~ Chapitre 23 : Témoins tout désignés ~
— Salut mec.
...
— Oui, ça a été, tu peux rassurer Violette. Tu pourras même lui dire que son dossier a fait toute la différence. Par contre, j'ai comme l'impression qu'il y a matière à creuser. Elle n'est pas nette cette histoire Mendoza, entends-je Tanner répondre au téléphone.
Ce qui me fait réaliser que je n'ai pas pris le temps de tenir ma tante informée de tout ce qui s'est passé.
Je m'empresse de lui envoyer un texto pour la rassurer, tout en lui promettant de lui raconter plus en détail comment s'est déroulé notre rendez-vous à notre retour, lui confirmant par la même occasion que j'ai bien l'intention de revenir dans le Montana, au cas où elle en douterait.
— Ouais, on n'a même pas eu besoin d'exhiber la photo, prononcer le nom du dossier à suffit à faire fléchir le patriarche, mais je te le confirme, il porte toujours la chevalière à son doigt et ni son fils, ni son petit-fils n'en porte une semblable, donc pas le moindre doute à avoir de ce côté-là, précise-Tanner, à l'intention de Hunter, il me semble, avant de préciser un autre détail qui m'a clairement échappé.
— Non, je n'ai eu aucun mal à repérer le petit creux au bout de son index, ajoute-t-il après un instant de silence.
Je fronce des sourcils. Prends conscience soudain que je n'ai même pas pris en compte le fait que grand-père n'était pas visible sur la photo, soit disant si compromettante, et que je n'aurai jamais su quoi dire pour le confronter s'il avait feint n'être au courant de rien. J'ai pris les preuves de ma tante et du Club pour argent comptant, sans approfondir, tellement cette histoire d'enfant mort-né et la tête de la malheureuse mère terrassée par un deuil aussi inhumain, m'avait bouleversée.
J'éprouve d'un coup le besoin, un peu malsain sans doute, de me confronter une nouvelle fois à cette preuve et extrais ma tablette de mon fourretout. Je l'allume et dès que j'ai accès à son contenu, consulte le dossier compromettant.
La photo s'affiche.
Revoir cette jeune femme en larmes et ce bébé déjà mort me prend à nouveau aux tripes, mais je tâche de faire abstraction de mes émotions, observe la photo plus en détail et me focalise sur la main. Seul élément visible d'une présence clairement masculine à ses côtés.
C'est alors que je la vois, ornant cette grosse paluche d'homme posée sur la frêle épaule de la jeune femme en détresse, qui la serre comme pour lui témoigner son soutient, la fameuse chevalière. Celle de mon grand-père. Un anneau sobre certes, mais très reconnaissable pour qui connait son histoire. Elle est en or et encadre un carré d'ébène en formant une bordure à créneaux, sur le dessus, comme sur le côté. Au centre, les initiales de mon grand-père y sont incrustées à l'or fin, en un lettrage emmêlé.
Comment ai-je pu passer à côté. Maintenant que je la remarque, je ne vois plus qu'elle.
Je connais trop bien son histoire car il s'agit d'une pièce unique, fabriquée sur mesure à la demande de ma grand-mère, en l'honneur de leurs 5 ans de mariage : les noces de bois. Elle avait choisi l'ébène autant pour son côté noble, rare et précieux, que pour son aspect noir scintillant, pourtant sobre et élégant, donc très masculin. L'ébène est considéré comme protectrice dans bien des cultures et aussi appelé bois de cœur, sans oublier qu'il représente les noces de 78 ans. Mamie Maggie m'avait confié un jour que, même s'il était peu probable qu'ils fêtent cet anniversaire-là dans le futur, elle aimait l'idée que leur mariage atteigne une telle longévité.
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Soie & Cuir (- T2 chez les Desert Devils -)
Roman d'amourIsabella Miller pensait que partir étudier à New-York, même si le choix de son orientation professionnelle était dicté par sa famille, lui permettrait au moins de se soustraire un peu à l'autorité parentale mais, même à distance, sa mère n'a cessé d...