Agréable Mauvais Sort

vingt-sept

Je saute. Une pression sur mon épaule m'apprend que l'autre chaperon m'a accidentellement suivi. Au secours. Sous la peur, il me lâche et je prends la position du plongeur que je traduis par la tête en bas, les bras en flèche et le corps à la verticale. J'avais l'habitude de la faire encore il y a quelques semaines, sous ma forme de Wang. J'aimais le danger et je me rends compte que je l'apprécie toujours autant. Ça peut paraitre bizarre mais pendant que certains s'égosillent à en perdre la voix, moi je ferme les yeux, m'imagine avec ma sœur et prends du bon temps.

Le contact avec l'eau extrêmement froide me ramène illico à la réalité. J'ai deux vies à sauver alors que je ne sais même pas si je peux encore nager. Une silhouette poilue me frôle et plonge en direction du corps de Bambi qui est déjà bien en profondeur. Pega ! Décidément, en plus d'être un fidèle compagnon, il est un courageux aventurier ! Que je l'aime ce canidé !

Je lui confie donc le sauvetage de la frisée, fais demi-tour et aperçoit Ewen. Il gigote dans tous les sens et ne cesse d'essayer de respirer. Il va bientôt s'étouffer s'il continue ! N'était-il pas au courant que les humains ne respiraient pas sous l'eau ?

Je nage vers lui. Finalement, je me débrouille bien sans ma queue. J'essaye de le calmer mais je reçois un coup dans le ventre. J'ouvre la bouche et l'eau rentre. Sérieusement, pourquoi les humains ne respirent pas sous l'eau ? L'air commence vraiment à manquer.

Je panique. J'empoigne un de ses bras et essaie de nager vers la surface, en vain. J'ai toujours l'impression qu'elle s'éloigne. Je redouble d'effort et ma fatigue augmente suite au manque d'air. Je ne veux pas mourir. Pas avant d'avoir enlacé une dernière fois ma sœur et de l'avoir rassurée.

Je lève mon bras libre comme s'il allait m'aider à aller plus vite. Mais l'autre idiot me ralentit en pinçant de plus en plus fort ma jambe. Je dois réussir à remonter. Après tout, je suis une Wang !

Mes yeux me piquent et je sens mes poumons se vider. La peur gagne en moi. La peur semble m'aider à accélérer. Je sens finalement mon bras levé sortir de l'eau. Ma tête s'y extirpe et je peux enfin respirer.

J'attrape le crane du mâle et le fait sortir de l'eau. Il inspire et expire régulièrement puis ouvre les yeux.

Pour reprendre des forces, je fais la planche de façon à flotter. J'apprends à Ewen à faire de même. Heureusement qu'il y réussi facilement. Il m'attrape une main et explique qu'il pourrait dériver loin de moi.

Bambi et Pega me revinrent en mémoire. Je me redresse rapidement.

Ils sont arrivés à la surface. Pega traine la métisse vers la rive. Il l'atteint, allonge Bambi sur la plage improvisée et appuie fortement sur son estomac ce qui fait cracher l'humaine inconsciente. Je vois Pega retourner à l'eau et comprends qu'il veut nous ramener à la rive.

Je prends un bon bol d'air et ordonne à Ewen de continuer de flotter pendant que je le pousse vers la rive. Visiblement, il m'obéit. Alors je le contourne et le pousse bientôt rejointe par Pega qui choisit de tirer l'humain en mâchouillant son avant-bras. L'humain a d'ailleurs gémit.

Nous arrivons sains et saufs à la rive. J'embrasse le crane de Pega et le félicite oralement avant de m'agenouiller près du corps de Bambi, toujours inconsciente. J'imite Pega et appuie sur son ventre. Néanmoins Ewen m'interromps en me disant de me retirer car « lui » savait faire.

Bizarrement, le voir rapprocher si près sa bouche decelle de mon amie me donna mal au ventre. Ou peut-être est-ce la tasse que j'aibue quand il m'a frappé. Bambi ouvra les yeux précisément à ce moment-là. Ellecommença par montrer de globuleux yeux, ensuite un cri aiguë est sorti de sagorge, suivi d'une violente quinte de toux pendant laquelle elle porta la mainà son cœur puis regarda Ewen avec un minois mi- effaré mi-choqué.