Un Chemin Pour Deux - Tome 1 [Terminée]

Chapitre 32

« Tenez vos boissons, les jeunes. »

Miranda, la mère d'Addison, venait de déposer devant chacun d'entre nous nos commandes. Ed, Mary, Addi et moi-même nous étions retrouvés une nouvelle fois au bar de ses parents, après les cours de tout le monde. Nous nous étions installés, comme à notre habitude, dans la salle de jeux du bar, où se trouvaient principalement le billard ainsi qu'un jeu de fléchettes.

Mary avait apporté avec elle une grande boîte blanche en carton toute en longueur fermée à l'aide d'un tissu rouge formant un beau nœud sur le haut.

Nous étions tous les trois face à notre amie, qui nous regardait d'un air qui en disait long sur son interrogation. Je me tortillais d'impatience sur mon fauteuil en cuir noir.

« Qu'est-ce-que c'est que cette boîte, Mary ? »

De grands sourires étaient affichés sur nos visages, contrastant parfaitement avec les sourcils froncés de notre blonde. Mary se racla doucement la gorge et commença son explication :

« Alors voilà. Le bal d'hiver arrive à grands pas et –

— C'est demain.

Mary lançait un regard à Ed, qui venait de faire cette petite intervention, puis continua.

— ...et il se trouve que nous avions remarqué, il y a quelques temps maintenant, que toi, la grande Addison Hastings, avait refusé une après-midi shopping avec tes super copines pour –

— Je n'étais pas invité.

Je levai les yeux au ciel et donnai un petit coup de coude dans le bras de notre ami, amusée.

—...pour plutôt récupérer un des vieux costumes de ta mère. »

Addison nous regardait, confuse. Je décidai de continuer :

« On a donc décidé, Ed, Mary et moi, de se cotiser afin de pouvoir t'offrir une robe de bal digne de ce nom !

— Tout en restant, bien sûr, dans le thème.

Je regardai Ed qui venait de parler et hochai la tête en signe d'approbation.

— A-attendez, je suis pas sûre de bien comprendre... Vous m'avez acheté un costume ? Mais pourquoi ? »

Les lumières blanches de la pièce faisaient ressortir les yeux brillants d'émotion de mon amie. Mary attrapait la boîte qu'elle avait déposé par terre à son arrivée pour finalement la placer sur la table, juste devant Addison. Toute l'attention de la blonde était à cet instant rivé sur l'objet et sur ce que pouvait être son contenu. Incertaine, elle nous lança un coup d'œil. Ed la regarda en souriant sincèrement puis lui fit signe de l'ouvrir. Les mains tremblantes et les larmes aux yeux, elle approcha ses fines mains du tissu et commença à le défaire. Je ne pouvais détacher mes yeux de mon amie, tout comme Mary qui avait, elle aussi, le regard humide.

« J'avais proposé le costume d'une servante des années 1850, mais les filles ont pas voulu... »

Addison lâchait finalement un rire adorable plein d'émotion et entreprit de finir d'ouvrir la boîte. Mary renifla un peu puis posa sa main sur celle de la petite blonde alors qu'elle ouvrait de grands yeux en observant la robe se trouvant à l'intérieur.

« On a réfléchit un bon moment quant au thème du bal de demain soir, et on s'est finalement rendu compte que ''Ancien Temps'' pouvait regrouper un tas de périodes historiques. Et comme on te connaît un peu et que l'on sait à quel point tu aimes te pomponner et te sentir belle, on a opté pour un style féminin dans ce genre : le Charleston. »

Notre amie se levai de sa chaise afin de déplier la robe et de pouvoir l'observer de tout son long. C'était une robe que nous avions trouvé dans la boutique de déguisement de la ville quelques jours auparavant et que Mary était allée acheter avec les sous que nous avions regroupé.

La robe, coupée mi-longue, était recouverte de perles et de sequins. Elle était coupée manches courtes et moulait juste assez la silhouette de celle qui la portait, se terminant élégamment par de longues franges blanches tombant du genou jusqu'au milieu du mollet. Pour s'allier à la personnalité d'Addison, le motif de la robe était entièrement constitué de paillettes blanches et or qui s'entremêlaient dans un tourbillon de brillance et de scintillement.

Lorsqu'elle relevait enfin la tête vers nous, nous pouvions voir dans son regard autant de gaieté que se trouvaient de larmes sur ses joues rosies.

Mary se leva à son tour de sa chaise et s'approcha doucement de la petite blonde.

« Tu sais, des complexes on en a tous un jour ou un autre. Et on comprend donc tout à fait ce que tu traverses. On a bien compris qu'il y avait quelque chose d'anormal la dernière fois, alors on est venus discuter avec tes parents et ils nous ont expliqué ce qui te tracassait.

Je me levai à mon tour et continuai après que Mary ait fini sa phrase.

— On a donc essayer de t'aider à notre échelle. Certes, on ne peut malheureusement pas t'empêcher d'avoir de mauvaises pensées te concernant, mais pour une soirée, c'était dans nos cordes de t'envoyer à ce bal toute rayonnante avec un nouveau costume, dans lequel tu te sentiras bien. »

Addison ne pouvait s'empêcher de sourire bêtement en nous regardant tous les trois tandis que le torrent de larmes ne cessait de couler sur son visage. Sa petite voix frêle sortit d'entre ses lèvres pour la première fois depuis tout à l'heure :

« Je vous aime de tout mon cœur. Merci pour tout, les amis.»

Je sentis Ed s'approcher de nous et nous l'entendions chuchoter :

« Il me semble que dans les films c'est le moment où les nanas se font un câlin. »

Nous éclatâmes de rire puis Mary, dans un élan de joie presque violente, nous attrapa –Ed inclus – pour nous serrer de toutes ses forces dans ses bras fins.

C'était dans ce genre de moment, où même les soucis les plus envahissants réussissaient à être effacés de la mémoire d'une personne pendant un instant grâce à un geste comme celui-ci, que l'on se rendait compte que l'une des choses les plus épanouissantes de la vie c'était ça : l'amitié, la vraie.