épilogue

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Ma chère et tendre Pistache,

Lorsque tu liras ces mots, je serais sûrement déjà loin. Oui, j'ai décidé de partir. J'y ai réfléchis bien attentivement. Je ne sais même pas pourquoi je ressens le besoin de me justifier auprès de toi. Moi, je me suis attaché à ta divine personne, mais, qu'en est-il de toi ? Je vais sûrement te paraître pathétique... Néanmoins, j'ai envie de coucher ma vie sur du papier, de la raconter à quelqu'un. Je te demande simplement de lire cette lettre jusqu'à sa fin, ensuite, je te laisse en faire ce que tu souhaites.

Dois-je commencer par des explications sur mon comportement ou les raisons de mon départ ? Je choisis les explications. Tout d'abord, saches que je ne t'ai jamais voulu de mal. Mes pouvoirs, en vérité, je ne les ai pas obtenus à ma naissance. Je m'en souviens, c'était quand je ne dépassais pas les un mètre dix. Je crois que c'est à ce moment que mon frère et moi commençâmes à nous haïr.

Nous avions une sœur cadette de deux ans de moins que nous. J'étais son préféré. J'aimais ça, ce sentiment d'être favorisé. Un jour, alors que mon père rentrait de son travail, sur les nerfs, ma sœur a brisé le vase de notre grand-mère. Il y tenait, à ce vase. Alors il s'est énervé. Et notre sœur était sa cible. Il disait qu'il allait la briser comme elle l'avait fait avec son vase. Et il l'a fait. Il l'a battue, j'ai essayé de la défendre. Mais qu'est-ce qu'un petit garçon de six ans peut faire face à son père ?

Je l'ai poussé puis je l'ai frappé avec les mains et les pieds. Mais la force n'était pas là. Et j'ai vu le corps de ma petite fleur s'effondrer. Elle avait quatre ans. Ne respirait plus et ne bougeait plus. Mes mains ont commencée à s'illuminée d'une verte lumière. À partir de ce moment, j'ai perdu le fil et j'ai oublié. Quand je me suis éveillé le lendemain, j'étais de venu orphelin de père, j'avais perdu ma sœur et mes liens familiaux. J'étais devenu un monstre. Ma mère m'a fait ce chantage : je leur obéis et leur donne ma vie, en échange, les raisons des décès de mon père et de ma sœur resteraient caché. Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté ni pourquoi ils m'ont gardés auprès d'eux.

Ainsi j'ai grandi. J'ai grandi dans ce milieu où ceux qui ont des capacités inhabituelles sont employés au service des autres. Quand mon frère a atteint sa majorité, il a fait fuir ma mère de la maison et m'a gardé avec lui. Pour faire des affaires et éviter de faire les tâches qu'il considère fatigantes lui-même. Toujours, je devais user de mes « pouvoirs » pour l'aider.

Quand l'on t'a capturé, je voulais essayer de te rendre humaine. Je ne sais pourquoi, une voix dans ma tête me demandait de le faire. En quelque sorte, je t'ai sauvé la vie : tu n'as pas été vendue, que ce soit en tant qu'ingrédient ou boniche. Mais c'est vrai que j'ai participé à ta capture, donc je ne peux pas m'excuser. Pourquoi je ne t'ai pas reconnu et pourquoi as-tu été abandonnée dans une ruelle ?

En vérité, je pensais t'avoir tuée. Je me suis évanoui après ta transformation, faute de force mentale. Rudy en a profité pour te déplacer et, à mon réveil, tu étais décrite comme morte. J'ai été dévasté. J'avais encore tué quelqu'un. Je me maudissais d'avoir essayé de te transformer. Puis, quand je t'ai rencontrée dans la rue, au bord de cette fontaine, j'ai eu cette impression de coup de foudre. L'as-tu ressenti ? J'imagine que non. Alors, étais-ce un effet secondaire de ma magie ?

Quoiqu'il en soit, j'ai décidé de te retrouver. Je le devais. J'ai changé de coupe, j'ai acheté des lentilles bleues, j'ai piqué une des grandes paires de lunettes de Rudy et j'ai même changé de style. Et je me suis enfuie de chez mon frère. Ensuite, je t'ai retrouvé dans ce café. Tu étais avec Bambi. Bambi est sympa, quand on entre dans son cercle d'ami. Tu as de la chance d'y être entré rapidement. La suite de mon histoire, tu la connais : je me suis accroché à vous, je me suis rapproché de toi, j'ai essayé de t'aider dans tes problèmes, puis on s'est découvert. Moi, le méchant sorcier qui a ruiné quelques semaines de ta longue vie et toi, la belle et gentille princesse que j'ai blessé.

Je t'ai rendu ton apparence. Je voyais bien que tes origines te manquaient. Tu as tant fait pour annuler ce mauvais sort. J'espère que je ne regretterais pas trop ce choix. Et de même pour toi. Maintenant, abordons le sujet de mon départ.

Grâce à mes capacités, je nous ai téléporté, mon frère et moi, hors du pays. En Europe, plus précisément. Je dois essayer de renouer des liens avec Rudy. Je crois que le manque d'affection m'envahit. Je te remercie de m'en avoir donné, mais l'affection de mon jumeau est celle qui me manque le plus. A cause de ma mère, il a appris à me mépriser. Peut-être que si je rigolais davantage avec lui, si on pleurait ensemble ou on coopérerait, je retrouverais une relation fusionnelle fraternelle.

Je reviendrais. Peut-être le mois prochain ou dans neuf ans, mais je reviendrais. J'aimerais que tu m'attendes. Je te le demande, même si je doute d'une réponse positive. Moi, je reviendrais, et je te retrouverais. Je ne sais pas pourquoi je m'obstine à garder contact avec toi. Et si j'arrivais à obtenir un corps pareil au tien ? Un corps de Wang ? Tu m'accueillerais ? Tu me garderais ?

Au revoir, Mao, l'auteur de ton agréable mauvais sort.

Agréable Mauvais SortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant