Chapitre 25

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Tyler

J'ouvris la porte de la salle de bain puis laissai Hannah entrer à l'intérieur.

« Tu peux enlever ta veste et ton écharpe, je vais augmenter le chauffage pour te réchauffer un peu. »

Je m'avançai vers le meuble de la salle de bain puis entrepris de fouiller les placards et les tiroirs tandis que la belle rousse s'installait sur un tabouret à côté de la baignoire. Je la regardai à travers le miroir qui me faisait face : elle semblait s'être un peu détendue, mais était visiblement tout de même encore affectée par les événements précédents.

Je serrais les dents fortement. Putain. Je sais pas quel type a pu lui faire ça, mais si je le retrouve, je lui refais le portrait.

Son regard croisa les yeux bleus de mon reflet. Nous nous regardâmes sans rien nous dire. Juste son regard, puis le mien. Je lui souris doucement puis rompis le contact visuel en dirigeant mes yeux vers mon placard d'infirmerie. Ma main attrapa un petit flacon transparent contenant du liquide désinfectant. J'ouvris le tiroir gauche de la commode puis récupérai deux cotons.

Je me retournai vers Hannah puis m'en approchai doucement. Elle était désormais en pull en laine, ayant déposé ses affaires chaudes sur le rebord de la baignoire. Je jetai un rapide coup d'œil à son écharpe sur laquelle se trouvait des traces de son calvaire passé. J'espérai que le sang partirait à la machine à laver facilement.

« Tu préfères te désinfecter toi-même, ou tu veux que je le fasse ?

— Fais-le. Je sais que ça va me piquer, et me connaissant je vais nettoyer qu'à moitié. »

Je ris doucement en secouant la tête. J'étais presque certain que c'était en effet ce qui se serait passé. Hannah me lança un petit sourire amusé qui laissait apparaître une petite fossette sur le coin droit de sa bouche. Je baissai rapidement les yeux sur les cotons et entrepris de les imbiber de liquide désinfectant.

« Bon du coup attention à toi, ça risque de piquer un peu. »

Elle hocha la tête doucement et ferma fortement les yeux, comme pour se préparer à la douleur atroce que ces cotons allaient lui infliger. Ce geste m'amusa tout en m'intriguant. Comment pouvait-elle appréhender à ce point le désinfectant qui se trouvait sur ces cotons alors qu'elle venait tout juste de se faire abîmer le visage ?

Pendant que j'approchai lentement le petit nuage blanc de son faciès et qu'elle avait les yeux clos, j'en profitai pour la regarder un instant.

Une peau laiteuse et qui semblait aussi douce que le miel, un nez fin et mignon, une bouche bien dessinée qui ne demandait qu'à sourire, et des tâches de rousseur qui rappelaient des milliers d'étoiles formant la plus belle des constellations.

Alors que je semblais comme hypnotisé par ce que j'avais en face de moi, la jeune fille ouvrit un œil, me regardant et attendant visiblement impatiemment que son châtiment finisse enfin.

Je me raclai la gorge puis détournai rapidement les yeux, me re-concentrant sur ce que j'avais à faire. Un petit sourire en coin apparut sur son minois tandis qu'elle refermait les yeux et que j'appuyai doucement le coton brun de désinfectant sur sa pommette esquintée, lui arrachant un petit sifflement de douleur. J'enlevai le petit morceau blanc de sa peau, attendant qu'elle s'habitue au picotement qu'il produisait. Quand plusieurs secondes avaient passées, je revins à la charge et tapotai doucement sur la partie sensible de son visage.

Lorsque le sang ne coulait enfin plus et que j'estimai avoir suffisamment désinfecté la plaie, je jetai le premier coton à la poubelle sous le lavabo, puis attrapai le second, immaculé, dans ma main. La deuxième blessure qu'il fallait désinfecter était la plus délicate : sa lèvre inférieure, fendue, avait laissé couler plusieurs gouttes de sang tout le long du menton d'Hannah, les faisant retomber au creux de son cou.

J'inspirai profondément puis approchai doucement ma main de sa bouche. Je parlai, d'un chuchotement involontaire.

« Attention, ça risque de te piquer encore plus. »

Hannah se contenta de simplement hocher la tête, me donnant le feu vert. Je déposai délicatement le coton pendant quelques secondes sur sa plaie pour laisser le temps au désinfectant de s'imbiber sur sa lèvre. Je voyais ses traits se crisper, mais elle résistait péniblement jusqu'à ce que je termine. Quand sa lèvre ne semblait plus vouloir pleurer, j'allais prendre un nouveau coton sur lequel je faisais seulement couler de l'eau afin de nettoyer les gouttes de sang qui perlaient dans son cou.

Je me rasseyais près d'elle. Ses yeux étaient désormais ouverts, et me regardaient. Il me semblait distinguer une once de gratitude dans ses prunelles saphir. Je nettoyai d'un geste doux et précis les perles rouges de son menton jusqu'à ce qu'il retrouve sa couleur de base.

Aucun de nous deux ne semblait vouloir dire un mot. Elle se contentait de m'observer, je me contentais de la soigner. Aucune tension ne régnait cependant. On se sentait tous les deux bien, apaisés.

Je commençais doucement à éliminer l'hémoglobine sur sa gorge tout en prenant garde de ne pas trop appuyer pour ne pas lui faire mal. Les gouttes se trouvant en dessous de son menton étant inaccessibles, je posai délicatement mon pouce et mon index sur celui-ci pour le lui relever doucement. À ce contact, un frisson se fit ressentir dans tout mon corps, et je vis ses joues à elle rosir. Les battements de mon cœur se faisaient de plus en plus rapides, mais je fronçai les sourcils. Reprends-toi Tyler, putain. Je secouai énergiquement la tête puis finissais de faire glisser le coton sur sa peau délicate. Une fois que tout semblait à nouveau propre, je me relevai et me tournai dos à elle, fouillant dans le placard à pharmacie pour y dénicher un petit pansement.

Mes pensées se bousculaient dans ma tête. C'était quoi ça, bordel ? Arrête d'y croire, maintenant, elle a son Lewis. Tout ce qu'elle demande, c'est de retrouver son ami d'enfance, alors donne lui ce qu'elle veut : un meilleur ami. Je refoulais une vague de jalousie et de colère intense en ravalant une boule dans ma gorge puis me retournai à nouveau face à elle. Je venais lui poser le pansement sur sa pommette en faisant attention à ne pas trop appuyer, puis la regardai.

« Voilà, il ne te reste plus qu'à attendre que la douleur s'estompe. Ça devrait prendre quelques jours.

— Merci Tyler, sincèrement. Sans toi je sais pas du tout où je serais. Certainement encore au milieu de ces fichus poubelles. »

Un petit rire sortit d'entre ses lèvres. Comment faisait-elle ?

Je lui souris doucement ,mais franchement, puis rangeai tout ce dont j'avais eu besoin dans la poubelle ou le placard.

«  Allez viens, descendons au salon, je t'apporte un bon chocolat chaud.»

Un Chemin Pour Deux - Tome 1 [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant