trente-trois

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Mao fait un pas en ma direction. Son regard reste le même. Un second, puis un troisième, et même un quatrième. Il se tient à présent devant moi. D'une trentaine de centimètres, il me dépasse.

Brusquement, il m'enlace. Sa tête vient se nicher dans mon cou. Et timidement, je place mes bras autour de son dos. Il empoigne ma main et y glisse un papier à l'intérieur. Je ne proteste pas. D'une voix sanglotante, il prend la parole :

« - Pistache ? Est-ce que tu peux répéter après moi, s'il te plait ?

- O-oui, quoi ? Fis-je, surprise.

- Je suis désolé... Enchaine-t-il.

- Je suis désolée... ? Reprenais-je.

- Merci... Même si ce n'est pas sincère, cela me procure du bien. »

Je ne réponds pas. Quand il s'éloigne, je remarque un triste sourire mouillé par les larmes. Il rapprocha son visage du mien, puis ses lèvres humides touchèrent les miennes. Lui aussi, il bougeait ses croissants de chair. Mais ce n'était pas désagréable. Machinalement, j'entrouvrais ma bouche pour laisser passer la langue de l'humain puis passai ma main dans ses cheveux maintenant beiges. Nos muscles roses valsaient, ou dansaient ensembles, tout simplement. Doucement, il s'éloigne, me regarde, toujours avec ce même air, repose furtivement sa bouche contre la mienne et m'enlace.

J'ai aimé.

« - Pourquoi... ? Réussis-je à dire.»

Il ne me répondit rien.

Je ne voyais pas la lumière jaillissant de ses paumes qui s'amplifiait.

Je ne voyais pas les gouttes de sueur perlant sur le front de Mao et la raison de son comportement.

Pourtant, je sentais la douleur dans mes membres, la migraine, le mal de ventre, les brûlures, les sensations de guerre entre mes globules et les piques.

Et je ne me suis pas vu partir, m'évanouir et m'endormir vers le pays des rêves. Là où ma sœur, mon père et ma mère me consolaient après mon échec à la cuisine du gâteau d'anniversaire de Framboise. Là où Pega ne me quitte pas, m'aide dans les moments durs et m'aime comme je l'aime. Là où Bambi ne cesse de me défendre tout en prenant soin de se moquer de moi et du monde qui l'entoure. Là où Mao trouve l'équilibre dans sa relation fraternelle et arrête de rechercher de l'affection autre part pour compenser le manque de son frère. Mais surtout, là où on serait tous ensembles, réunis sans aucune prise de tête. Seulement, « Là » est le pays des rêves, mes rêves.

Je sens que l'on me déplace. Je crois que ce sont des poils. Oui, je suis dans des poils.

J'ouvre les yeux. Autour de moi, ce des membres : ceux de Pega. Il m'entoure de ses pattes comme si j'allais m'enfuir. Alors que je bouge, il resserre sa prise. Mais quelque chose a changé : sa taille. Et quand je place mes mains devant mon visage pour empêcher le rayon de soleil matinal de m'éblouir, ce sont des mains verte pomme que je vois.

Je comprends. Je comprends que j'ai retrouvé mon corps. La lettre qui est toujours dans ma main, je la déplie et la lit. Les larmes me montent aux yeux, je me maudis de l'avoir accusé et de l'avoir laissé avec lui, je me sens désolée et je comprends nos excuses mutuelles. Je renifle, alors Pega se réveilla. Il aboya et me lécha, sans m'avaler.

Il m'a reconnu. Par mon odeur, je suppose. Je range la lettre dans mon pantalon. Mes habits ont diminués de taille, ce qui est pratique. Je décide de me lever, mais j'échoue après une brulure dans mes jambes. Je réessaie, le résultat reste le même. C'est à la centième tentative que je réussis.

En regardant autour de moi, je reconnais la maison des jumeaux. Je suis dans le salon, sur le sofa. Non sans en demander la permission, je monte sur le dos de Pega et nous quittons la bâtisse.

Je laisse échapper une larme. Je crois qu'il va me manquer, Mao.

Agréable Mauvais SortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant