai eu l'occasion d'émettre la moindre objection.
Le contraste provoqué par la fraicheur soudaine qui remplace, contre mon gré, sa chaleur corporelle sur ma jambe, me procure des frissons et cette sensation désagréable s'accentue davantage encore quand l'air froid de la nuit s'engouffre dans l'habitacle.
— Attends ! Je m'écrie pendant que la portière de Tanner se referme d'un claquement mécanique sonore.
L'idée qu'il me laisse seule, en pleine nuit, dans cette voituré garée à l'écart, ne m'inspire rien qui vaille alors, malgré ses recommandations, je m'empresse d'appliquer une forte pression du pouce sur le bouton du clip de ma propre ceinture de sécurité, qui se relâche aussi sec, et tends ma main vers ma propre portière avec la ferme intention de le suivre.
Après ce long voyage de retour, je n'avais qu'une hâte, me glisser dans un lit douillet et me blottir contre le corps chaud de mon bel amant, pas de me retrouver à poiroter dans un vieux pick-up, au milieu d'un parking, où un sacré attroupement s'est formé, et ce sans mon garde du corps personnel à mes côtés.
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Soie & Cuir (- T2 chez les Desert Devils -)
RomanceIsabella Miller pensait que partir étudier à New-York, même si le choix de son orientation professionnelle était dicté par sa famille, lui permettrait au moins de se soustraire un peu à l'autorité parentale mais, même à distance, sa mère n'a cessé d...