Chapitre 18

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«Non mais je rêve, un thème ancien temps ! Non mais qui a eu cette idée, sérieusement ?! »

Nous regardions tous Addison en rigolant. Cet après-midi, Ms. Stanford avait à nouveau abordé le sujet du bal d'hiver. Elle nous avait alors dévoilé le thème de celui-ci. Et visiblement il ne plaisait pas à notre amie. J'étais personnellement plutôt contente. Pour une fois, les filles ne pourraient pas venir en robe super sexy ou très chères et la soirée ne se transformerait pas en concours du déguisement le plus attrayant. Pas besoin non plus de maquillage triple couche puisque personne n'en portait à cette époque, ou ce n'était du moins pas aussi répandu qu'actuellement.

« On va quand même pas se déguiser en paysannes, pas vrai les filles ? »

Ed rigolait de plus belle en se rendant compte de la détresse de son amie.

«On ira faire les magasins ensemble si tu veux, comme ça Mary et moi t'aiderons à te trouver quelque chose. »

Un sourire vint éclairer le visage de la blonde, seulement, il s'éteignit après à peine une petite seconde. Son minois s'était lui aussi quelque peu renfermé, et son regard était désormais dirigé vers ses pieds.

«Oh non, ne vous inquiétez pas les filles, je dois bien avoir quelque chose dans les vieux cartons au grenier ! Ma mère avait tout plein de déguisements, il doit bien en rester un à ma taille.

— Tu es sûre ? On pourrait vraiment s'amuser et puis au moins à ce moment-là on pourra en profiter pour-

— Oui, je suis certaine. T'inquiètes Mary, ça va pas me tuer de pas faire de shopping pour cette fois. Surtout pour acheter une vieille guenille ! »

Mary et moi nous regardions, incrédules. Ed aussi avait un air perplexe. Tout à coup, Addison releva la tête, soudainement pleine de vitalité et se mit à émettre un rire léger.

Je lui souriais gentiment. Tout le monde avait remarqué le fait qu'Addi' venait tout juste de refuser une séance de shopping, et tout le monde savait pertinemment que c'était quelque chose qui n'était jamais arrivé auparavant. Mais personne ne dit mot.

Nous étions repartis en cours pour terminer la journée, Addison ayant retrouvé son optimisme habituel. Quand la dernière sonnerie avait retenti, elle nous avait souri puis était partie directement, sans un mot et toute seule.

«Elle est bizarre hein ?»

Je me tournai vers Mary.

«Tu l'as dit. Mais je crois savoir ce qui la tracasse. »

J'expliquai alors à Mary les complexes que ressentait notre amie blonde depuis sa plus tendre enfance au sujet de son corps. Elle et Ed s'en indignèrent, insistant sur le fait qu'elle était très bien comme elle était.

Ne nous retrouvant désormais plus qu'à trois, nous décidâmes d'aller passer un moment au parc. Ed était passé chez lui récupérer une couverture ainsi qu'une bouteille de soda et des verres en carton, puis nous étions partis nous acheter des petits snacks au coin de la rue. Après ça, Mary avait décidé de nous installer sous le grand chêne qui bordait la mare du parc.

L'air était frais, et le sol n'avait pas encore pris l'humidité de l'hiver. Le chêne, à la base fleurissant de feuilles toutes plus vertes les unes que les autres, était aujourd'hui parsemé des dernières petites pousses brunes survivantes au froid arrivant. La mare face à nous commençait à ressentir la saison froide qui lui tombait dessus telle une vague de fraîcheur absolue. D'ici quelques semaines, elle serait complètement gelée. Même la petite famille de canards commençait à chercher un abri pour les futurs mois, et les grenouilles environnantes se préparaient à aller hiberner dans l'anfractuosité d'un tronc d'arbre ou sous un lit de feuilles.

Mary, son carnet de croquis à la main, Ed, sa guitare sur les genoux et moi, mon cookie à la bouche, nous étions tous les trois comme immergés au centre d'un noyau de solitude glacial, dû principalement au fait que le parc était complètement désert, mais également au fait qu'il nous manquait une personne au sein du groupe, et qu'elle avait besoin d'aide. Au lieu de faire comme s'il ne se passait rien, il fallait trouver une solution.

«Vous savez quoi les gars, j'ai une idée. »

Ed et moi tournâmes nos regards vers notre amie qui venait de parler avec entrain. Nous l'écoutâmes parler d'une oreille attentive et satisfaite, déjà parce que l'idée de Mary était superbe, mais surtout parce qu'elle était réalisable.

Tous ragaillardis, nous avions continué à discuter de tout et de rien tout en mangeant et buvant ce que nous avions apporté.

«Si je comprends bien, on a à peine deux semaines entières pour tout faire ?

— C'est ça Ed. Ça risque d'être compliqué, mais on y arrivera ! »

Je regardai mes amis tout en réfléchissant à tout ce qu'il faudrait faire pour atteindre notre objectif. Si on s'y mettait demain et qu'il n'y avait aucun imprévu, alors tout irait bien.

«Bon moi c'est pas tout mais je vais essayer de m'améliorer en croquis de nature si vous le permettez. »

La grande brune attrapa d'une main son carnet ainsi que sa gomme et son crayon, puis se dirigea en direction d'un banc de nénuphars encore bien verts pour la saison. Une dernière fleur de lotus était parmi eux, ce qui rendait la scène visuellement très harmonieuse.

Je respirai un grand bol d'air frais. Malgré l'absence d'Addison, la fin d'après-midi se passait merveilleusement bien, j'étais avec deux de mes amis que j'adorais, et lorsque je rentrerais ce soir, je retrouverais mon père affalé sur le canapé au milieu de tonnes de couvertures et d'oreillers, à regarder une émission humoristique pour décompresser de sa journée de travail. Et je me sentirais tout aussi bien, parce que j'aurais été toute la journée entourée des gens que j'aime.

«Tu es si belle...»

Un Chemin Pour Deux - Tome 1 [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant