~ Chapitre 13 : Little Barnes Shelter ~
Le poste radio s'est relancé plein pot au premier tour de clé et Tanner s'est mis à siffloter sur le tube qui passe. J'ai l'impression qu'il essaye de me faire comprendre que je n'aie pas besoin de m'expliquer et que tout va bien de son côté. Sa main chaude semble être là pour me le confirmer, elle se repose tranquillement sur ma cuisse après chaque changement de vitesse avec son pouce qui se fait caressant et m'échauffe le sang à travers mon jean. Je recouvre sa paume de la mienne et emmêle nos doigts tout en continuant à regarder droit devant moi et pas seulement pour profiter de la beauté du paysage, car je me sens toute confuse. Les règles de la bienséance voudraient que je m'excuse pour mon attitude, mais mon cœur ne semble pas de cet avis, même si ma tête me souffle que Tanner mérite une explication. Mais laquelle...
Ce moment de « silence » entre nous, me permets de réfléchir à mon comportement excessif, qui, avec le recul, me choque un peu malgré tout et me donne l'impression de m'être ridiculisée.
J'ai piqué une crise de jalousie. Cela ne m'était encore jamais arrivé. Enfin, si, peut-être, un peu, mais pas comme ça.
Je suis prête à admettre après coup que, même s'il y avait de quoi se méprendre, aucune raison vraiment valable ne justifiait ma réaction. Pour autant, je n'arrive pas à chasser le petit goût désagréable que m'a laissé cette situation. Pour quelqu'un qui se prétend lesbienne, cette Blondie était drôlement tactile avec mon homme et un peu trop sans gêne à mon goût. Est-ce juste ma jalousie qui parle ou une impression justifiée à prendre en compte ?
Seul l'avenir me le dira.
Tant que je me retrouve dans ce pick-up, il ne saurait en être question, mais j'ai très envie d'en parler avec Elly, histoire de recueillir ses impressions sur mon attitude et celle de cette blondasse.
Quoique, telle que je la connais, peu probable que j'obtienne une réaction raisonnée et des conseils avisés. Ma main à couper que j'aurai plutôt droit à des cris de joie et un débordement d'enthousiasme. Il ne lui en faudrait pas plus pour être convaincu que je sois déjà raide dingue de mon beau Biker. Ma meilleure amie me lancerait un « je te l'avais bien dit » et affirmerait que c'est sensé être comme ça quand c'est le bon. Elle sait de quoi elle parle, Elly en est la preuve vivante avec son James et leur coup de foudre mutuel au premier regard.
J'ai un peu de mal à l'admettre, mais je crains que ma meilleure amie puisse avoir raison et la soudaineté et surtout l'intensité de mes émotions m'effare quelque peu.
La première fois que j'ai vu Tanner à l'hôpital, quelque chose en lui m'a de suite interpellée, mais entre le choc de la découverte que j'avais une tante dont j'ignorais tout jusque là et l'état de santé très préoccupant de mon grand-père, je n'aurai jamais cherché un potentiel coup de foudre derrière le trouble profond que ma rencontre percutante avec lui a suscité en moi à l'époque.
Son comportement froid et distant, à l'aéroport et durant le trajet vers Shelter Town, ne m'ont pas aidé à y voir clair non plus, bien au contraire.
Je crois que c'est son attitude très tactile, limite possessive, lors de nos retrouvailles à la Boutique, qui a changé la donne.
J'ai aimé ça et, au lieu de rester sur la réserve et de garder mes distances, ce qui aurait été justifié après la manière dont il m'avait accueilli au départ et, comme je le ferai d'ailleurs en temps normal en présence d'un homme qui me porte un certain intérêt, je me suis surprise à me laisser faire.
Tanner a un je ne sais quoi qui m'incite à réagir bien plus intensément que je ne l'ai jamais fait auparavant. Rien que sa main posée sur ma cuisse me donne chaud et dès qu'il l'enlève pour passer une vitesse, elle me manque et mon corps se désespère de retrouver son toucher.
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Soie & Cuir (- T2 chez les Desert Devils -)
Roman d'amourIsabella Miller pensait que partir étudier à New-York, même si le choix de son orientation professionnelle était dicté par sa famille, lui permettrait au moins de se soustraire un peu à l'autorité parentale mais, même à distance, sa mère n'a cessé d...