Le lendemain, c'était la douleur de mes blessures qui m'avait réveillée. Comme prévu, je n'étais pas allée en cours et mon père, avant d'aller au travail en fin de matinée, était passé sonner chez Tyler afin de le remercier amplement. La veille, il avait préparé avec grand soin un panier garni ainsi qu'une enveloppe dans laquelle se trouvait un billet pour le match de base-ball qu'il était parti acheté quelques minutes plus tôt le matin.
Pour ma part, j'avais envoyé un message à Lewis, Addison et Mary afin de leur expliquer les choses : Addi' m'avait répondu en quelques secondes plusieurs messages très courts mais qui démontraient parfaitement sa panique, quant à Mary, elle avait préféré m'appeler pour avoir plus d'explications. Je lui avais donc dit qu'il ne servait à rien que toutes les deux se fassent un sang d'encre pour moi, et que je reviendrai en cours à partir du lundi. Après de longues minutes à tenter de la convaincre, elle raccrocha en me prévenant qu'elle et Addison essaieraient de venir me voir dans le week-end.
Lewis: Je passerai chez toi à la fin des cours, vers 15h. Reste chez toi, je t'aime fort ma Hannah x
Un fin sourire apparût sur mon visage fatigué.
Tout au long de la journée, j'avais également reçu d'innombrables messages et appels de la part de mon père souhaitant prendre de mes nouvelles. Bien sûr, je le rassurai continuellement en lui assurant que je me sentais bien. Et c'était vrai : je n'avais plus vraiment mal aux articulations – douleurs dues à mon altercation avec cette fille – seulement mes éraflures du visage qui me tiraient légèrement.
Nous avions pris la décision de ne pas prévenir ma mère afin de ne pas l'inquiéter.
Et puis, ce qui se passe dans le Wisconsin reste au Wisconsin.
Alors que je m'apprêtai à descendre à la cuisine ouvrir une conserve afin de remplir le vide intersidéral à l'intérieur de mon estomac, des coups se firent entendre sur la porte d'entrée. Je regardais l'horloge murale et fronçai les sourcils. Il n'était que midi et demi, ce n'était donc probablement pas Lewis qui arrivait.
Arrivée dans le couloir, je m'arrêtai soudainement avant d'aller ouvrir la porte. Et si c'était la fille d'hier qui venait terminer le travail ? Je rebroussai chemin de quelques pas afin de revenir à la cuisine et d'attraper, les mains moites, la chose qui me paraissait pouvoir me protéger le plus : le couteau de cuisine posé sur le plan de travail depuis la veille au soir.
Désormais armée et sur la défensive, je me dirigeai à pas prévenants vers la porte et tourna doucement la poignée.
Un courant d'air frais vint faire virevolter quelques mèches de cheveux autour de mon minois alors que je découvrais qui se tenait sur le seuil de la porte.
Un fin sourire vint éclairer mon visage alors que je regardais ces yeux bruns inquiets et gênés qui me faisaient face.
«Ed. Je suis contente de te voir. »
Une jolie risette se posa sur son faciès alors que ses traits semblaient se détendre. Il était chaudement habillé et se tenait là, les mains derrière le dos.
«Salut, Hanninnah. »
Ses yeux tombèrent sur le couteau que je tenais toujours fermement, pointé dans sa direction. Il arqua un sourcil, visiblement amusé par l'absurdité de la situation.
«Si tu veux me planter avec ce couteau, je te conseille d'abord de le nettoyer un peu. Les restes d'épluchures de patates risqueraient de gêner la précision de ton coup. »
Je pouffai doucement en secouant la tête et reposai l'ustensile de cuisine sur le petit meuble derrière moi.
«Excuse-moi, vas-y entre. »
Je me décalai afin de laisser le garçon se mettre au chaud dans la maison. Je me dirigeai vers la cuisine, Ed sur mes talons.
«J'allais justement faire à manger. Enfin, si on peut dire qu'on fait la cuisine quand on ouvre simplement une conserve.
— J'ai bien fais de me dépêcher d'arriver alors ! »
Je me retournai, confuse, pour finalement me retrouver devant un Ed au grand sourire et tenant dans ses mains deux sacs de repas chauds tout droit sortis du Macdo.
Mes yeux s'ouvrirent en grand à la vue de cet incroyable don. Je tapai dans mes mains comme une enfant surexcitée. Nous allâmes nous installer tous deux sur le canapé puis dégustâmes nos menus dans la bonne humeur.
Vers la fin du repas, Ed se racla doucement la gorge puis se tourna vers moi, les yeux plantés dans les miens. Je l'observai, soudainement inquiète et gênée.
«Écoute Hannah, je voudrai m'excuser. Très sincèrement. J'ai été con. Vraiment très, très con. J'étais en colère, oh ça oui, mais contre moi. Pour avoir été aussi débile. Et tu ne mérites probablement pas un ami aussi stupide que moi, mais j'essaie quand même de me racheter en m'excusant devant ce menu Macdo que je suis venu t'apporter. »
Une vague de soulagement s'empara de moi. Je lui souris avec toute la sincérité qu'il m'était possible de transmettre à cet instant précis puis le pris dans mes bras.
«Tu es tout pardonné, Ed. »
Alors qu'il me prenait également dans ses bras amicaux, je ne pu me retenir de lui dire, d'une voix amusée mais ferme à la fois :
«Ne recommence pas, c'est tout. »
Nous nous tûmes pour terminer et déguster la fin de notre repas calmement, bien que je sentais qu'Ed souhaitait dire quelque chose mais qu'il se retenait. Finalement, son supplice prit fin lorsqu'il se décida à me poser la question tant attendue. On pouvait facilement sentir la tristesse et la bienveillance qu'il ressentait rien qu'en écoutant sa voix.
«Dis moi Hannah, comment vas-tu ? Et je veux savoir comment toi tu vas réellement. Je me fiche de ce que tu essaies de faire paraître. »
Je déglutis difficilement et avalai le dernier bout de mon dernier nugget. Les événements de la veille ainsi que les émotions ressentis à cet instant refirent surface alors que je mettais toute ma bonne volonté à m'en débarrasser. Ma voix ressortait de ma gorge bien plus faiblement et fébrilement que ce que j'aurai voulu. Mon regard était fixé sur l'emballage froissé et sale du hamburger de mon ami.
«Je me sens comme une personne qui vient de vivre un traumatisme qu'elle ne pensait jamais connaître. Je me sens...vidée. On est pas chez les Bisounours ici Ed, et je crois que l'enfant que j'étais encore hier après-midi s'en est très bien rendu compte. Les gens sont...malveillants, et maléfiques. Ils se foutent complètement de qui tu es ou de ce que tu peux ressentir. »
Ed posa délicatement sa main sur mon épaule pour que je le regarde. Il portait sur le visage un sourire réconfortant, ainsi que des prunelles pleines d'affection et de compassion.
«Tu sais Hannah, ne te sens surtout pas seule. Tes amis, ta famille, tout le monde est là, pour toi. Et pour te protéger, te soutenir. Tous les mauvais souvenirs que tu pourrais avoir seraient anéantis par les bonnes ondes que ton entourage t'enverrait.
— Merci Ed, d'être là pour moi.
— Même si j'ai pu être un gros imbécile, j'ai bien compris mon erreur maintenant et je te promets que tout ira bien, tu verras. »
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Un Chemin Pour Deux - Tome 1 [Terminée]
Teen FictionGlendale, Wisconsin. Quand Hannah revient vivre dans sa ville natale cinq ans après avoir déménagé dans l'état de Washington, elle ne se doute à aucun moment des évènements qu'elle va vivre. Entre les nouvelles rencontres, les retrouvailles, les tra...