Un Chemin Pour Deux - Tome 1 [Terminée]

Chapitre 33

Tyler

Je regardai par la fenêtre de mon salon afin d'observer les rues fraîches de l'hiver. Le ciel commençait déjà à s'assombrir lorsque je regardai ma montre pour m'assurer de l'heure qu'il était. Dans une heure, il serait temps de partir au bal. Pour patienter, on avait convenu que les gars passeraient boire un coup à la maison en attendant le bon moment pour partir. Pour l'instant, seul Charly était présent, assis confortablement sur le canapé dans son déguisement de berger, sirotant une bière à peine fraîche. Je n'étais au courant de sa relation avec Mary que depuis une petite semaine, mais j'étais cependant bizarrement certain que cette relation lui serait bénéfique. Je n'avais jamais discuté avec cette fille, mais de ce que j'avais pu voir, elle semblait réservée et sympa.

Mon reflet dans la vitre semblait me saluer : le chapeau trilby que j'avais trouvé dans les affaires de mon père allait parfaitement avec la cravate et la vieille veste – qui lui appartenaient également–, formant le costume parfait du businessman des années cinquante.

Ne manque plus que le cigare.

Je me retournai puis vint m'affaler sur le fauteuil proche de la cheminée.

« Qu'est-ce qu'il fout sérieux ?

Le retard d'Isaac commençait sincèrement à me taper sur les nerfs.

— Détends-toi, ils vont probablement arriver d'une minute à l'autre.

Je fronçai les sourcils.

— Qui ça, ''ils'' ?

— Bah avec son nouveau pote là, le Lewis je sais pas trop quoi. Il t'a pas prévenu ? »

Mon corps entier s'était tendu à l'entente de cette nouvelle. Je me redressai lentement sur mon siège tout en ne lâchant pas Charly des yeux.

« Je crois que j'ai mal compris. »

Mon ami me regardait sans savoir quoi dire. Ma frustration augmentait d'un cran.

« Ce con de Isaac nous ramène ce connard de Lewis ? C'est pas vrai putain ! »

Ma voix s'était faite plus dure que ce que j'aurai voulu.

Mon poing s'abattit lourdement sur l'accoudoir.

« C'est pas possible, merde. Comment est-ce qu'un type peut être aussi stupide ? »

Désespéré et en colère, je passai ma main sur mon visage. Charly, quant à lui, semblait visiblement désemparé. Il se frottai doucement le menton en tentant probablement de trouver une solution.

C'était à cet instant-là que la sonnette avait retentit. Je relevai mes yeux vers Charly, qui m'avait simplement dit que ça irai, puisque de toute façon il faudrait partir pour le lycée dans une demi-heure. Je me levai en soufflant puis me dirigeai vers la porte d'entrée.

Tu n'as qu'une demi-heure à supporter le fait que ce gros débile soit chez toi.

Toutes mes forces étant rassemblées pour me contenir face à ce type, je tentai d'ouvrir la porte de l'air le plus nonchalant possible. Ce que j'avais en face de moi me fit sourire malgré moi. Les deux compères avaient choisi des déguisements accordés. C'est ainsi que deux soldats américains de la Seconde Guerre Mondiale se trouvaient sur le pas de ma porte, avec déjà visiblement quelques verres dans le nez.

« Salut mon pote, je te présente Lewis.

— Je pense qu'il sait déjà qui je suis. »

Ma mâchoire contractée suite aux paroles du nouvel arrivant, je ne pris pas la peine de répondre, me décalant simplement pour les laisser entrer. Toujours sur le pas de la porte, mes yeux s'arrêtèrent sur la maison voisine, dans laquelle étaient allumées les lumières de la cuisine, où John, le père de Hannah, était probablement en train de se préparer quelque chose à manger. D'après ce que m'avait dit Charly, Mary et les filles se retrouveraient chez Ed pour s'habiller pour la soirée avant que son demi-frère ne les dépose au bal.