~ Chapitre 35 : Réveil et révélations ~

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~ Chapitre 35 : Réveil et révélations ~

(- POV : Isabella -)

— Ah, vous êtes donc encore en salle de réveil. Après tout, puisque vous avez la salle pour vous seule, ce n'est pas si mal. En attendant, ravie de vous revoir mademoiselle Miller. Comment vous vous sentez-vous à présent ? Me demande une voix féminine qui ressemble à s'y méprendre à celle de ma mère.

Je papillonnais justement des paupières quand j'ai entendu quelqu'un toquer à la porte avant de s'approcher de mon lit, mais là j'écarquille mes yeux.

Heureusement ce n'est qu'un membre du personnel soignant et pas ma famille qui débarque. De toute manière, les personnes à prévenir en cas d'urgence sont mon beau-frère et ma meilleure amie. La seule Miller à avoir eu droit à une place dans mon nouveau répertoire téléphonique est ma tante, donc peu probable que ma mère se pointe et me pose une question à la con ou m'assène une de ses remarques acerbes. 

Pourquoi cette bonne femme me fait penser à ma mère ? 

A part peut-êtrele timbre de sa voix, elle ne lui ressemble en rien. Puis mes parents sont bien les dernières personnes que j'ai envie de voir en ce moment, mais ils ne sont plus les seuls que j'ai préféré fuir.

Pour l'instant, tout ce que je veux, c'est qu'on me foute la paix. J'ai envie de dormir, de m'échapper de cette nouvelle réalité, d'oublier tout ce qu'il s'est passé, mais je m'efforce malgré tout de me concentrer sur la personne qui s'adresse à moi, même si j'ai du mal.

D'ailleurs, j'ai l'impression qu'on m'a déjà posé cette question plus d'une fois, mais il me semble qu'il s'agissait d'un homme jusqu'ici. Pour autant, je ne saurai en être formelle. Tout est encore un peu flous dans ma tête.

Puis, franchement, c'est quoi cette question à la con. Si je suis ici, ce n'est pas parce que je pète la forme. Cela me semble évident, non.

J'ai beau être une Miller, les échanges d'amabilités et de politesses sont vraiment pas ma priorité à cet instant précis. Elles requièrent bien trop d'efforts à mon goût pour que je m'y adonne. Pour autant, je ne peux me permettre d'envoyer tout le monde bouler, pas alors que je sais pertinemment que je vais dépendre du personnel hospitalier pour bien trop de choses dans les jours à venir.

J'essaie de me redresser un peu, mais les coups d'aiguilles qui me transpercent le corps de toute part, me forcent à abandonner aussitôt.

— Restez allongé, n'allez pas vous faire mal, m'avertit la dame en blanc.

Trop tard, rétorque rageusement une voix acerbe dans mon esprit mais, au bout du compte, seulement un croassement bizarre échappe à mes lèvres.

Je referme les yeux dans un gémissement et, pour la énième fois sûrement, ma bouche se tort en une vilaine grimace car le simple fait d'inspirer profondément dans l'espoir de me reprendre, me clou sur place.

— Tenez, buvez plutôt un peu d'eau. Cela devrait atténuer votre mal de gorge, ajoute celle qui est sûrement toubib, en plaçant l'embout de la paille inclinable, déjà planté dans un verre prêt à l'emploie, au bord de mes lèvres sèches.

— Merci, je bredouille entre deux petites gorgées qui peinent à me réhydrater le palais.

Mon cerveau est sans doute encore un peu long à la détente, mais il me semble qu'elle a dit « me revoir ». Cependant, même si sa tête me rappelle vaguement quelque chose, j'ignore qui est cette femme rondelette, d'entre deux âges.

Ses joues rebondis et son sourire avenant m'inciteraient à l'estimer sûrement plus jeune que ses racines poivre-et-sel, qui tracent une large raie au milieu d'un chignon teinté en roux, ne le laissent présager.

Soie & Cuir (- T2 chez les Desert Devils -)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant