Soie & Cuir (- T2 chez les Desert Devils -)

~ Chapitre 33 : Confrontations douloureuses et choc frontal ~

~ Chapitre 33 : Confrontations douloureuses et choc frontal ~

— C'est quoi ce bordel ? T'es où ? Crie ma meilleure amie à travers le haut parleur de mon téléphone, à peine ai-je glissé mon pouce sur l'écran pour décrocher.

Une fois sortie de la propriété de Betty, sur la route qui mène à Shelter Town, j'ai fait un arrête rapide pour envoyer un texto à John pour lui demander si je pouvais venir le voir et peut-être rester quelques jours. Je sais qu'il occupe qu'un petit logement de fonction de Pierce, assez spacieux néanmoins pour m'offrir une chambre d'amie où me cacher le temps de digérer tout ça et peut-être en profiter pour aller voir mon frère histoire de constater par moi-même l'évolution de son état de santé. Un second message à destination de Pierce pour savoir s'il peut m'organiser un vol en jet afin de me rendre là-bas dès que possible, depuis Kalispell ou Missoula. Puis un légèrement différent à Elly. La seule à qui je pouvais dire que tout est fini, que je quitte le Montana sur le champ et la tiendrai au courant quand je saurai à quelle heure j'arriverai chez John.

J'avais besoin d'en parler à quelqu'un et je ne voyais qu'elle pour comprendre ce qui m'arrive. J'aurai du me douter qu'elle rappellerait aussitôt ce message alarmant lu, mais je crois qu'au fond de moi, je comptais sur sa réactivité car j'ai désespérément besoin de son soutient.

Je suis sur la route qui me rapproche inexorablement de chez Babette et donc de ma tante qui ne me laissera fort probablement pas partir comme ça, sans oublier du studio où Tanner se trouve depuis hier soir et où il est peut-être encore, seul ou accompagné, alors j'appréhende sacrément tout ce qui m'y attend là-bas.

Déjà que j'ai failli avoir un malaise quand deux motards sont apparues dans mon champ de vision, m'ont foncé dessus et ce pour finalement dévier leur trajectoire au dernier moment et seulement me croiser en pétaradant du pot d'échappement.

A mon grand soulagement, ce n'était que des jeunes crétins en moto-cross, pas Tanner accompagné d'un Desert Devils en Harley. Pourtant, je venais juste de dépasser le chemin qui mène à l'Oasis et la fameuse Shelter Vallée. Une perle de beauté avec un magnifique lac en son centre, d'après ce qu'on m'en a dit et que je n'aurai plus l'occasion de découvrir, encore moins reproduire sur toile. On n'aura finalement jamais été rendre visite à Melly et Hunter dans leur chalet dont elle n'a cessé de venter le charme quand on se parlait en français.

Penser à eux en passant devant m'a foutu un autre pincement au cœur. Tout comme songer à Jolene et l'ouverture prochaine de la boutique que j'ai aidé à remettre en état et à laquelle je n'assisterai finalement pas.

Je pourrai au moins admirer le résultat fini sur photo, sur le site que Milo à créer spécialement pour son assurer lancement et afin de lui permettre d'en faire aussi la promotion pour la vente en ligne qui démarrera le même jour.

— En route, je me contente de lui répondre assez fort pour qu'Elly puisse m'entendre par-dessus le bruit du moteur de ce vieux pick-up.

— T'es au volant et tu réponds quand même, s'indigne-t-elle en retour. Arrête-toi tout de suite sur le bas côté, hurle-t-elle sans me laisse l'occasion d'en placer une. J'exige que tu m'expliques en détail ce qu'il se passe exactement. C'est quoi ce revirement de situation. Avant-hier tu me parlais d'investir dans un ranch et tu te voyais déjà nous recevoir là-bas en me promettant de faire la connaissance de vrais Bikers et là tu me dis que tu plaques tout et prends le premier avion en partance. Mais ça ne va pas la tête, m'engueule-t-elle au lieu de s'inquiéter de ce qui m'est arrivée pour en venir à de telles extrémités.

Enfin, peut-être que c'est ce qu'elle fait, à sa manière bien à elle.

J'obéis car je crains d'avoir la vue qui se brouille dès que je prononcerai le moindre mot expliquant le calvaire que je traverse en ce moment.