Un Chemin Pour Deux - Tome 1 [Terminée]

Chapitre 30

Lewis avait absolument tenu à nous accompagner mon père et moi rendre visite à mon grand-père ce samedi.

« Depuis le temps que j'entends parler de Charles Williams, j'aimerai que tu me présente à lui. On est ensemble depuis un moment maintenant, ma Hannah. »

Tous les quatre assis autour de la table ronde plantée au milieu de la pièce, nous sirotions nos boissons chaudes tout en écoutant mon grand-père conter ses aventures de la semaine.

« ...et je vous jure les jeunes, que si vous aviez été là à la soirée d'anniversaire de Denise vous vous seriez éclatés comme des p'tits fous !

— On te croit papa, de vrais délinquants ces nonagénaires. »

Je lançai un regard amusé à mon père puis ne pu m'empêcher d'émettre un petit rire.

Pour ne pas inquiéter mon grand-père, j'avais opté pour un maquillage plus prononcé que d'habitude afin de camoufler au mieux les blessures encore visibles de mon visage. Mon bien aimé aïeul se leva de sa chaise en bois afin de resservir un peu de thé à mon paternel. Il me jeta un coup d'œil discret puis se tourna vers Lewis.

« Et toi... Lewis. Raconte moi qui tu es. »

Le concerné, surprenamment heureux de pouvoir parler, se racla vivement la gorge. Il se tenait droit comme un piquet et prenait son air le plus sûr de lui. Comme si nous étions avec de vieux amis, le brun enroula fortement son bras autour de mes épaules et vint me coller à lui. J'essayai de me décaler mais son accroche était bien trop tenace. Je croisai les yeux de mon grand-père, lesquels laissaient percevoir comme une once de désapprobation.

« Monsieur, je suis Lewis Walker et votre petite-fille et moi nous aimons depuis maintenant bientôt une année et demie ! »

À peine avait-il commencé à parler que mon grand-père levait un sourcil inquisiteur et semblait retenir comme une envie de rigoler. Je fronçai les sourcils et tentai, en vain, de le dissuader de se moquer. Il tâcha cependant de reprendre son air le plus solennel et reprit sa place face à Lewis.

« Je pense bien mon petit, mais quand je dis ''raconte moi qui tu es'', je veux, et bien, que tu me racontes ta vie. Tu as bien des parents, des frères et sœurs, je ne sais pas...? »

Je sentis le garçon à mes côtés se raidir tandis qu'il approcha son bras du mien. Mes réflexes me firent reculer instinctivement mon poignet de ses longs doigts avant qu'ils ne me touchent. En fait, il posait simplement sa main sur mon genou.

« Ma famille n'est pas ici dans le Wisconsin. Ces co... hum, ces personnes sont encore à Washington. Ma seule famille ici, c'est Hannah. »

Je fis les gros yeux à l'entente du terme qu'avait failli utiliser Lewis à l'encontre de ses parents et de ses frères et sœurs puis m'efforçai de changer de sujet. Mon grand-père semblait perplexe tandis que mon père, lui, observait l'intérieur de sa tasse de thé, visiblement gêné.

En milieu d'après-midi, nous avions été interrompus par l'arrivée d'une des infirmières apportant une petite boite en plastique.

« Tenez, Monsieur Williams, voici vos deux cachets pour ce soir. N'oubliez pas de les prendre.

La jeune femme nous fit un petit sourire puis s'apprêta à quitter la pièce.

— Je vous laisse, bonne soirée à tous. »

Nous hochions tous la tête en direction de l'infirmière qui quittait finalement la chambre, finissant probablement son service.

« Qu'est-ce-que c'est que ces cachets papa ? Tu ne nous avais pas dit que tu en prenais.