trente-quatre

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Je lui demande de s'arrêter devant le restaurant où travaille mon amie. Je veux la remercier avant de retourner auprès des miens.

Je lui embrasse la truffe puis pénètre dans le bâtiment. Je dois me faire discrète. Je passe la porte et longe le mur. Je ne vois pas mon amie. Je me dirige vers le comptoir, la peur au ventre. Un pied de pointure 52 ! Je sprinte vers ce comptoir. Arrivée, je reprends ma respiration. Mon cœur tambourine dans ma poitrine.

Soudain, je sens une pression et mes habits se soulèvent. Quelqu'un m'a découverte ! Je me débats de toutes mes forces, en vain. Une ampoule me vint à l'esprit : je m'agrippe au bras de cet humain et me hisse à cheval au-dessus de lui. D'une poussée d'adrénaline, je mords la peau de ce bras.

« - Aïe ! Putain mais c'est quoi ce machin !? S'énerve ma victime. »

Je m'immobilise. Cette voix, je la connais. Lentement mais sûrement je me retourne. Je sursaute de peur. C'est lui ! Le serveur des enfers ! Alias le cousin de Bambi.

En resserrant sa prise et me compressant, il me déplace loin du comptoir. Ma respiration se coupe quand je vois là où il se dirige : un bocal de verre, si haut que même sur la pointe des pieds je n'atteindrais pas le haut ! Oh, mais attendez, je suis une Wang ! Une Wang avec de longues oreilles et une queue. Une Wang avec une grande capacité acrobatique.

Aussitôt je me calme. L'humain me met à l'intérieur de cette prison, seulement, il y a une chose à laquelle je n'avais pas pensé : le couvercle. Alors je me retrouve emprisonné dans cet espèce d'aquarium à plafond sur une table près de l'entrée des cuisines.

Lorsqu'il part, je saute. Sans résultat. Je ne fais que me cogner le crâne. Et si j'essayais de faire tomber ce bocal ? Je recule et court vers la paroi du bocal. Cependant, je n'arrive pas à frapper cette paroi. J'ai peur de me faire mal.

Je m'assois et me morfond. Va-t-il me cuisiner ?! Je n'en sais rien. Le temps passe. Les humains passent. Bambi ne passe pas. Le serveur revient. Il me sourit, un sourire moqueur. Je lui offre un de mes regards assassins. Il est surpris, mais ne s'en va pas.

« - Leopa ? Qu'est-ce que tu fais ?

Une lueur d'espoir passe à travers mon esprit. Bambi est maintenant devant moi. Je me lève et lui fait des signe en agitant mes bras.

« - Qu'est-ce que c'est ? »

Elle semble fatiguée. Pourtant, elle n'a repris le travail que depuis hier. Ses poches bleues sous les yeux me le confirment. Son teint blafard également.

Je l'appelle mais elle ne semble pas m'entendre. Curieux, le cousin retire le couvercle et j'en profite pour sauter hors du bocal. Je m'agrippe aux vêtements de mon amie, me hisse sur son épaule et lui hurle à l'oreille que je suis Pistache. Son sursaut me justifie son réveil.

« - Pistache ?! Genre celle aux cheveux bleus ?! »

Je confirme ses dires puis elle court à l'extérieur du café, je tiens à préciser que je suis encore sur son épaule. Lorsqu'elle se stoppe, je me retrouve avec une vingtaine de traits bouclés bruns dans la main.

« - Mes cheveux ! »

C'était ses cheveux.

Elle s'assoit contre un mur dans une ruelle, je m'assois sur son épaule. Et nous reprenons la conversation. Pega nous a rejoints.

« - Alors il t'as rendu ton apparence finalement ! Dit-elle joyeusement.»

Mon sourire se fane quand je repense à la lettre qu'il m'a laissée et, de nouveau, je laisse échapper de l'eau de mes yeux.

« - Oui... Soupiré-je.

- Tu n'es pas heureuse ? »

Je lui récite la lettre, elle aussi change d'humeur, elle aussi a ses yeux qui fondent.

Soudain, un cri nous réveille. Pega s'en va. Bambi pivote, et je le vois s'en aller. Je le vois sauver la vie de cette jeune femme enceinte. Et je le vois se faire frapper par ce camion monstrueux.

« - Pega ! Hurlâmes Bambi et moi.»

Nous accourons vers le corps de mon Pega. Je ne vois plus rien à cause de mes larmes. Mais j'entends les sanglots de Bambi, j'entends les miens, et j'entends aussi les autres humains qui s'inquiètent pour la jeune femme enceinte et non pour mon Pega.

Pourquoi ? Pourquoi as-tu voulu sauver ces humains ? Pourquoi es-tu si gentil ? Pourquoi n'as-tu pas choisi de rester auprès de moi ?

Et je m'en veux d'avoir ces pensées négatives.

Pourquoi mourrez-vous ? Sérieusement ? Demandé-je à leur attention.

« - Mon dieu ! Je suis vraiment désoléemademoiselle ! C'est à cause de moi... Fit la jeune femme qui avait reprisdes forces. »

Agréable Mauvais SortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant