~ Chapitre 2 : l'Arriviste ~
— Alors, s'empresse de m'interroger Elly à peine j'ai franchi la porte de notre petit appart encombré de cartons et d'affaires éparpillées en cours de trie et d'emballage.
Avec James, ils prévoient de passer une dernière nuit ici, avant de prendre la route dès demain pour leur nouvelle vie. Lui a déjà rendu les clés de sa chambre d'étudiant. Ils sont pressés de quitter N-Y, alors que je pensais rester encore quelques jouer ici dans l'espoir de profiter de Bradley et retarder l'inévitable. Mon retour en famille.
— Oh-là, ça n'a pas l'air d'aller toi, s'étonne ma colocataire quand elle découvre la tête que je tire.
— Pas vraiment non, j'avoue d'une voix chargée d'émotions.
Sans même prendre la peine de suspendre ma veste en cuir, ni poser mon sac ou mes clés à leur place habituelle, je me contente d'envoyer valser mes talons et me laisse tomber sur notre canapé, dont une bonne partie est restée miraculeusement libre de tout encombrement.
— Ta surprise n'a pas eu l'effet escompté on dirait, grimace mon amie en me voyant rejeter rageusement un nouvel appel de Monsieur Bradley Benson, mon BM, non ex beau mâle, comme je l'avais surnommé quand je me devais de cacher sa véritable identité au cours de nos échanges, quand des oreilles indiscrètes auraient pu les surprendre.
— Tu sais, s'il n'a pas voulu faire durer votre petite amourette clandestine au-delà de ton temps de stage, ce n'est pas plus mal, tu mérites mieux qu'être considéré que comme une bonne source d'inspiration pour son projet avec avantages en nature.
Je lâche un soupir. Elly m'avait prévenu que je me berçais d'illusions.
— Je suis désolée, ma chérie, mais je t'avais dit depuis le début que ce type n'était pas fait pour toi, poursuit-elle. Oui, je sais, c'était un bon coup. J'ai compris, pas besoin de me refaire un dessin, admet-elle en suivant, sans que j'aie eu besoin de la reprendre. Mais il est divorcé, il a déjà une gamine à qui il doit réserver un week-end sur deux et la moitié de ses vacances et ce pendant les 15 prochaines années au moins et il préfèrera vivre ici pour pas trop s'éloigner de sa gosse, alors que tu comptes repartir pour Boston, donc à quoi bon. Les relations à distances avec un mec qui aura vite fait de se trouver une nouvelle stagiaire à soumettre à sa libido débridée, c'est allez au devant des peines de cœur, énumère-t-elle les évidences que même moi je ne peux nier.
— Si encore tu savais ce que tu veux vraiment faire dans la vie ou avais l'intention de ta caser, comme ta mère le désire, mais même dans ce cas là, je paris que tu es loin d'être prête à avoir des enfants, alors que lui en voudra peut-être d'autres assez rapidement.
Si elle savait à quel point elle dit vrai, j'enrage intérieurement. Quel salaud ! Il s'est bien foutu de ma gueule quand même, mais avant que je n'ai pu raconter ma mésaventure à celle qui se rapproche le plus de l'idée que je me fais d'une meilleure amie, Elly poursuit son propre raisonnement.
— Ta famille n'acceptera jamais d'un bon œil que tu sortes avec un de leurs concurrents, de toute manière. Déjà que ton père à mal pris que tu refuses de faire ton stage chez son pote d'université en Floride et le fasses ici, chez Vancouver, alors songer sérieusement à te mettre en couple avec leur meilleur chef de projet de dix ans ton ainé, même si c'est d'avantage pour les faire chier que par amour à proprement parlé, n'est pas une bonne idée, si tu veux mon avis. Alors c'est peut-être un mal pour un bien ce qu'il t'arrive, va, ajoute-t-elle avec un petit sourire compatissant.
Je sais que mon amie à raison sur toute la ligne, pourtant la première chose à laquelle je songe est que, question différence d'âge, mon paternel ne trouverait rien à redire, car il en a 11 avec sa propre épouse, mais le problème n'est pas là.
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Soie & Cuir (- T2 chez les Desert Devils -)
Roman d'amourIsabella Miller pensait que partir étudier à New-York, même si le choix de son orientation professionnelle était dicté par sa famille, lui permettrait au moins de se soustraire un peu à l'autorité parentale mais, même à distance, sa mère n'a cessé d...