trois.

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Neuf fois deux ? Dix-huit. Douze fois deux ? C'est égal à vingt-quatre. Et dix-huit plus vingt-quatre ? Cela fait quarante-deux ! Il y en a donc quarante-deux...

Ah ! Que faire maintenant ?! Je m'ennuie tellement dans cette petite cage en métal de quarante-deux barreaux ! Et si je mesurais l'aire de cette plateforme... On dit qu'un grand pas de wang est égal à douze centimètres.

C'est parti ! Un pas. Deux pas. Trois pas. Quatre pas ! Maintenant, la largeur... Un pas. Deux pas. Trois pas ! Dis-donc, pas très grande cette cage...

« - Arrête de gigoter la truc ! Grogne un des humains, Rudy je crois. Tu me déconcentres, sale idiote ! »

J'ai déjà noté que ces deux créatures étaient un tantinet vulgaires. J'ai la mauvaise impression que la politesse ne leur a malheureusement pas été apprise. Quel gâchis ! Pourtant, dans nos légendes, les humains demeuraient bien plus respectueux.

« - Et bien figurez-vous que je m'ennuie ! Me justifiai-je d'un air sarcastique.

- Et bien figures-toi, petite chose, que je m'en fiche complètement ! Il ne fallait pas atterrir dans nos filets. M'imite l'humain effronté.

- C'est plutôt votre fichu filet qui m'est atterrit dessus ! »

Décidément, cet être malpoli ne connait pas le vouvoiement ! Je sais que je ne suis qu'une pauvre petite wang de cent six ans mais j'apprécierais que l'on me respecte, tout de même. Ah, ces humains... J'espère qu'ils ne sont pas tous comme ça !

Je détaille cette créature : oreilles courtes et arrondies et queue inexistante. Sa peau beige vire à l'orangé. Son nez fin est absolument bien dessiné. Ses lèvres roses sont tout de même un peu trop fines.

Ses yeux ont une drôle de forme en amande contrairement aux miens assez grands, les iris logeant dans ces globes oculaires ne sont pas noirs mais d'une couleur ressemblant à celle des noisettes. D'ailleurs, une étrange monture grande contenant des verres bloque la vue de l'être, ce qui ne semble pas le déranger.

Sa crinière brune toute en boucles doit faire trembler des peignes. Je remarque deux fossettes creusant ses fines pommettes. Ses bras comme ses jambes sont gonflés de muscles.

Cet humain doit posséder une superbe force pour développer cette carrure. D'autre part, son tee-shirt blanc laisse imaginer les fabuleux abdominaux que pourrais avoir « Rudy ».

Enfin, ses doigts essayant de réussir l'exploit qu'est de passer un fil grossier dans une gracieuse aiguille sont longs et assez fins.

« - Rudy, arrête-donc de l'embêter. Intervient le second humain. »

Voilà que l'autre humain ramène sa fraise !

D'ailleurs, celui-ci ressemble grandement étrangement à Rudy. J'ai l'impression qu'il en est une copie conforme, en oubliant l'étrange monture sur le nez et la musculature des bras et des jambes. Il m'a l'air également légèrement plus petit, en taille.

Je me mets à critiquer la taille de ces géants de presque deux mètres alors que moi-même ne mesure que vingt petits centimètres. Ce n'est effectivement pas comparable !

« - Tiens, d'ailleurs, la chose pourrait bien m'aider à enfiler ce fil à cet aiguille ! Remarque l'humain tout en muscles.

- Quoi ?! N'y comptez même pas. Je ne suis pas en service !

- Nous ne te laissons pas le choix, chérie !

- Est-ce moi qui suis désignée par l'appellation « chérie » ?

- Il semblerait que oui... »

Mais quel toupet ! Aucun respect celui-là !

Je vois l'humain sans musculature s'approcher de ma cage. Il retire le plafond de ma cellule. Chouette, une issue !

Sans attendre, grâce à mes talents de wang, d'un triple-bond je me hisse de la cage et saute sur le sol, qui s'avère être en terre. J'entends le sans-monture crier que la « saleté de saloperie » s'est échappée tandis que Rudy lui parle calmement de pouvoirs magiques. Quels étranges échanges...

Soudain, la porte s'entrouvre. Mais que de chance aujourd'hui ! Pas le temps pour les pensées, mon instinct de survie domine. Un sprint s'impose. Trois. Deux. Un. Je cours comme si ma vie en dépendait. Et je crois que c'est le cas !

Je passe le pas de la porte. Un sentiment de liberté m'envahi. Enfin, jusqu'à ce que je découvre le paysage : des pieds d'humains partout. Je ralentis et débute une marche. Je tourne à droite et me cache dans les pierres de la maison. Tiens, la maison est faite de pierres. Ce n'est pas idiot !

Mais aucune trace de ma ville, ou même d'un quelconque ruisseau. Perdue. Je suis perdue. Et dans les deux significations. Je suis au milieu de nul part et sans aucune chance de survie.

Peut-être que si je rejoignais les deux humains identiques, ils me ramèneraient là où ils m'ont trouvé. Ou au pire, je serais en sécurité dans la cage...

Bon, je m'extirpe de la pierre et laisse le sable formant le sol caresser la peau de mes pieds.

« - Attention ! »

U N   E M O J I    P O U R   D E C R I R E   C E  S E G M E N T ?

Vos pensées sur les jumeaux ? Quels sont, d'après vous, leurs objectifs ? D'où vient ce "Attention" ?

Posté le 11/11/17

M E R C I   D E   V O T R E   L E C T U R E   E T   A   B I E N T O T !



Agréable Mauvais SortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant