Un Chemin Pour Deux - Tome 1 [Terminée]

Chapitre 22

Aux infos ce midi, un bâtiment abandonné incendié la nuit dernière aux alentours de Glendale, un taux d'abandon d'animaux en constante augmentation dans la région, et un politicien mis en examen pour fraude fiscale.

« Et ben, que du beau si on comprend bien. »

Mon père et moi étions confortablement installés devant le journal télévisé du midi afin de digérer notre repas au calme. Si hier soir ça avait été gratin de ravioles, ce midi c'était hachis parmentier – qui se trouvait être un plat fort consistant. J'avais décidé de déjeuner en compagnie de mon père : pour une fois qu'il pouvait se libérer pour manger avec moi, j'avais sauté sur l'occasion.

Petite touche de positif tout de même : prochainement au stade de Glendale, un match de baseball opposant les Panthers contre les Brewers. Le match se déroulera à la mi-janvier mais les billets sont déjà en vente au poste électronique du stade de la ville de 8h à 21h.

« Oh ! »

J'observai en silence mon père se redresser d'un bond du canapé. C'était un grand fan de baseball depuis toujours et je savais pertinemment qu'il ne pouvait déjà plus attendre pour y aller.

« Il faut qu'on aille voir ça Hannah, tu te rends compte, depuis le temps que j'attends de revoir un match de baseball des Panthers, il se passe ici, à dix minutes de chez moi !

— Quand est-ce que tu comptes aller les acheter ?

— Ce soir sans hésiter ! Je vais pas louper une occasion pareille ! »

Alors qu'un sourire grandiose illuminait son visage, il s'affaissa en un instant au fond du canapé. Je le regardai, un sourcil inquisiteur collé à mon faciès. Il me lançait un regard, dépité.

« Je comptais rester assez tard ce soir au travail, j'ai pas mal de dossiers à étudier...

— C'est pas grave ça, j'irai nous les chercher ce soir si tu veux.

— Oh mais quelle chance j'ai eu d'avoir une petite aussi parfaite ! »

Un bisou atterrit sur ma tempe d'un coup sec. Il était de nouveau heureux.

« Tu es superbe ma chérie. »

**

« Alors tu as trouvé comment tu allais t'habiller pour le bal de samedi prochain ?

Addison et moi nous étions croisées quelques minutes dans les couloirs du lycée, entre deux cours.

— Non, pas vraiment. J'ai remarqué un petit truc qui pourrait faire l'affaire dans un des magasins du centre commercial mais je ne suis pas encore certaine que cette robe m'irait vraiment.

— Quel genre de robe est-ce-que c'est ? Plutôt paysanne ou plutôt petite fortune ?

La blonde riait d'un rire sarcastique alors qu'elle prononçait cette phrase.

— Hum, je dirais petite fortune. C'est pour ça d'ailleurs que je ne sais pas si elle m'ira ou pas.

Mon amie me fit les gros yeux, soudainement bien plus sérieuse que la seconde précédente.

— Tu rigoles j'espère ! Tu vas m'acheter cette petite trouvaille dès que possible. Je veux voir ma meilleure amie arriver telle une vraie petite aristocrate à ce bal ! La gueuse, ce sera moi ! »

Nous nous regardâmes puis rîmes d'un même éclat. Je hochai la tête en guise d'approbation puis la sonnerie du début du dernier cours nous fit nous quitter puis retourner chacune à nos salles respectives.

**

Je sortis dans la rue fraîche du lycée puis remis mon sac sur mon épaule. Ed avait été absent aujourd'hui, pour des raisons que je n'étais pas certaine de connaître – ou du moins que je ne voulais pas connaître. Il était passé hier soir chez Mary afin de lui donner sa part de ce que nous lui devions, elle n'avait plus eu de nouvelles depuis.

Alors qu'une des dernières feuilles d'arbre encore accrochées aux branches tombait sur le sol glacé à mes pieds, je sentis une présence à mes côtés. Je tournai alors la tête et vis un Tyler bien emmitouflé dans son manteau d'hiver. Je lui souris.

« Tiens ça fait longtemps, tu rentres à pied ?

— Comme souvent oui, et toi ton père vient te chercher ?

— Non, il compte rentrer tard du travail. Je dois aller acheter les billets pour le match de baseball.

Tyler parut à la fois surpris et amusé.

— Déjà ? T'es pas en retard dis-donc !

Je ris légèrement et haussai les épaules.

— Tu connais mon père, il adore le baseball donc il risque pas de louper une occasion pareille. »

Nous rîmes en cœur. Tyler ne pouvait qu'être au courant de la passion de mon père pour ce sport. Il y avait quelques années de cela, il lui arrivait souvent de regarder des rediffusions de match à la télévision alors que Tyler arrivait chez nous.

Nous décidâmes de faire le trajet jusqu'à chez nous tous les deux, puisqu'avant de pouvoir aller acheter ces tant désirés billets pour le match, je devais repasser à la maison récupérer mon porte-monnaie et me vêtir d'une veste plus chaude. Nous prenions tout de même notre temps pour rentrer et observions les gérants de magasins décorer leur vitrine de Noël.

Arrivés devant nos demeures respectives, nous discutâmes encore quelques minutes de tout et de rien avant de nous saluer.

« Bon il va falloir que je rentre sinon je vais plus avoir envie d'aller les chercher ces billets.

— Il faudra que je retourne en voir un de match un de ces quatre.

Un sourire franc vint illuminer mon minois.

— Oh oui c'est une très bonne idée ! Tu te souviens de la fois où mon père nous y avait emmenés tous les deux ? Tu ne comprenais rien aux règles.

Il devint légèrement gêné à ce souvenir alors que je me moquais gentiment de lui. Il se reprit puis prit un air plus dégagé.

— Mais maintenant je suis un vrai pro !

— Ah bon ? J'aimerai bien voir ça ! »

Alors que je tournai les talons et que je m'apprêtais à faire les quelques derniers mètres qui me séparaient de mon domicile, j'entendis Tyler se racler la gorge.

« Euh... Hannah ? »

Je me retournai face à lui, le sourire aux lèvres.

« Oui ?

— Ça te dirai d'enregistrer mon numéro dans ton téléphone ?

Après un instant d'hésitation, il se mit soudainement à accélérer son débit de parole, visiblement gêné : il avait la main posée sur sa nuque et il la frottai nerveusement. Cette initiative me fit sourire d'amusement. Il continuai de déblatérer sans s'arrêter.

— Et que bien sûr j'enregistre le tien dans mon portable. Tu vois pour, et bien pour qu'on puisse se parler si tu as besoin quoi... Enfin si tu veux, je veux pas te forcer !

Un rire amusé sortit d'entre mes lèvres, alors que je le voyais s'emmêler de plus en plus les pinceaux. Il était vrai que je n'avais plus le bon numéro, et depuis que nous nous étions arrêtés de se demander des nouvelles je n'avais jamais eu l'occasion de lui redemander.

— Pas de soucis Tyler, faisons ça. »

C'est ainsi que nous échangeâmes nos numéros respectifs.

Après quelques secondes de rigolade, de regards amusés puis de sourcils haussés, je rentrai chez moi aux alentours de dix-huit heures et, comme prévu, la maison était vide. Mon père ne rentrerait que ce soir vers vingt heures. Je montai dans ma chambre afin d'y poser mes affaires de cours et de me reposer un instant. Une fois mes affaires rassemblées, j'échangeai mes baskets plates contre des bottes un peu plus rembourrées puis sortis à l'air frais.